Extrait du livre de Charles-Edouard Mailhot |
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Livre de Charles-Édouard Mailhot
N .B. tous les textes qui suivent ont été pris
dans le journal l’union paru en 1981-82, ils font références
aux livres d’Alcide Fleury qui lui a copié l’information dans les livres de Charles-Édouard
Mailhot, qui lui aussi pour sa part a copié le livre de Charles-Flavien
Baillargeon (pour en faire le tome 1).
Pour des raisons d’histoire, nous n’avons gardé ici que les textes
concernant Princeville (Stanfold). Quand le texte était plus complet dans Charles-Edouard
Mailhot ou dans le livre d’Alcide Fleury, nous avons pris la peine de les reproduire ici. |
Les visiteurs de nos
forêts... (P.1)
Plusieurs fois, des chasseurs canadiens avaient
pénétré dans ces magnifiques forêts
de
Blandford, de Stanfold, de Somerset et d'Arthabaska et les avaient parcourues
dans
toutes les
directions. Ils avaient admiré ce parc immense, dont l'orme, l'érable et le
noyer
faisaient
le plus bel ornement, que la nature seule entretenait dans une propreté et une
élégance
princière. Suivant leurs récits pleins d'enthousiasme, ce domaine de la nature
était
comme une de ces, belles et riches plantations auxquelles l'art et le goût savent
donner un
aspect riant et varié. La grosseur et la hauteur de ces arbres qu'ils avaient vus
indiquaient, suivant eux, un sol riche et propre à toute espèce
de culture. En effet, dans les
premières
années, ceux qui visitaient pour la première fois les parties de cette forêt
que les
colons
n'avaient pas encore attaquées ne pouvaient s'empêcher d'éprouver les mêmes
impressions et étaient souvent tentés de
s'écrier avec un de nos poètes:
O mon pays! de la
nature. Vraiment tu fus l'enfant chéri!
En 1825, un nommé Dubuc, de
St-Pierre-les-Becquets, faisant la chasse sur les
bords de
la rivière Bécancour, non loin de l'église de St-Louis, incendiée le 31
août 1913,
fut assassiné par des sauvages (indien) qui prétendaient être les
seuls
maîtres de cet endroit de
chasse:
Un autre habitant de
St-Pierre-les-Becquets, du nom d'Isaïe Mailhot, monta, vers 1830, plusieurs fois, à Somerset
pendant l'hiver, à la raquette, et tendit des pièges sur les bords de la rivière Blanche, à l'endroit où se trouve
aujourd'hui la ville de Plessisville. Cependant, aucun de ces visiteurs ou chasseurs, n'eut la volonté de
s'établir au milieu de ces forêts, parce que
les obstacles à
surmonter étaient si grands, qu'il fallait pour les affronter un courage
plus
qu'ordinaire, ou être commandé par
la nécessité. Il leur semblait impossible
d'aller
demeurer seuls à
une si grande distance sans espoir
d'avoir un jour des chemins
pour descendre
au bord du fleuve et d'être suivis part quelques parents ou amis.
Charles Héon, premier
colon
Le
premier colon qui vint dans les Bois-Francs,
avec la détermination de s'y fixer, fut M. Charles Héon, natif de la paroisse de Bécancour.
Au mois de mars 1885, il prenait possession d'un lopin
de terre, dans la partie
sud du canton
de Blandford, comprise aujourd'hui dans le comté d'Arthabaska, et
commençait le
défrichement nécessaire pour y construire une demeure, une pauvre
cabane. On peut
donc considérer l'année 1825 comme la date de l'établissement
des
Bois-Francs. Sept ans plus tard, en 1832, arrivait le fondateur de Stanfold, M.
Édouard Leclerc, lequel
s'établit sur le douzième rang, près de la rivière Nicolet. M.
Édouard Leclerc
était natif de la paroisse de St-Grégoire, comté de Nicolet.
Au printemps de 1835, M. Charles Beauchesne, originaire de Bécancour,
pénétra
dans le canton
d'Arthabaska et prit possession des 5e et 6e lots du 3e rang.
(i) Voir Colonisation des Cantons de l'Est, par l'abbé J.-B. Chartier.
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(P.2)
A l'automne de 1835, M. J.-B. Lafond, de La BaieDu-Febvre, visita le
canton de
Somerset.
II choisit 30e lot du huitième rang, mais ne vint résider à Somerset qu'au
printemps
de 1836.
M. Pierre
Landry-Bercase, de
St-Grégoire-de-Nicolet, que l'on considère comme le
premier
colon de la paroisse de St-Norbert-d'Arthabaska, prit et commença à défricher
le
4e lot du
onzième rang d'Arthabaska, vers 1840. Les premiers colons canadiens résidant
dans le
canton de Warwick, mentionnés dans les registres de Gentilly, d'où dépendait
cette
mission, sont, en 1839, Olivier
Boisvert et son épouse Josephte
Deshayes, dite St
-Cyr, en 1840, Louis Martin et son épouse Marie Lachance.
Tels furent, d'après les historiens, la tradition
ou autres documents, les fondateurs,
les
premiers défricheurs des divers cantons composant les Bois-Francs.
Ils ont tout quitté...
Il en avait coûté cependant à ces hardis
défricheurs de s'éloigner des lieux témoins
de leur
enfance, de quitter leurs parents, leurs amis, ces bons voisins avec lesquels
ils
avaient passé tant de moments de joie et de bonheur, de se décider à ne plus se
voir
réunis dans la vieille église de la paroisse, si pleine pour eux de pieux
souvenirs
et dont le clocher fait toujours battre de joie le coeur catholique du
Canadien;
puis de ne plus contempler
Du St-Laurent
le majestueux cours.
Aussi, quoiqu'il ne dussent point passer la
frontière de la patrie, il leur avaient
semblé
partir pour l'exil; c'est que La patrie
est aux lieux où l'âme est enchaînée, a
dit avec
raison un poète.
Mais le temps était arrivé où les Canadiens,
instruits à l'école de l'indigence et
prêtant
l'oreille à ce cri d'un patriotique appel «Emparons-nous du sol» (paroles at-
tribuées à M. l'abbé John Holmes), devaient quitter les bords du
Saint-Laurent et aller
fonder de
nouvelles colonies au sein même de leur pays, disputant ainsi à l'étranger une
terre dont
la possession leur est acquise à tant de titres. Ils étaient donc partis les
larmes
aux yeux,
mais l'espoir dans le coeur.
Il y eut alors un élan général vers cette région
fortunée; on ne parlait que des Bois-Francs. C'était la Californie du temps.
Mais la découverte de cette terre devait produire
en quelque sorte les mêmes
résultats
que celle des mines aurifères des bords de l'Eldorado: les chercheurs ne
devaient
jouir de leurs biens qu'après des privations et des souffrances presque
incroyables.
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Stanfold (P.3)
Le township de Stanfold, dans le comté de
Buckinghamshire, a été érigé le 9
juillet 1807. Il est situé sur la rive sud-est de la rivière Bécancour, qui le borne
en front,
il joint Arthabaska au fond, Somerset au nord-est et Bulstrode au sud-
ouest. Comme sa situation est très basse et qu'il
est entièrement marécageux, une
petite
portion du terrain est propre à la culture. Il est traversé par quelques
rivières,
entre autres la rivière Nicolet, et petits courants qui tombent dans la
Bécancour.
La moitié de ce township a été accordée, par Sir J.-H. Craig,
gouverneur
du Canada, de 1807 à 1811, à l'Honorable Jenkin Williams, qui en
est le
propriétaire actuel (1815). On n'a pas encore entrepris de le défricher.
Stanfold a une étendue de 65 765 acres en superficie.
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Établissement des Acadiens à Bécancour
(P.5)
Les Acadiens sont sans patrie. Les uns gémissent
en exil, dans les colonies
anglaises,
esclaves de leurs bourreaux; les autres, après mille dangers, après de longues
et pénibles
courses à travers les bois, sur les bords des rivières sont parvenus jusqu'à
Québec en quête
d'une nouvelle patrie. Ils y passent l'hiver de 1757-1758, ou ils
enterrent plus
de 250 de leurs compatriotes, victimes de la petite vérole. Au printemps
de 1758, ceux
qui avaient échappé à la mort se dirigèrent vers Bécancour. La raison qui
les détermina à
venir s'établir à Bécancour se trouve, sans doute dans le fait
qu'ils
connaissaient
déjà un peu ce coin du Canada par leurs relations avec leurs amis et alliés
sauvages
abénaquis et peut-être aussi par les rapports qu'ils pouvaient tenir des
missionnaires
qui avaient, tour à tour, desservi les sauvages de l'Acadie et ceux de
Bécancour.
Ainsi, par exemple, le Père de La Chasse, qu'on trouve en Acadie vers
1711-12-13 et
qui, plus tard, était missionnaire à Bécancour.
Les premiers Acadiens qui cherchent refuge à
Bécancour, et qu'on y trouve dès
l'automne
de 1758, viennent principalement de Beaubassin et paraissent pour la
plupart
alliés entre eux ou à la famille Cormier. Ce sont:
Joseph
Richard, marié à Françoise Cormier;
Pierre Bourg, marié à Anne Richard;
Jacques Bourg, marié à Marguerite Cormier;
Pierre Cormier à Judith Galant;
Etienne Migneau, marié à Madeleine Cormier;
Charles Gaudet, veuf de Marie Cormier, morte à
Québec le 14 décembre 1757;
Madeleine Bourg, veuve de Pierre Richard;
Ant.-Bélony Bourg, veuf de Marie-Joseph Hébert;
Claude Hébert, marié à Marguerite Robichaud;
Jean-Baptiste Hébert, marié à Marie-Anne Amireau;
François Robichaud, marié à Cécile Thibodeau;
Simon Darois, marié à Anne Thibodeau;
François Doucet, marié à Marie Poirier.
Puis ce sont quatre grands enfants de feu Pierre
Cormier et de feu Marie Cyr,
François,
Pierre, Marie et Marguerite (La Blanche), beaux-frères et belles-soeurs
de Charles
Gaudet et de Jacques Bourg; trois enfants d'un autre défunt Pierre
Cormier et
de Marguerite Cyr, Jean-Marie, Madeleine et Rosalie, beau-frère et
belles-soeurs de Joseph Richard et quelques
célibataires, fils de familles, séparés
du reste
de leurs parents, comme Jean-Bte Bourgeois, Jean-Bte Alain, Simon
Bourg,
etc., etc.
Les familles de
Beaubassin
A ces familles de Beaubassin, il faut en ajouter
quelques-unes de Port-Royal, comme:
Jean Part, marié à Marie Roy;
François-Régis Part, marié à Marie Béliveau;
Joseph Leprince, veuf de Anne Forest;
son frère Jean Leprince, veuf de Judith Richard;
leurs belles-soeurs, Isabelle Forest, veuve de
Honoré Leprince, avec ses enfants,
et Félicité Bourgeois, veuve de Pierre Leprince,
avec une fille.
Félicité Bourgeois épousa en secondes noces, à
Bécancour, le 19 novembre 1760,
Antoine-Bénoni Bourg, veuf de Marie-Josette
Hébert. De ce mariage naquit Rosalie,
mariée à Bécancour, le 24 janvier 1785, à Jean
Leprince: père et mère de Monseigneur
Jean-Charles Prince, premier évêque de
St-Hyacinthe.
Madeleine Leblanc, veuve de Joseph Richard, avec
deux enfants;
Hélène Hébert, veuve de Grégoire Richard, avec
trois ou quatre enfants;
Armand Thibeau, etc.
Enfin, Joseph Michel, marié à
Madeleine Comeau et son frère Jean-Bte, Michel;
Amant Guilbeau, veuf de Françoise Poirier;
Alexandre Guilbeau, veuf de
Marguerite Girouard;
Elisabeth Breau, veuve de Pierre
Aucoin;
Amant Richard, marié à St-Pierre
en 1760 avec Marie Gaudet,
et Charles Chandonnay, marié à
Cécile Bellefeuille, venant de la rivière St-Jean,
appartiennent aussi à ce premier groupe de
réfugiés Acadiens.
On peut encore considérer comme
appartenant à ce groupe :
Jean-Jacques Leblanc, marié à
Marie Héon;
Pierre Arseneau, marié à Jeanne
Héon;
Charles Héon, marié à Madeleine
Labove et deux de ses frères, Pierre et Joseph Héon.
Car la présence de ces Acadiens se constate à Champlain
en même temps que celle des
autres à
Bécancour. Cependant, il n'y eut que Jean-Jacques Leblanc qui se fixa
définitivement à Champlain. Comme il lui
restait encore quelques épargnes quand il y
arriva en
1758, il y ouvrit un petit commerce qui prospéra si bien qu'il fut bientôt en
état,
d'établir avantageusement. ses quatre garçons: Etienne et Joseph dans le
commerce,
David et Amable dans l'agriculture. Ses beaux-frères allèrent rejoindre
leurs
compatriotes à Bécancour.
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La savane de Blandford (P . 11)
Pour aller des paroisses du bord du fleuve aux
Bois-Francs, dit M. Trudelle, il fallait d'abord passer la savane de Blandford,
qui sépare la paroisse de Gentilly des nouveaux établissements de la rivière
Bécancour, et à travers laquelle un chemin mal entretenu conduisait alors. Mais
cela n'était rien, comparé à l'affreuse savane de Stanfold, que l'on ne pouvait passer qu'à pied, pendant près de sept
mois de l'année, car il n'était possible aux voitures de la traverser que
depuis le mois de décembre jusqu'au mois d'avril, lorsque le froid avait
consolidé les eaux boueuses de ce vaste marais.
Les premiers colons avaient frayé dans cette
savane, depuis la chapelle de la rivière Bécancour jusqu'à l'église actuelle de
Stanfold, un chemin sur lequel ils avaient jeté des
branches qui leur donnaient le moyen de se soutenir
au-dessus des bourbiers sans fond qu'ils rencontraient à chaque instant.
Pour rendre ce sentier pratiquable aux voitures
d'hiver, on était obligé d'aller, par corvées de quinze à vingt hommes, battre
la neige avec les pieds pour la détremper avec l'eau, sans quoi la glace ne se
serait pas formée. Cela ne se faisait pas ordinairement sans que l'on vît
plusieurs enfoncer jusqu'aux genoux et souvent jusqu'au milieu du corps dans
cette eau fangeuse et à demi-gelée. Si deux voitures se rencontraient, il
n'était pas rare de voir les chevaux qui mettaient le pied hors du chemin battu
disparaître presqu'entièrement dans les ornières, d'où on ne les retirait qu'au
moyen de cordes et de leviers. Quelques-uns de ces pauvres animaux et plusieurs
bêtes à cornes y ont même péri:
Ce fut là cependant le chemin par lequel pendant
près de onze ans des centaines de colons, hommes, femmes et enfants, ont dû
passer pour se rendre dans les Bois-Francs.
Qui pourrait dire les misères et les souffrances
de tout genre qui y furent endurées? Le coeur saigne aux récits qu'en font les
premiers habitants de ces contrées.
Cependant le champ était vaste et chacun pouvait
se choisir une ample part de cette belle forêt; aussi les premiers arrivés ne
furent pas longtemps seuls. Presque continuellement de nouveaux colons
passaient la savane de Stanfold pour monter aux Bois-Francs. C'est ordinairement
pendant l'hiver que les hommes allaient prendre des terres; ils défrichaient,
ensemençaient dans le printemps, et ce n'était qu'après leur première récolte
et dans l'hiver suivant qu'ils allaient chercher leur famille.
Colons se dirigeant
vers les Bois-Francs
C'est alors qu'on voyait, au Domaine de Gentilly,
presque tous les jours, passer des colons qui se dirigeaient vers les
Bois-Francs; que souvent on voyait un chien attelé sur un petit traîneau
transportant un ou deux enfants, et que ce véhicule d'un genre bien modeste
était suivi d'un homme et d'une femme, au front anxieux, mais remplis d'un
courage héroïque. M. Joseph Houle, un des plus anciens colons de Stanfold, m'a
raconté bien des fois que dès la première année que son père, M. Charles Houle,
eût pris possession de son lot, il s'était bâti à côté de sa cabane, une
demeure de pièces équarries qu'il avait couverte en écorce, de 28 pieds de
longueur et de 24 pieds de largeur, et que lui-même il avait souvent vu le
plancher du bas de la maison littéralement couvert de colons qui venaient y
prendre le repos de la nuit, après avoir passé la journée à parcourir le canton
pour s'y choisir, à leur goût, un lot de terre. La maison de M. Charles Houle est la
première de ce genre, genre de luxe pour le temps d'alors, que la terre de
Stanfold ait portée.
La plus forte partie des colons qui montaient
dans les Bois-Francs étaient pauvres et sans aucune avance. C'était pour la
plupart, des journaliers ou des habitants ruinés, qui n'apportaient avec eux
que les ustensiles de première nécessité et de maigres provisions pour quelques
mois. Plusieurs n'apportaient pour tout ménage que leur hache et un sac de
farine sur le dos. Ils comptaient sur leur travail pour maintenir leur
existence et celle de leur famille; mais ces familles, souvent nombreuses et
consommant sans cesse, avaient bientôt épuisé les petites provisions. Le manque
de magasin dans les premières années ou le prix trop élevé des denrées ne
permettaient pas de les renouveler. Aussi la disette était-elle dans leur
cabane avant que la récolte fût dans la grange. D'ailleurs, quelqu'abondante
que fût cette récolte, le surcroît toujours imprévu de la population, faisait
qu'ordinairement elle était épuisée plus tôt qu'on ne l'avait cru, et, quand
arrivait le printemps, la misère faisait son apparition avec lui.
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La nourriture des
premiers colons (P .11)
Mais que faisaient les mères infortunées de ces
familles en proie à la plus cruelle disette pour conserver leurs jours pendant
que leurs courageux époux allaient ainsi, au péril de leur vie, chercher un
moyen de sauver leur existence? Croyez-le, quoiqu'invraisemblable que cela
doive paraître: un certain nombre de ces familles ne vivaient que d'herbes, de
feuilles et de racines bouillies. Elles se nourrissaient surtout d'une sorte
d'ail sauvage que l'on trouvait en assez grande abondance, nourriture
insupportable, surtout à cause de l'odeur qu'elle répandait. Dans la saison des
fruits, les bleuets, les framboises étaient dévorés.
Il n'était pas rare d'entendre
dire à quelqu'un qu'il avait passé une, deux et même trois journées sans
manger: triste tableau, mais qui n'est rien en comparaison de la réalité.
Un jour, M. Rheault, de Stanfold, allant visiter son champ,
trouva à l'extrémité d'une pièce de sarrasin trois petits garçons, dont le plus
âgé pouvait avoir environ sept ans. C'était les enfants d'un veuf nommé
Mongrain. Celui-ci, forcé de s'absenter pour aller chercher de la nourriture
pour ses enfants qui souffraient de la faim, les avait laissés seuls à là
cabane. Leur père tardant à revenir, les petits orphelins, pressés par la faim,
se rendirent dans le champ de sarrasin vert pour y trouver quelque chose qui
les empêchât de mourir.
Un des vieux pionniers du Canton de Stanfold, M. Louis Labissonnière, plus
connu sous le nom de Louis Isaac, venu dans les Bois-Francs, à l'âge de douze
ans, ne cachait pas qu'il avait énormément souffert de, la faim, Les
patates n'étaient pas aussitôt en fleurs, disait-il, que nous grattions la
terre près de la tige pour en avoir le fruit. Ah! disait M. Labissonnière, que
nous étions contents lorsque nous voyions mûrir les framboises et les bleuets;
ce n`était, ni plus ni moins; que la manne qui nous arrivait pour assouvir
notre faim.»
(P.12 col.3) M. Joseph Houle me disait un jour: Monsieur, si tout l'argent que j'ai
donné pour garder ma terre, (après l'avoir défrichée en grande partie) pour me
débarrasser des mille
tracasseries que me faisaient les grands bourgeois, si tout cet argent était en
billets d'une piastre, je crois que j'en aurais assez pour couvrir ma terre
complètement. M. J. Houle fut assez heureux pour rester sur sa terre, mais au
prix de quels sacrifices? Combien d'autres; hélas? furent privés de ce bonheur
et furent obligés de s'enfoncer davantage dans la Forêt ou de prendre le chemin
de l'exil.
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M. l'abbé Charles-Flavien Baillargeon (P.22)
M. l'abbé Charles-Flavien Baillargeon naquit à
St-Roch-de-Québec le 26 février 1833, de Jean-Baptiste Baillargeon et de Marie
Grenier, fit ses études à Nicolet, où il fut ordonné le 23 septembre 1855.
Vicaire aux Trois-Rivières (1855-1859).; premier curé de
Saint-Germain-de-Grantham (1859-1864); curé de la cathédrale des Trois-Rivières
(1864-1874) ; curé de Stanfold (1i74-1886) où il se retira (1886-1901). Il
mourut le trois juin 1901. Il fut inhumé dans le cimetière du Séminaire des
Trois-Rivières, son oeuvre de prédilection.
M. l'abbé C.-F. Baillargeon collabora, pendant
assez longtemps au Journal des Trois-Rivières et à L'Union des Cantons de /'Est. En 1886 et 1887 il composa un ouvrage sur les
Bois-Francs et particulièrement sur les paroisses de St-Eusèbe de Stanfold et
de St-Calixte-de-Somerset: Il lut une partie de ce travail dans des Conférences
données, dans le temps, au cercle littéraire de Princeville et au Collège du
Sacré-Coeur d'Arthabaska; mais M. Baillargeon mourut avant de livrer ce travail
à la publicité.
M. l'abbé Baillargeon était un intellectuel, à
l'âme éprise des sublimes mystères de la religion qu'il prêchait et des nobles
traditions de la patrie qu'il chérissait. Ces deux cultes, celui de la religion
et celui de la patrie, se confondaient dans son coeur de prêtre et de patriote,
et jusqu'à son dernier soupir par conviction, amour et devoir, il leur a
consacré toutes ses facultés, toutes ses énergies, tout son être.
M. Hyacinthe St-Germain
M. Hyacinthe St-Germain naquit à Repentigny,
comté de Terrebonne, le 23 septembre 1938. Il fut une grande partie de ses
études au séminaire de St-Hyacinthe, où il eut pour
confrères de classes Mgr Elphège Gravel, premier
évêque de Nicolet, et l'Honorable Boucher de la Bruère, surintendant de
l'Instruction publique.
En 1855, M. H. St-Germain
s'établit à St-Louis-de-Blandford, où il se livra à la culture jusqu'en 1885,
époque où il alla demeurer à Nicolet. Il avait épousé, en 1863, à Bécancour,
Mademoiselle Clarisse Leblanc.
H. St-Germain a publié deux
volumes: un, en 1905 «Charles Héon», le fondateur de la paroisse de
Saint-Louisde-Blandford, et l'autre en 1907 «Souvenirs et Impressions de
Voyages au Nord-Ouest Canadien».
Au moment de sa mort, en décembre
1911, M. H. StGermain demeurait à Danville, chez son gendre, M. le notaire H.
Girard. Il fut inhumé à Nicolet. M. H. St-Germain avait été pendant plusieurs
années maire de la ville de Nicolet.
M. l'abbé Charles-Édouard Mailhot
L'abbé Charles-Édouard Mailhot est né à Gentilly
le 6 juin 1855 de Michel Mailhot-dit-Leblond, cultivateur, et de Julie
Bourbeau-Beauchesne. II fit ses études classiques et théologiques au Séminaire
des Trois-Rivières (1869-1881).
Il fut ordonné prêtre le 25 septembre 1881, en la
chapelle du Séminaire des Trois-Rivières, par Mgr Laflèche. Vicaire à Gentilly
1881-1883, à St-Célestin 1883-1884, à St-Pierre-lesBecquets et à St-Stanislas
de Champlain 1884, de nouveau à Gentilly 1884-1886, desservant à
St-Paul-de-Chester 1886, curé à St-Louis-de-Blandford 1886-1898. Là, en 1891,
il a restauré cette première église des Bois-Francs, maintenant incendiée.
Missionnaire à Sainte-Marie-de-Blandford 1887-1889, il fit transporter la
chapelle du Domaine de Gentilly à l'endroit de l'église actuelle, en 1889. En
même temps missionnaire à Sainte-Anne-du-Sault 1887-1888, curé à
St-Paul-de-Chester 1898-1908.
En cette même année, il se retire à l'Hôtel-Dieu
d'Arthabaska. Il réside à Victoriaville, et même à St-Célestin quelque temps.
La plus grande partie de sa vie se passe ensuite à l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska,
où il est décédé le 13 mai 1937 et inhumé dans la crypte de l'Hôtel-Dieu.
L'abbé Charles-Édouard Mailhot est l'auteur de
quatre volumes intitulés «Les Bois-Francs». II a écrit aussi une monographie rip. Gentilly ca paroisse natale.
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Les trois premiers colons
du canton de Stanfold (P.25)
Édouard Leclerc, François
Pellerin, Narcisse Béliveau
Ce fut au mois de mars 1832, qu'Édouard Leclerc, François Pellerin et
Narcisse Béliveau vinrent s'établir dans le douzième rang du canton de
Stanfold, sur les bords de la
branche nord-est
de la rivière Nicolet. Édouard Leclerc était âgé
de vingt et un ans, François Pellerin âgé de 16 ans et Narcisse Béliveau âgé de
13 ans.
A l'automne précédent, Édouard Leclerc avait fait un
voyage d'exploration en compagnie de deux chasseurs du nom de Piché. Le trajet
se fit en suivant le cours de la rivière Nicolet. Rendus dans le haut du canton
de Stanfold les deux chasseurs continuèrent leur route. En voyant les grands
arbres qui bordaient la rivière Nicolet, à cet endroit, ce qui indiquait un sol
très fertile, Édouard Leclerc résolut d'y séjourner quelque temps, pour
examiner attentivement la qualité de la terre et s'assurer de la possibilité
d'y faire un établissement agricole; ses prévisions ne furent pas vaines.
Qui était Sougraine?
Le séjour de Édouard Leclerc dura trois semaines. Il
se bâtit une cabane sur les bords de la rivière Nicolet. Sougraine, le meurtrier de Antoine Dubuc, sur les
bords de la rivière Bécancour, en 1825, était alors à faire la chasse dans les
parages où travaillait Leclerc.
Un jour, Sougraine se présenta à Leclerc et lui
fit défense de revenir s'établir à cet endroit, lui disant que ces terrains
appartenaient aux sauvages. II menaça même de le tuer s'il ne partait pas. Leclerc réussit cependant à le
calmer. Après s'être choisi un lopin de terre et avoir terminé sa cabane,
Leclerc reprit le chemin de St-Grégoire, bien résolu de revenir le printemps
suivant pour s'y établir d'une manière définitive et d'amener quelques
compagnons.
Au mois de mars 1832, Édouard Leclerc et ses deux
compagnons, François Pellerin et Narcisse Béliveau partaient pour le canton de
Stanfold. Cette fois, le voyage se fit en voiture, sur la glace la rivière
Nicolet. Rendus au canton de Horton, la caravane prit la branche nord-est de la
rivière Nicolet, qui, dans ce canton et dans une partie du canton de Bulstrode,
portait alors le nom de rivière au Loup.
Les pères des trois jeunes défricheurs voulurent
bien les accompagner jusqu'à la cabane que Édouard Leclerc avait bâtie
l'automne précédent. Dans les voitures on avait placé des provisions de bouche,
des habits et des couvertes, un poêle «français», quelques ustensiles de
cuisine, des haches; on apportait aussi des pioches et des bêches pour remuer
et cultiver la terre, en attendant qu'on puisse se servir de la charrue et de la herse. C'était bien peu pour
commencer la fondation d'une colonie agricole, mais nos trois vaillants
défricheurs étaient armés de courage et d'énergie.
La cabane à Leclerc
Après une longue course, on arrive enfin sur le
sixième lot du douzième rang du canton de Stanfold; l'on se logea, tant bien
que mal, dans la cabane bâtie par Leclerc l'automne précédent. Le lendemain,
les parents reprirent le chemin de St-Grégoire. La route était tracée: Leclerc,
Pellerin et Béliveau avaient donné l'exemple du courage et de la vaillance; ils
eurent de nombreux imitateurs. Aussi, l'année 1832 n'était pas terminée que
trois nouveaux colons étaient arrivés dans le canton de Stanfold: Pierre Poirier (1), Alphée Hébert et Noël Bourque. Au
recensement de 1839, il y avait déjà dans le canton de Stanfold 106 colons,
dont 72 mariés et 34 célibataires.
Pierre Poirier, (Pierre à Bonhomme) fils de
Pierre Poirier et de Marie Béliveau, naquit à Saint-Grégoire vers 1814. Il
mourut accidentellement (tué par la foudre) à Saint-Eusèbe-de-Stanfold, le 7
juillet 1872, âgé de 58 ans. Pierre Poirier était l'oncle de M. le chanoine S.
Poirier, ancien curé de Saint-Eusèbe de Stanfold, et le cousin germain de Édouard
Leclerc, fondateur du canton de Stanfold.
Aujourd'hui la paroisse de St-Eusèbe de Stanfold
est une des plus prospères, des plus florissantes des Bois-Francs. Avant de
mourir, les trois premiers pionniers de Stanfold virent, de leurs yeux, ce
consolant spectacle. Ils eurent la consolation de voir leur oeuvre, commencée
dans les labeurs, les souffrances, couronnée d'un brillant succès. Honneur,
louange à ces vaillants champions de la culture de la terre, à ces pieux
chevaliers de la hache et de la charrue. Bientôt va luire pour eux le jour de la
glorification.
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Les aumôniers des Zouaves (P.25)
Le clergé des Bois-Francs s'honore aussi d'avoir eu comme aumôniers des
Zouaves pontificaux canadiens deux de ses membres les plus distingués: M. P.-H.
Suzor, curé de St-Christophe, et M. P. Roy, curé de St-Norbert.
Ils
accompagnèrent le quatrième détachement, parti le 25 juin 1868, composé de
quarante-huit volontaires; Emery Cloutier, de St-Christophe, Ernest Noël de Tilly, de Stanfold, Ludger
Gaudet, de St-Christophe, firent partie de ce détachement.
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Collège commercial de Princeville (P.29)
Le 14 novembre 1859, dans une assemblée du conseil, les paroissiens de Stanfold
décidèrent de bâtir un Collège, dont la direction serait confiée soit aux
Révérends Frères de la Doctrine Chrétienne ou aux Révérends Frères Viateurs.
Le lendemain, M. les conseillers de Princeville, Louis Richard,
Stanislas Trudelle, Antoine Jutras, Godfroy Brunelle et D. O. Bourbeau votèrent
une résolution dans le même sens.
A la séance du conseil de Princeville, le 12 décembre 1861, le plan pour la construction du
collège, tel que dressé par M. l'abbé Narcisse Pelletier, curé de Stanfold, fut
accepté avec reconnaissance, et la soumission de M. Louis Richard, écuyer, pour
bâtir et parachever cette maison, toute en pierre à l'extérieur avec un rang de
brique à l'intérieur, pour les prix et somme de dix-huit cents louis, moins la
somme de cent louis dont M. Richard fait don à la municipalité, est également
acceptée.
Le 9 août 1858, la paroisse de Stanfold avait voté un
emprunt à trente ans, au montant de douze mille piastres du gouvernement pour
des fins quelconques.
C'est cet argent qui servit à bâtir le Collège de Princeville.
On commença à
bâtir le Collège en 1862.
Mais à qui confier le soin de l'instruction de la jeunesse de Stanfold?
A des prêtres? A des frères? A des laïques? Il va sans dire que des trois les
prêtres étaient les éducateurs les plus à désirer.
Aussi, M. Robitaille propose dans une assemblée, et M. Germain seconde:
«Que dans le but d'assurer le succès du Collège de Princeville, il serait
a propos de le mettre sous le contrôle
d'une maison d'éducation déjà existante; que la corporation du Collège de
Nicolet, paraissant disposée à s'en charger, à certaines conditions, qu'il soit
nommé une députation auprès de Mgr Thomas Cooke, évêque des Trois-Rivières,
priant Sa Grandeur de permettre à la dite Corporation du Collège de Nicolet de
se charger de la dite maison d'éducation, construite dans le village de
Princeville, et que le notaire Pratte et le docteur St-Germain soient les
personnes déléguées auprès de Sa Grandeur. »
Mgr Cooke fut très heureux de constater le zèle des citoyens de Stanfold
à promouvoir les intérêts de l'instruction, et, pour leur témoigner sa joie, il
leur accorda tous les privilèges possibles.
Le 16 novembre 1865 avait lieu la bénédiction solennelle du
Collège commercial de Princeville.
Le Collège de Nicolet, qui avait grand besoin de ses professeurs, n'en
envoya que quelques-uns. Les autres professeurs furent des laïques.
L'ouverture du collège se fit sous d'heureux auspices: pas moins de 140 élèves furent inscrits.
Le 6 septembre 1866, Mgr Thomas Cooke donna la permission de dire la
messe et de conserver le Saint-Sacrement dans l'oratoire du Collège commercial
de Saint-Eusébe de Stanfold.
J. A. I. Douville (aujourd'hui, 1914, Mgr J. A. I. Douville, P. A.), fut le premier directeur du
collège. Le second directeur fut M. Isaac Gélinas, plus tard Mgr Gélinas. Le troisième
directeur fut M. l'abbé Joseph Blais, mort le 10 octobre 1900, curé de St-Guillaume-d'Upton.
Les professeurs séminaristes furent: MM. Adélard Buisson, Édouard
Laflèche, Arthur Paquin, Zéphirin Tourigny, Jos Dolbec et J. 0 Simard.
Le Collège de Princeville fonctionna de la sorte à peu près trois ans.
Mais le Collège de Nicolet ayant été obligé de retirer ses prêtres et
ses séminaristes, le Collège de Princeville fut laissé sous la direction des
professeurs laïques.
Peu à peu, ces professeurs laïques ne donnèrent plus satisfaction aux
parents, et le nombre des élèves descendit à trente-deux.
Ce que voyant, le conseil de Princeville ferma, en 1871, les portes du
collège.
En présence d'un pareil désastre, on résolut de tenter un dernier et
suprême effort. On s'adressa à des religieux enseignants, mais les parties
intéressées n'ayant pu s'entendre sur les conditions, le projet, encore une
fois échoua, et c'en fut fait pour toujours du Collège commercial de
Princeville. C'est alors que MM. T. Girouard, James Huston, Louis Richard et le
docteur Gravel jetèrent les bases de la «Compagnie Manufacturière de Stanfold»
et prirent possession du collège que le conseil leur prêtait, pourrait-on dire,
sans condition, tant elles étaient minimes. On ouvrit une usine pour les
chaussures, qui s'éclipsa après quelques années seulement d'une jeunesse
orageuse, pour faire place à une tannerie. Cette tannerie elle-même n'a fait
que passer, et son « tombeau fut si près de son berceau, que ses langes lui ont
servi de linceul».
Le 6 octobre 1880, le conseil de Princeville vendit
cette bâtisse à M. P.H. Matte, pour la somme de $2,000.00.
Enfin, le 2 septembre 1884, la Fabrique de St-Eusèbe
de Stanfold racheta de M. P. H. Matte, pour la même somme de $2,000.00, la dite
bâtisse, pour la convertir en un couvent dont la direction serait confiée aux
Révérendes Soeurs de l'Assomption de Nicolet.
Celles-ci en devinrent propriétaires pour la somme de $1,400.00, le 30
décembre 1886.
Depuis leur arrivée à Princeville, en 1884, les Révérendes Soeurs de
l'Assomption ont eu les sympathies et l'admiration de toutes les familles, et
surtout des centaines
d'élèves qui ont conservé le meilleur souvenir de leur «Alma Mater».
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Couvent de Princeville
(P.31)
L'histoire du Couvent de Princeville n'abonde pas
en fastes glorieux, mais elle est fière d'enregistrer à son crédit certains
faits tout à l'honneur des paroissiens de Princeville. Le 14 novembre 1859, les
paroissiens de Stanfold, pour se rendre au désir de leur pasteur, décidèrent de
bâtir un collège. En 1862, on commença à bâtir. Mais à qui confier
l'instruction de la jeunesse?
En septembre 1865, le Collège de
Nicolet envoya quelques prêtres qui se chargèrent de l'enseignement de 140
garçons.
Le Collège de Nicolet, vu le petit
nombre de professeurs, dut après trois ans retirer ses prêtres, et la direction
du collège fut confiée à des maîtres laïques. Ces professeurs ne donnèrent pas
satisfaction aux parents, et le nombre des élèves descendit à 32. Ce que
voyant, le conseil de Stanfold ferma, en 1871, les portes du collège.
Une manufacture de chaussures et
une tannerie ont tour à tour occupé le local en question.
Enfin, le 2 septembre 1884, la
Fabrique de Stanfold acheta la dite bâtisse pour la convertir en couvent, dont
la direction serait confiée aux Soeurs de l'Assomption de la Ste-Vierge de
Nicolet.
Le 8 septembre, le vaste édifice
de pierre reçoit son premier groupe de filles. 38 élèves s'inscrivent au pensionnat.
Le 14 novembre 1895, les élèves
externes quittent la première école pour habiter une grande maison de deux
étages.
Un développement rapide s'opère en
quelques années. En 1909, un agrandissement s'impose.
L'année 1929 enregistre une date
mémorable dans nos chroniques: la fondation de l'Amicale. 182 membres
s'inscrivent.
Le 3 juillet 1934 est une fête
d'or. Le souvenir et la reconnaissance ramènent à leur Alma Mater un grand
nombre de maîtresses et d'élèves.
Là comme ailleurs, l'institution
privée a dû faire place aux exigences d'un nouveau programme d'éducation
provincial.
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Deux victimes(P.33)
Mort tragique de M.
l'abbé C.-E. Bélanger et de son compagnon Ambroise Pépin.
I. Charles-Édouard
Bélanger avait passé quatorze mois sur la terre de Somerset, de Stanfold et de
Blandford, continuant la vie d'abnégation et de sacrifice qu'avait menée
pendant quatre ans son prédécesseur, M. Clovis Gagnon. Il se multipliait dans
l'intérêt des ouailles confiées à sa sollicitude paternelle; il trouvait dans
son large coeur les moyens de pourvoir tous les jours aux besoins nombreux de
son troupeau, disséminé sur une vaste étendue de terrain. Ses courses,
peut-être quelquefois moins longues que celles de M. Gagnon, n'en étaient pas
moins pénibles.
Il lui fallait donner la mission tantôt à
Stanfold, en trois endroits différents, tantôt à Blandford, et alors il était
obligé de traverser l'affreuse savane de Stanfold, si redoutée des plus intrépides
marcheurs, et où il devait trouver la mort. Il était donc écrit que la colonie
des Bois-Francs n'arriverait à son entier développement qu'en passant par les
épreuves les plus cruelles. En effet, à peine M. C.-E. Bélanger avait-il fait
ses premières armes dans la nouvelle carrière ouverte à son zèle, que la Divine
Providence mit fin à la vie de ce dévoué et vaillant ministre du sanctuaire.
Présage d'un malheur
C'était un dimanche, le 23 novembre 1845. Un vent
violent du nord-est; une neige épaisse tombait à gros flocons, et de temps en
temps elle faisait place à une pluie battante et froide, comme elles le sont
presque toutes à cette époque de l'année. C'était un temps affreux, une vraie
tempête, et tout faisait présager une nuit terriblement désagréable et
orageuse.
I. Bélanger
venait de terminer, dans la modeste chapelle de Somerset, les vêpres qu'il
avait chantées d'une voix plus harmonieuse et plus vibrante que jamais. A la
distance qui nous sépare de lui, il ne nous est pas possible de ne pas nous
rappeler le cygne qui jamais ne fait entendre de chant plus mélodieux et plus
ravissant que lorsqu'il se sent aux approches de la mort.
Une affaire importante l'appelait à
St-Louis-de-Blandford. M. Jacques Dion, un des colons de Blandford, avait
concédé à un prix nominal aux Messieurs constituant la corporation scolaire de
Blandford, un lopin de terre pour y construire une maison d'école. Les
désignations de ce terrain avaient été données de vive voix et incorrectement,
et, par conséquent, l'acte de cette cession, dressée par M. le notaire Olivier
Cormier, pouvait amener quelques difficultés. M. Bélanger avait un bon coeur,
un caractère doux, et était par-dessus toute chose un homme d'ordre. Comme les
commissaires d'écoles de Blandford étaient sur le point de bâtir, M. Bélanger
craignait que ce manque d'informations exactes des limites de ce terrain
n'entraînât, plus tard, quelques misères. Il voulût se faire accompagner par M. le notaire Cormier pour régler cette affaire. Après les vêpres, M. Bélanger fit un
baptême. Sur son chemin, il entra dans la maison d'un colon nommé Jean-Simon
Marchand, où il célébra un mariage dont les parties contractantes étaient Isaïe
Boulé et Marianne Marchand. Tout cela retarda M. Bélanger, qui n'arriva à
Stanfold qu'à trois heures et demie de l'après-midi.
Autres compagnons
Pour traverser la savane, M. Bélanger s'était, en outre de M. le notaire
Cormier, assuré des secours d'un autre compagnon en la personne de Ambroise
Pépin, deux hommes robustes et courageux, habitués à ces marches pénibles, et
qui avaient déjà fait plusieurs fois ce trajet difficile et périlleux. Nos
trois voyageurs entrèrent dans la maison de Pierre Richard pour se reposer, et
là, ils trouvèrent MM. Narcisse Gaudet et Moïse Provencher, deux habitants de Somerset,
qui les avaient devancés et qui se proposaient de descendre, le lendemain
matin, à Gentilly. Ils firent tout en leur possible pour les déterminer à les
suivre: ce fut peine perdue.
I. Pierre et Louis Richard et quelques autres
colons présents essayèrent de détourner M. Bélanger et ses deux compagnons de
leur projet. On leur représente qu'il n'était pas prudent de s'aventurer dans
la savane à une heure aussi avancée de la journée et par un temps si mauvais.
Ces avis étaient assurément marqués au coin de la prudence. Rien cependant ne
put arrêter le courageux missionnaire. M. C.-E. Bélanger avait quatre mariages à faire le mardi suivant, à Somerset; il voulait
être de retour chez lui le lundi soir. Nos trois voyageurs s'enfoncent donc
dans la savane en suivant avec toute la diligence possible le sentier boueux
tracé par les piétons. On se flattait de pouvoir arriver avant la nuit à une
maison située au milieu de la savane et tenue par M. Joseph Grondin. Ce brave
homme était connu dans les Bois-Francs sous le nom de Bonhomme Grondin. Grondin
habitait une maison de 24 pieds sur 18, sur les bords de la rivière Blanche, du
côté nord. Cette maison avait été construite par un nommé Joseph Héon, de
St-Grégoire, qui l'habita environ un an et la vendit ensuite à Grondin, qui en
avait fait, en ces temps-là, un poste pour la commodité des voyageurs. C'est là
que croyaient arriver de jour M. Bélanger et ses deux compagnons; mais ils
s'étaient grandement trompés dans leur calcul.
Une surprise à laquelle il fallait s'y
attendre
La nuit, mais une nuit affreusement obscure, les surprit au moment où
ils atteignaient la Butte-Ronde. Cette Butte-Ronde, où les
voyageurs s'arrêtaient pour se remettre de leurs fatigues, était une petite
élévation de terrain bordée de grosses pruches, à mi-chemin entre le village de
Stanfold et la demeure de Grondin. Rendus à cet endroit, nos voyageurs
comprirent qu'il leur fallait une lumière pour guider leurs pas à travers ces
marais où ils enfonçaient à tout instant, et d'où ils avaient mille et mille
difficultés à se retirer. M. le notaire Cormier avaient un paquet d'allumettes
sur lui, et ils voulurent allumer la chandelle de leur fanal. Ils étaient tous
trois mouillés jusqu'aux os, tous les objets qui les environnaient l'étaient
aussi; une seule allumette prit feu et, par un nouveau surcroît de malheur, la
mèche de la chandelle de leur fanal était si imprégnée d'humidité, qu'il fut
impossible de la faire prendre. Tout espoir était perdu, et nos voyageurs
comprirent qu'il n'y avait pour eux aucun moyen de se procurer la lumière qui
les eût sauvés dans une position si. critique. On tint alors conseil et on
décida de continuer la marche jusqu'à la demeure de Grondin.
Nos voyageurs furent terriblement affligés de ce contre-temps fâcheux;
cependant, reprenant leur courage, ils poursuivirent résolument leur course.
Ils enfonçaient à tout moment dans des marais profonds, et ces chutes souvent
répétées épuisaient leurs forces. Une faim dévorante les pressait et ils
n'avaient rien pour se réconforter. Leurs jambes étaient meurtries et
ensanglantées, et M. Bélanger se plaignait fortement dés souffrances qu'il
éprouvait à la jambe droite, par suite d'une blessure qu'il s'était faite
quelques jours auparavant. Cependant, ils n'avaient plus que quelques arpents
à franchir avant d'atteindre la maison de Grondin, quand ils se trouvèrent en
face d'un marécage affreux qu'ils voulurent éviter. Les épais ténèbres de la
nuit les enveloppaient de toutes parts, et, sans s'en douter, ils doublèrent ce
marais et prirent la voie qui les ramenait au village de Stanfold.
On tourne en rond...
Ils étaient épuisés de fatigue, tout mouillés, tout glacés, tout
couverts de boue, et évidemment les forces physiques ne leur permettraient pas
de parcourir une seconde fois et tout de suite la même longueur de chemin. Ils
étaient complètement écartés, ils revenaient sur leurs pas, tout en croyant
arriver à la demeure de Grondin. Au milieu de l'obscurité de la nuit, nos
voyageurs repassèrent, sans la remarquer, la Butte-Ronde où ils s'étaient
reposés quelque temps auparavant, et où ils avaient essayé vainement de se
procurer la lumière. A peine avaient-ils franchi quelques arpents en-deçà de
cet endroit, que M. Ambroise Pépin, tourmenté par la faim et épuisé, tomba au
pied d'un arbre, en déclarant à ses compagnons qu'il lui était impossible de
marcher davantage. M. le notaire Cormier enleva les chaussures à Ambroise
Pépin, assécha ses bas du mieux qu'il put en tentant de le remettre sur pied.
La chose fut impossible; Pépin était rendu au bout de ses forces et
complètement découragé. Ses deux compagnons essayèrent de lui remonter le
moral, en lui disant qu'ils arrivaient au poste tenu par Grondin et qu'ils lui
enverraient tout de suite du secours. Ambroise Pépin, se voyant livré à lui-même
dans une position si périlleuse, laissa échapper quelques paroles de plainte et
entrecoupées de sanglots. Il avait, le pauvre malheureux, le pressentiment du
triste sort qui l'attendait.
M. Bélanger et M. le notaire Cormier, la tristesse au coeur en voyant
tomber leur compagnon de route, et dans la pensée qu'un pareil malheur pouvait
leur arriver, continuèrent cependant leur marche.
Ils avaient fait une quinzaine d'arpents, lorsque M. Bélanger déclara à
son tour qu'il ne pouvait aller plus loin; il s'assit au pied d'un cèdre. M.
Cormier, en s'entretenant avec
I. Bélanger, tourna le dos au village de
Stanfold, reprit le chemin qui le menait chez Grondin, doubla une seconde fois
, le marais revint sur ses pas, passa
à côté de Pépin qu'il ne vit pas et vint
tomber sur M. Bélanger.
Toujours au même point
Après plusieurs heures de marche, M. Cormier se
trouvait au même point qu'à son départ. M: Bélanger pouvait encore parler, mais
sa voix était bien affaiblie. M. Cormier, effrayé de la situation de ses deux
compagnons, fit un effort suprême et continua sa route, convaincu qu'il
arrivait chez Grondin et qu'il obtiendrait un prompt secours. Il était
complètement écarté et revenait vers le village. Il fit quelques arpents et
alors il tomba dans une barbotière, d'où il ne peut se retirer qu'après des
efforts surhumains. Et il se laissa choir sur une petite élévation. II perdit
tout sentiment et resta dans cette position.
Cependant la mort faisait son
oeuvre. Ambroise Pépin, le premier, et M. Bélanger, le second, lui avaient payé
leur tribut. Le notaire Cormier allait bientôt tomber sous ses coups, lorsque
la lumière du jour commença à paraître.
I. Narcisse
Gaudet et Moïse Provencher, qui avaient passé la nuit chez M. Pierre Richard,
prirent le chemin de la savane le lendemain au matin, à la pointe du jour.
Après avoir franchi une trentaine d'arpents, ils remarquèrent, un peu à côté de
la voie suivie par les voyageurs, quelque chose de noir qui semblait remuer un
peu. Ils crurent que c'était un ours et ils firent un détour pour l'éviter.
Soupçonnant tout à coup qu'un malheur pouvait être arrivé aux trois voyageurs
de la veille, ils résolurent de se rendre compte de la chose, et ils ne furent
pas longtemps sans reconnaître le notaire Cormier, dont tous les membres
étaient radis par le froid, mais qui respirait encore et luttait énergiquement
contre la mort. Que faire? Ils ne pouvaient lui donner aucun secours et il leur
était impossible de songer à ramener à eux seuls au village ce pauvre
infortuné.
On retourne à Stanfold
donner l'alarme
Narcisse Gaudet se charge de garder le notaire et
Moise Provencher court au village de Stanfold donner l'alarme. Aussitôt une
quinzaine d'hommes s'organisent, se munissent de haches et de cordes et
s'élancent à pas précipités vers le lieu du sinistre. Pendant ce temps, on
envoie chercher en toute vitesse M. Clovis Gagnon, missionnaire de St-Norbert
d'Arthabaska et M. le docteur Joseph Bettez de Somerset. Cette triste nouvelle
se répand partout; elle vole de bouche en bouche, et les colons de Stanfold et
de Somerset se rendent en toute hâte au village, la consternation peinte sur la
figure. Les hommes qui s'étaient enfoncés dans la savane, arrivèrent bientôt
près du notaire Cormier. Ils ébranchèrent quelques petites épinettes, les
lièrent solidement à l'aide de cordes, en firent une espèce de brancard sur
lequel ils placèrent M. Cormier, puis quatre hommes le ramenèrent au village et
le déposèrent dans la maison de M. Pierre Richard. Grâce aux soins habiles du
Dr Bettez, M. Cormier revint à la connaissance, à deux heures de l'après-midi.
Après avoir protégé du mieux
possible M, Cormier, les hommes pénétrèrent plus avant dans le chemin de la
savane, où ils trouvèrent M. Bélanger, assis, le dos appuyé contre un cèdre, le
bras droit accoudé sur une épinette renversée par le vent et qui traversait le
chemin; sa tête reposait doucement dans sa main et il paraissait sommeiller. On
eut une lueur d'espérance; on crut un instant qu'il était encore vivant. Cet
espoir fut de courte durée, car en l'approchant on découvrit qu'il avait cessé
de vivre depuis quelques temps. Un peu plus loin gisait Ambroise Pépin, dont
tous les membres froids et raides annonçaient qu'il était mord depuis plusieurs
heures. On transporta au village ces deux corps sur des brancards faits pour la
circonstance. Celui de M. Bélanger fut exposé dans la maison de M. Pierre
Prince, et celui de M. Ambroise Pépin dans celle de M. le notaire
François-Xavier Pratte.
Une perte inestimable
Cette mort inattendue et si cruelle du bon et
généreux missionnaire de ces cantons fut, pour les colons de Stanfold, de
Blandford et de Somerset, un véritable coup de foudre.
Une émotion profonde avait gagné tous les coeurs
et les larmes abondantes, versées indistinctement par les hommes, les femmes et
les enfants, disaient éloquemment combien on avait su apprécier les belles
qualités de l'esprit et du coeur de M. Bélanger. Ce fut un deuil général pour
toute la colonie.
Dans l'après-midi du même jour,
les habitants de Somerset, abattus par la douleur et en proie au découragement
le plus complet, ramenèrent en leur paroisse les corps de ces deux héroïques
victimes. Trois jours après, les colons de Somerset, au milieu d'un grand
concours de personnes venues de toutes parts, déposaient dans le cimetière de
leur paroisse les dépouilles mortelles de M. Charles-Édouard
Bélanger et de M. Ambroise Pépin.
Formalité de la loi
Extrait mortuaire de M. Bélanger
et enquête authentique tenue sur son corps:
«Le vingt-sept novembre mil huit
quarante-cinq, nous, missionnaire soussigné, avons inhumé dans le cimetière de
St-Calixte-de-Somerset le corps de Messire Charles-Édouard Bélanger
missionnaire de Somerset, décédé le vingt-quatre, accidentellement, comme il
appert par l'acte du juré ci-joint, âgé de trente-deux ans et deux mois.
(Signé) Alphonse Dupuis, Ptre.
Charles Prince,
Pierre Célestin Poudrier,
François Poudrier,
Clovis Gagnon, Ptre.”
«Enquête authentique faite et
tenue de la part de Notre Souveraine Dame la Reine, dans le township de
Somerset, dans le comté de Mégantic, dans le dit district de Québec, le
vingt-sixième jour du mois de novembre de l'année mil huit cent quarante-cinq,
dans la même année du règne de Sa Majesté la Reine Victoria, par la grâce de Dieu,
Reine du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, Défenseur de la
foi, par devant Nous, Joseph-Louis Héon, à la vue et sur l'inspection du corps
du Révérend Charles-Édouard Bélanger, prêtre et missionnaire du township de
Somerset et autres lieux, alors et gisant mort sous le serment de Messieurs
Charles Prince, P.-C. Bourke, Louis Richard, Victor Chabot, J.-B. Mercure,
F.-B. Cormier, hommes bons et qualifiés du lieu susdit, notables dûment
choisis, lesquels, ayant prêté serment, et étant chargés de s'enquérir de la
part de Notre dite Souveraine Dame la Reine, quand, ou,
comment et de quelle manière est mort le dit Messire Charles-Édouard Bélanger, résidant dans le dit canton de Somerset,
déclarent que le dit Messire Charles-Édouard Bélanger a été trouvé mort le
vingt-quatre du présent mois dans le chemin de la savane, dans le township de
Stanfold, dans le comté dé Drummond, dans le district des Trois-Rivières, où il
est décédé le matin du dit jour, de bonne heure après minuit, après s'être
égaré dans la dite savane, de fatigue, de froid et de lassitude, et les dits
Jurés disent qu'il est mort de cette manière et non autrement.
En foi de quoi le dit Joseph-Louis Héon, Capitaine de Milice, a signé et
a apposé à cette enquête les seings et sceaux, les jours et an susdits.
(Signé) Joseph-Louis Héon, Capitaine de Milice.»
Ambroise Pépin, compagnon de route de M. Bélanger, était âgé de
quarante-deux ans.
Le survivant... (P.34)
I. le notaire Olivier Cormier, trois jours
après cette catastrophe qui le mit à deux doigts de la mort, put se rendre à sa
maison, située en face de l'ancienne chapelle de Somerset, à l'endroit même où
est construit le couvent. Le matin de ce même jour, il vit, de la fenêtre de sa
demeure, transporter à l'église les corps de MM. Charles-Édouard Bélanger et
d'Ambroise Pépin. Cette vue l'affecta vivement et il fut terriblement
impressionné par la pensée qu'il allait bientôt mourir.
Il tomba et demeura pendant trois mois dans une prostration affreuse, la
tête fatiguée, faisant une diète sévère, croyant à tout instant entendre sonner
sa dernière heure. Au bout de ce temps, voyant qu'il ne pouvait triompher de sa
maladie, il changea de lui-même, son régime de vie. Il se mit à voyager sur sa
terre et à charroyer son bois de chauffage. La fatigue de tous les jours eut
pour effet de ramener chez lui le sommeil; et la distraction se mettant de la
douce partie, il redevint en peu de semaines ce qu'il était auparavant, fort,
robuste, pouvant se livrer aussi facilement aux travaux de la plume qu'à ceux
des bras. On l'avouera, M. Cormier était d'une constitution fortement trempée
pour avoir pu échapper à pareil désastre. C'est lui-même qui a raconté à M.
l'abbé C.-F. Baillargeon, dans tous leurs détails, les événements qui se sont
passés en la triste nuit du 23 novembre
1845.
M.le notaire Olivier Cormier mourut à Somerset le 2 octobre 1889,
âgé de 72 ans.
Il veut voir l'endroit où est mort l'abbé
Bélanger
J'ai voulu voir de mes propres yeux, dit M. C.-F. Baillargeon, dans ses
notes, l'endroit de la savane où est mort M. Bélanger. J'ai requis, à cet
effet, les services de M. Jérémie Demers, reconnu habile coureur des bois, de
MM. Clovis et Adrien Leclerc, et, le 12 juin
1887, après les vêpres, nous nous
sommes tous quatre transportés sur les lieux. Pour y arriver, nous avons suivi
le chemin entre le cordon des septième et huitième rangs jusqu'à la terre de M.
Clovis Leclerc. Sur cette terré, nous avons parcouru cinq arpents de désert en
profondeur et sur le sens des lignes, puis deux arpents de grand bois, et nous
sommes alors tombés dans le chemin de la savane, que nous avons suivi environ
quatre arpents avant de rencontrer l'arbre que nous cherchions.
L'arbre que nous désirions examiner est un gros cèdre dont on a équarri
dans le temps une face et sur laquelle on a écrit quelques mots avec de la
Sanguine. J'ai fait pratiquer
une entaille sur ce cèdre et enlever la partie où se trouvaient les mots
écrits, pour en faire, à l'aide d'une loupe, une étude minutieuse. Plusieurs de
ces lettres étaient effacées, mais le temps en a respecté assez pour me
permettre de lire cette inscription comme suit: «Ambroise Pépin et Messire Édouard
Bélanger, décédés le 23 novembre mil
huit cent quarante-cinq.»
A la distance assez longue qui nous sépare de cet événement, dans un
temps de terrible sécheresse, alors que le ciel n'avait pas donné une seule
goutte d'eau à la terre depuis deux mois, malgré de grands défrichements de
terre faits dans les environs de la savane, le chemin était encore en certains
endroits si imprégné d'eau, qu'on sentait l'humidité à travers les plus
épaisses chaussures que nous avions choisies pour la circonstance, et ce fait à
lui seul suffit pour nous donner une idée de ce qu'était le chemin de la savane
à l'époque de la mort de M. Bélanger.
Endroit de la mort...
Ainsi, ayant tout vu et tout examiné soigneusement de mes yeux, je puis
écrire que M. Charles-Édouard Bélanger, missionnaire de Somerset, de Stanfold
et de Blandford, est mort le 24 novembre 1845, au milieu de la nuit
dans la savane de Stanfold, sur le quinzième lot du septième rang, sur la terre
défrichée par M. Louis Leclerc senior, sur la partie occupée par M.
Adrien Leclerc, à neuf arpents du chemin tracé entre les septième et huitième
rangs, à dix-neuf arpents du cordon qui sépare le septième rang du dixième, et
à deux arpents de la ligne qui divise le quinzième lot du quatorzième; dans le Gore.
Le 27 novembre 1845, le corps de M. C.-E.
Bélanger fut déposé dans le cimetière de St-Calixte-de-Somerset, à cause de
l'impossibilité de faire aucune inhumation dans la chapelle, vu l’exiguïté de
son local et la disposition des bancs et du plancher du bas qui touchait
presqu'au sol.
Douze ans plus tard, le 15 octobre 1857, lorsque l'église en
pierre fut terminée et livrée au culte, on exhuma, du cimetière, le corps de M.
C.-E. Bélanger et on en fit la translation solennelle dans les voûtes du
nouveau temple.
Dans les archives de St-Calixte
La lecture du procès-verbal de cette cérémonie funèbre, dressé et
consigné dans les archives de la cure de St-Calixte, nous fera connaître en
quelle estime et quelle vénération on tenait ce missionnaire dévoué, généreux,
tombé sur le champ de la gloire et de l'honneur, victime de son zèle
apostolique.
Extrait du registre des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse
de St-Calixte-de-Somerset pour l'année mil huit cent cinquante-sept:
«Le quinze octobre mil huit cent cinquante-sept, vu la permission
accordée par Sa Grandeur Monseigneur l'évêque de Tloa, le onze du mois dernier,
nous curé de Ste-Claire, soussigné, avons fait la levée du corps du Révérend
Charles-Édouard Bélanger, qui avait été déposé dans le cimetière de cette
paroisse le vingt-sept novembre mil huit cent quarante-cinq, et, après l'avoir
solennellement transporté dans l'église, aù milieu d'un concours immense, et
après avoir célébré un service solennel pour le repos de son âme, nous l'avons
inhumé au milieu du choeur de l'église, près du mur de refond. Monsieur
Bélanger était le fils de sieur Pierre Bélanger, maçon, et de Dame Marie Maheux,
de la paroisse de Beauport.
«Ordonné prêtre le dix-huit décembre mil
huit cent quarante et un, en même temps que nous soussigné, il fut nommé
second missionnaire de cette paroisse dans le mois d'octobre mil huit cent
quarante-quatre. M. Bélanger était entièrement dévoué au bonheur de ses
nouveaux paroissiens, et ces derniers se reposaient beaucoup sur sa capacité et
son énergie pour la prospérité de leur nouvelle colonie, lorsque; appelé pour
régler une affaire d'où dépendait le bien spirituel et temporel de ses
paroissiens, après les avoir édifiés par la célébration des Saints-Offices et
sa prédication, le dimanche, vingt-trois novembre mil huit cent quarante-cinq,
n'écoutant que son zèle ardent, malgré un temps des plus horribles, il-se
mit en marche, et, épuisé de fatigues, souffrant la faim et engourdi par le
froid, il trouva la mort dans la savane de Stanfold, à vingt arpents de
l'église actuelle de Stanfold, dans la nuit du vingt-trois au vingt-quatre
novembre mil huit cent quarante-cinq, étant âgé de trente-deux ans, deux mois
et quatre jours et universellement regretté de ses bien-aimés paroissiens.
«Le panégyrique de M. Bélanger fut prononcé avant l'absoute par le
Révérend M. Jean Langevin, curé de Beauport (1), ami et compagnon de séminaire,
comme nous,
du dit défunt, au milieu des pleurs de l'immense auditoire, qui, malgré
un temps affreux, remplissait toute l'église. Étaient présents, les Révérends
Jean Langevin, curé dé Beauport; Joseph-Calixte Marquis, curé de St-Pierre
Célestin; Narcisse Pelletier, curé de Stanfold; Joseph Béland, curé de
Ste-Julie; Félix Brunet, curé de Ste-Sophie; Joseph Matte, curé de cette
paroisse, et beaucoup d'autres qui ont signé avec nous.
Jean Langevin, ptre,
Calixte Marquis, litre, curé de St-P. C.,
Narcisse Pelletier, ptre, curé de
Stanfold,
J. O. Béland, ptre, curé de Ste-Julie,
F. Brunet; litre, curé de Ste-Sophie,
Jos Matte, ptre, curé de St-C.-de-Somerset,
Jos. Bettez,
L.-T. Bernard, ptre, curé de Ste-Claire-de-Joliette.
Lequel extrait, nous soussigné, vicaire de St-Calixte-de - Somerset,
certifions être conforme au registre original déposé dans les archives de la
dite paroisse.
Fait à St-Calixte-de-Somerset, le 23 avril 1913.
E.-A. Dupont, ptre.»
Nouveau transfert
En juin 1886, le corps de l'abbé C.-E. Bélanger fut de nouveau
transporté dans le cimetière de St-Calixte. Les restes mortels de M. l'abbé
Bélanger furent placés dans un même cercueil, avec ceux de M. l'abbé Joseph
Matte et ceux de M. Ambroise Matte, père de M. l'abbé Joseph Matte.
A l'approche du cinquantième anniversaire de la mort de M. l'abbé
Bélanger et de son compagnon Ambroise Pépin, on agita la question d'élever un
monument à la mémoire de nos deux héros, à l'endroit où ils avaient perdu la
vie.
Cette idée fut très favorablement accueillie et tous les citoyens des
Bois-Francs rivalisèrent de zèle et de générosité pour en assurer la
réalisation. Nous étions en 1890.
Monsieur l'abbé C.-F. Baillargeon, ancien curé de Stanfold, un des
principaux promoteurs de ce noble projet, voulut bien se charger du travail de
l'organisation de cette fête commémorative et de voir aux moyens à prendre pour
se procurer et élever un monument convenable.
M. l'abbé C.-F. Baillargeon fut secondé et approuvé par M. l'abbé M.
Matte, curé de Somerset, M. l'abbé P.-P. Dubé, curé de Ste-Julie, M. l'abbé
L.-A. Buisson, curé de StNorbert, M. l'abbé C.-E. Mailhot, curé de St-Louis-de
- Blandford, et par nombre de citoyens marquants des comtés d'Arthabaska et de
Mégantic.
M. Baillargeon s'adressa d'abord aux conseils de Plessisville, de
Princeville et de St-Louis-de-Blandford, qui souscrivirent une somme suffisante
pour couvrir les frais du monument, qu'on voulait inaugurer en 1895,
cinquantième anniversaire de cet événement triste et mémorable.
On avait décidé de placer ce monument aussi près que possible de
l'endroit où M. l'abbé Bélanger avait été trouvé mort.
On se dispute les restes de l'abbé
Bélanger (P.35)
I. le curé de Stanfold, M. l'abbé A.
Désaulniers, fut d'un avis contraire. Il aurait voulu que St-Calixte-de-Somerset
cédât à St-Eusèbe-de-Stanfold les ossements de M. l'abbé C.E. Bélanger, pour
les placer dans le cimetière de Stanfold, et là y ériger lé monument. Somerset
ne voulut pas acquiescer à cette proposition. Les choses étant ainsi, on crut
devoir abandonner et remettre à plus tard l'exécution de cet acte de
reconnaissance.
Ajoutons que lors de la bénédiction des cloches de Stanfold, en 1890,
Mgr Antoine Racine, premier curé de Stanfold et premier évêque de Sherbrooke,
apprenant ce louable projet, l'approuva fortement et promit d'assister à
l'inauguration de ce monument qu'on voulait élever en témoignage de
reconnaissance et de gratitude, à la mémoire de ce dévoué missionnaire, au
sujet duquel M. C. Trudelle, premier curé de Somerset, en 1850, a dit, à la
connaissance d'un grand nombre de témoins de cette lamentable épopée: «Comme
toutes les oeuvres importantes et qui, dans l'ordre de la Providence, ne
peuvent réussir qu'au prix de grands sacrifices, la colonisation des
Bois-Francs avait eu ses héros, elle venait d'avoir ses martyrs”.
C'était le baptême de sang des Bois-Francs. En effet, l'enfant, digne
fruit de l'union du patriotisme avec le dévouement, a dit quelqu'un, méritait
d'être tenu sur les fonds
baptismaux par son grand-père le sacrifice et d'être aspergé par le plus
pur sang de notre religion, le sang du prêtre.
Un voeu
En finissant, me serait-il permis d'exprimer un voeu? Pourquoi ne pas,
au moins placer une pierre tumulaire à l'endroit où M. C.-E. Bélanger est mort,
et ainsi commé-morer un événement dont les anciens des Bois-Francs nous
parlaient encore, il y a quelques années, avec tant d'émotion, en versant des
larmes? La génération qui a vu... s'en va!
Les premiers pionniers des Bois-Francs sont descendus dans la tombe;
leurs enfants sont des vieillards, et à mesure que les rangs de ces derniers
s'éclaircissent, à mesure que leurs têtes blanchies s'inclinent devant la mort
pour ne plus se relever, le jour s'assombrit, la nuit se fait sur les faits et
gestes de ces braves colons qui ont ouvert à la civilisation et donné à la
patrie le sol qui nous a vu naître, que nous exploitions et qui se refermera
bientôt aussi sur nous. La tradition locale, la belle et suave tradition des
origines des Bois-Francs, va s'affaiblissant chaque fois que nous conduisons au
cimetière l'un de ces vieillards, qui désormais, ne sera plus là pour
l'entretenir, la raviver, pour relater au coin du feu, devant les plus jeunes,
les péripéties de nos origines, les vertus, les combats, le courage de nos
prédécesseurs.
Enlèvement d'une jeune enfant par
les sauvages (indiens) Philomène Desharnais
Le printemps de 1846 fut témoin d'un drame bien navrant, d'un événement
bien tragique qui jeta la consternation dans toute la population des
Bois-Francs et dans bon nombre de paroisses du fleuve. Une jeune enfant fut
enlevée par des misérables sauvages, laissant toute une famille dans la
tristesse- et dans la désolation la plus profonde.
En 1840, M. Dominique
Desharnais et sa courageuse épouse, Rose Fortier, entendant parler de la fertilité des
terres de Stanfold, se décidèrent à venir y tenter fortune, Ils quittaient un
petit établissement dont ils étaient en possession dans la paroisse de
Sainte-Croix, comté de Lotbinière. Leur famille se composait de cinq enfants
dont l'aîné, Élie. était âgé de 20 ans. Ils achetèrent un demi-lot (partie du
26e lot du 10e rang de Stanfold), près de la grande ligne de Bulstrode, et,
quelques semaines après, ils en vendirent deux arpents à leur fils Elie, qui
s'engagea à en payer la valeur par un campeau de ce lot qu'il devait faire à la
charrue. Comme on le voit la fortune de M. Elie Desharnais n'était pas extraordinaire.
Cependant, avec son énergie indomptable et son courage héroïque, il a pu se
faire un bel établissement agricole, sur lequel il éleva sa famille, avec une
bonne aisance. En 1841, M. Elie Desharnais épousa Luce Sévigny, fille d'Alexis Sévigny et de Luce Gagnon.
C'était une femme de dévouement qui, par son amour du travail et son
esprit d'économie, a contribué, dans une large mesure à la prospérité et au
bonheur de son époux. L'année suivante; il leur naquit une enfant à laquelle
ils donnèrent le nom de Philomène. C'est cette enfant qui va jouer le rôle
dominant dans le récit qui va suivre.
Ils découvrirent un chemin...
En 1842, M. Elie Desharnais et M. Gilbert Lemay-Poudrier pénétrèrent dans l'épaisse
forêt, en arrière de leur cabane, pour se préparer des auges dont ils avaient
besoin pour faire le sucre au printemps; et, dans leur excursion, ils
découvrirent un chemin qui longeait la grande ligne de Bulstrode et qui allait
aboutir à la Rivière Bécancour, Saint-Louis-de-Blandford.
Ce chemin était praticable pour les voitures en hiver; et dans l'été, on
le parcourait à pied, mais non sans y rencontrer des marais profonds et de
périlleux endroits. Ce chemin, M. Elie Desharnais l'a souvent parcouru quand il
se rendait à Saint-Louis-de-Blandford pour se procurer les provisions de bouche
nécessaires à sa famille.
I. M. Elie Desharnais avait loué, en société
avec son frère, M. Isidore Desharnais, une sucrerie située dans Bulstrode, à
environ vingt arpents de sa demeure, non loin de la Coupe-Walker aujourd'hui,
et il était occupé à y faire du sucre dans le printemps de 1846. C'était le 14
avril, jour des Rameaux. Dans l'après-midi, Madame Desharnais se prépara à s'en
retourner à son logis, mais l'enfant manifesta un vif désir de passer la nuit à
la cabane avec son père. Le temps était bien beau et l'on pouvait offrir un bon
lit à la petite. Alors il fut décidé qu'elle passerait la nuit à la sucrerie et
que son père la conduirait à sa demeure le lendemain, dans le cours de la
journée. Après un bon sommeil, le lendemain matin, il y avait force besogne à
expédier. La nuit avait été claire; une forte gelée s'était produite et un
soleil radieux et chaud annonçait une grosse coulée.
Absence momentanée
Après avoir allumé le feu sous les chaudrons, pris toutes les
précautions pour qu'il n'arrivât aucun accident à l'enfant, et fait force
recommandations, Elie partit avec son frère pour faire la visite des érables et
cueillir l'eau. En arrivant de sa première tournée, Elie Desharnais trouva sa
petite fille assise sur le lit, pâle et paraissant en proie à une terreur
profonde.
Qu'as-tu? lui demanda-t-il.
Rien, répondit l'enfant.
A toutes les questions pressantes qui lui furent adressées, Philomène
répondait qu'elle n'avait rien vu d'étrange. Une vive préoccupation s'empara
alors de l'esprit de M. Desharnais. Cependant, les érables continuaient
toujours à donner une eau beaucoup plus sucrée et en abondance, et comme le
sucre était alors pour nos pauvres colons presque l'unique source de revenus,
il se décida, malgré une terrible répugnance, à s'éloigner une seconde fois de
la cabane, avec l'intention bien arrêtée de revenir aussitôt que possible. Il
le fit; mais en arrivant à sa cabane il n'y trouva pas sa petite fille. Quelle
déception! celle qu'il avait laissée là, une heure auparavant, n'y était plus.
Le pauvre père ne fut pas trop inquiet tout d'abord, pensant qu'elle avait
probablement pris le chemin de la maison, ennuyée qu'elle était de sa mère.
Prendre le chemin de sa demeure fut pour Desharnais l'affaire d'un
instant. Quel ne fut pas son étonnement d'apprendre qu'on n'avait ni vu ni
entendu l'enfant!
L'enfant est disparue
Figurez-vous le chagrin, le désespoir de ce pauvre père, de cette tendre
mère: l'aînée de leur famille était disparue! Où la retrouver? Un malheur lui
était-il arrivé? Comment expliquer cette subite disparition?
Immédiatement on donna l'alarme; les voisins furent prévenus. Il n'était
pas encore nuit que déjà des recherches se faisaient de tous côtés. On fouilla,
on vida tous les puits, on sonda les fondrières, on chercha dans les bois, on
ne trouva rien.
Pendant que les pauvres parents, les amis, les voisins faisaient des
recherches, les ravisseurs, de leur côté, ne restaient pas inactifs. N'ayant
pas été soupçonnés tout de suite, ils avaient eu le temps de faire une longue
route, favorisés qu'ils étaient par l'état de la forêt à cette saison de
l'année, la neige étant toute disparue et leur passage ne laissant pas de
traces.
Dès que le jour reparut, on se remit à faire une battue dans la forêt.
On apprit de source à peu près certaine que des sauvages avaient été vus près
de la rivière Nicolet. Madame Desharnais eut comme une intuition que son enfant
avait été enlevée par eux.
On organise des recherches
On s'organisa par bandes et l'on parcourut toute la forêt comprise entre
les rivières Nicolet et Bécancour; plus de cent hommes prirent part à ces
recherches. Vains efforts, toutes ces démarches ne donnèrent aucun résultat.
On ne trouva pas l'enfant, on ne découvrit pas d'indices qu'elle avait
été enlevée ou dévorée par les ours ou les loups qui, très souvent, étaient vus
ou entendus dans les environs.
On abandonna les perquisitions, les recherches, mais la pauvre mère
restait convaincue que son enfant n'était pas morte, qu'elle vivait en
possession de cruels sauvages et que, Dieu aidant, elle retrouverait cette
pauvre petite martyre. Aussi, que de prières ferventes ne faisait-elle pas, cette
pauvre mère désolée!
Un indice
Des indiscrétions commises par certains sauvages eurent pour effet de
fixer l'attention. On apprit par ces racontars que des sauvages étrangers à la
tribu des Abénakis, dans le but de se venger de certaines prétendues injustices,
avaient enlevé une petite fille blanche; mais on ne disait pas dans quelle
partie du pays avait été commis le vol, ni où se trouvait la captive.
Durant le temps que l'on faisait des conjectures, la pauvre petite fille
était bel et bien en la possession de sauvages qui, pour éviter d'être
appréhendés, emmenèrent leur petite captive avec eux jusqu'au Saguenay, où ils
demeurèrent tout l'été et l'hiver suivant.
Pendant tout ce laps de temps, la pauvre petite fille avait à souffrir
les plus cruels tourments de la part de ses ravisseurs.
Ils lui arrachaient les cils, les sourcils, lui faisaient brûler les
ongles des doigts et des orteils dans dés fourneaux de calumet. On lui
enduisait le corps d'une matière grasse, et on l'exposait ainsi à la fumée d'un
bûcher, dans le seul but de lui donner une couleur basanée comme celle des
enfants des bois.
On pratiquait sur le corps de la pauvre petite captive tous les
tourments, toutes les tortures que la cruauté et la barbarie les plus raffinées
pouvaient suggérer.
Les ravisseurs reviennent aux
Trois-Rivières
Au printemps de 1847, à l'ouverture de la navigation, nos sauvages
revinrent par la voie du St-Maurice aux Trois-Rivières.
De là, ils traversèrent le St-Laurent et se rendirent à St-Grégoire. La
surveillance étrange dont ils entouraient leur prétendue enfant éveilla les
soupçons et attira l'attention des gens. Cette enfant, se disait-on
n'appartient certainement pas à ces sauvages nouvellement arrivés. Le souvenir
de la petite fille enlevée à Stanfold, l'année précédente, les confirmait
davantage dans cette supposition qui, du reste, était bien fondée.
Par des moyens détournés, surtout en faisant parler la petite, on
constata, à ne plus douter, qu'elle était réellement de famille canadienne;
car, bien qu'elle s'exprimât assez bien en faisant usage de la langue de ses
détenteurs, son accent canadien la trahissait.
Les sauvages, eux, se voyaient à une assez grande distance de l'endroit
où ils avaient accompli leur vol criminel et barbare, au milieu d'une population
de cultivateurs qui semblaient ignorer complètement ce qui en était, se
croyaient en parfaite sécurité.
Ils vivaient sans inquiétude et sans crainte, comptant toujours garder
cette victime qu'ils avaient ravie à l'affection de ses parents.
La petite victime est rendue aux parents
Une demoiselle Hébert, qui visitait assez souvent les sauvages de
l'endroit et qui possédait leur confiance, eut l'idée d'arracher des mains dé
ces misérables la petite esclave.
On avisa donc avec beaucoup de prudence aux moyens d'opérer la
délivrance de la petite prisonnière. Un moment favorable se présenta. Mlle
Hébert et un M. Larivière, de St-Grégoire, enlevèrent secrètement la petite
Philomène et la firent conduire chez ses parents à Stanfold.
Je n'entreprendrai pas de décrire le bonheur que goûtèrent ces heureux
parents en revoyant au milieu d'eux celle qu'ils pleuraient depuis plus d'un an
et qu'ils n'espéraient plus revoir sur cette terre.
La joie semblait être revenue dans cette demeure depuis si longtemps désolée.
Mais hélas! cette tranquillité devait être de courte durée. Après trois
mois de recherches, de perquisitions comme savent en faire les sauvages, ils
apprirent que l'enfant était entre les mains de ses parents.
Les ravisseurs veulent la reprendre
Ils ourdirent de nouveau l'infâme projet de la ravir. C'est alors qu'on
vit arriver dans le canton de Stanfold ces indignes voleurs d'enfants. La
présence de ces sauvages jeta l'alarme et l'émoi dans la localité. La famille
Desharnais, plus que toute autre, avait raison de craindre et d'être dans la
consternation. L'idée que le malheur de l'année précédente pouvait se
renouveler, que leur enfant pouvait être de nouveau enlevée, était pour eux un
cruel martyre.
Car il n'y avait pas à en douter, ces misérables voulaient se venger et
reconquérir leur proie.
Que d'inquiétudes, que de soucis donc pour ces infortunés parents!
Témoin des perquisitions que les sauvages faisaient dans les environs de
sa demeure, craignant avec grande raison que les sauvages lui ravissent de
nouveau sa chère enfant, M. Desharnais était obligé de la tenir continuellement
cachée.
Elle est placée dans un couvent à
Ste-Croix
En face d'un pareil danger, M. Desharnais prit le sage parti de la
conduire à Ste-Croix, comté de Lotbinière, et la plaça au couvent, sous les
soins d'une de ses soeurs faisant partie de la communauté.
Cette fois, on la croyait enfin en lieu sûr et les
parents espéraient que leurs craintes allaient se dissiper. Illusions! les
sauvages apprirent par leurs amis le lieu de la retraite de leur victime. Se
rendre à Ste-Croix fut pour eux l'affaire d'un instant, et là, ils tentèrent de
se faire livrer l'enfant, qu'ils réclamaient comme leur appartenant, menaçant
de faire brûler la maison si on ne s'exécutait pas de bonne grâce. Ce ne fut
que par l'intervention des autorités civiles que l'on réussit à les faire
déguerpir.
Par crainte, elle est placée à la
maison-mère à Québec (P.36)
Craignant que le séjour de la petite fille chez elles ne fût la cause de
voies de fait de la part des sauvages, les dames religieuses prirent le parti
de diriger leur petite pensionnaire
du côté de Québec; où elle fut placée dans leur maison-mère; là, enfin,
elle se trouva en parfaite sécurité.
Philomène Desharnais ne revint que longtemps après chez, ses parents,
qui purent enfin jouir sans crainte de la présence de leur enfant bien-aimée.
Mademoiselle Philomène Desharnais épousait, quelques années plus tard,
Monsieur Esdras Beaudet, du canton de Stanfold.
M. Esdras Beaudet est décédé en 1895, tandis que son épouse, Philomène
Desharnais, décédait en 1917. Elle était la mère de M. l'abbé Alfred Beaudet,
autrefois professeur au
Séminaire de Nicolet et présentement retiré à la paroisse
Notre-Dame-de-l'Assomption de Victoriaville.
La hardiesse et le
travail surmontent les plus grands obstacles.
Fénélon.
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Autre enlèvement à St-Eusèbe-de-Stanfold
(P.36)
Napoléon
Grenier, enfant de Antoine Grenier et de Marcelline Bélanger
Neuf années s'étaient écoulées depuis l'enlèvement de l'enfant d'Élie
Desharnais. On avait presque mis en oubli ce drame terrible; on avait la
certitude que pareille chose ne se renouvellerait jamais. Les défrichements
étaient agrandis; on vivait maintenant dans une campagne ouverte de tous côtés,
les bois étaient plus éloignés des maisons, les voisins vivaient plus
rapprochés, la population était presque double de ce qu'elle était neuf ans
auparavant, la circulation dans le chemin publie était presque continuelle. Il
semblait qu'on n'avait plus rien à craindre des incursions des sauvages, que
l'on ne voyait d'ailleurs que très rarement. Comme il n'y avait plus dé chasse,
ils ne venaient dans les parages de Stanfold que pour vendre leurs paniers et
autres marchandises. Enfin, on vivait dans la plus complète sécurité.
Le 25 avril 1855, un brave citoyen du 9e rang du canton de Stanfold,
Monsieur Antoine Grenier, cultivateur, était occupé à des travaux de
défrichement, à quelques arpents de sa demeure.
Absence momentanée
Son épouse était restée à la maison avec ses enfants, au nombre de
trois. Elle eut à s'absenter chez une voisine, pour aller chercher un
instrument dont elle avait besoin pour travailler au métier à tisser.
Madame Grenier revint de suite reprendre
le soin de sa maison.
Mais quelle ne fut pas sa stupéfaction, son horreur, en entrant chez
elle, de trouver deux de ses enfants en pleurs, tout transis d'effroi,
incapables de proférer une parole, et le troisième, son fils âgé d'environ
quatre ans, disparu!
A l'instant, l'enlèvement de l'enfant de M. Desharnais lui revint à la
mémoire et le récit des tortures endurées par la pauvre petite martyre repassa
devant ses yeux, imprimé en lettres de sang. Quel in moment pour une mère!
L'aînée des enfants laissés à la maison pendant son absence, déclara,
aussitôt qu'elle fut revenue de sa frayeur et put parler, que son frère avait
été emporté par un gros homme noir, qui était entré dans la maison aussitôt
après le départ de sa mère. La petite fille ajouta qu'elle avait eu tant peur, qu'elle
n'avait pas regardé partir le voleur de son petit frère et qu'elle ne savait
pas de quel côté il était allé.
L'événement fut connu à l'instant de toute la population de Stanfold et
de Blandford. Ce fut comme un courant électrique, atteignant tous les pères et
les mères de famille de toute la région.
On sentait que tous les parents étaient menacés, exposés au même danger.
Aussi, il fallait voir l'empressement que l'on mettait à faire des recherches
dans toutes les directions; les grandes forêts de Stanfold, Bulstrode et Aston
étaient littéralement couvertes d'hommes armés de pied en cap. Vains efforts.
Toutes les courses organisées furent inutiles. L'enfant était perdu, sans
espoir, semblait-il, de le retrouver jamais.
Après plusieurs années
Plusieurs années se sont écoulées. Madame Grenier, devenue veuve, émigra
aux États-Unis avec ses enfants. Pendant son séjour à Lewiston, un jeune homme,
logeant dans la même maison de pension que la famille Grenier, entra en
relations assez intimes avec une des demoiselles Grenier. Madame Grenier,
voulant se renseigner sur ce jeune homme, interrogea la maîtresse de la maison.
Celle-ci lui répondit que le jeune homme lui semblait un gentil garçon et qu'il
leur avait raconté une histoire assez étrange. Étant enfant, il aurait été
enlevé par des sauvages. Devenu plus grand, il serait parvenu à s'échapper de
leurs mains et se serait rendu aux États-Unis.
Ce récit intrigua tout naturellement Madame Grenier, qui ne put
s'empêcher de penser immédiatement à son enfant qu'elle savait avoir été volé
par les sauvages alors qu'elle demeurait à Stanfold. Une lueur d'espérance
traversa son âme et pénétra son coeur de mère.
Il n'est pas impossible, se disait-elle, dans son vif désir de retrouver
son enfant; que ce soit lui.
Anxieuse d'éclaircir cette affaire un peu mystérieuse,
Madame Grenier, prudemment. prit de nouvelles informations, employa tous
les moyens à sa disposition pour arriver
à la solution de ce problème qui l'intéressait au suprême degré.
Enfin, elle arriva à la certitude que ce jeune homme était bien son
enfant.
Version d'un citoyen de Stanfold
Cette coïncidence, cette reconnaissance, qui semble un peu romanesque,
n'en est pas moins, selon la version d'un brave homme, ancien citoyen de
Stanfold, l'exacte vérité. Cet homme, que j'ai tout lieu de croire digne de foi
et bien renseigné; me disait qu'il avait bien connu la famille Grenier, alors
qu'il était à Stanfold, qu'il demeurait dans le même canton. Il pouvait avoir
une quinzaine d'années quand l'enfant Grenier fut volé par les sauvages
(indiens). Émigré lui aussi aux
États-Unis, il eut connaissance et fut, pour ainsi dire témoin de cette
heureuse et inattendue rencontre.
Ce bon vieillard me racontait encore que vers le même temps où le jeune
Grenier fut enlevé par les sauvages, une petite fille de M. François Vasseur et
de Mme Josephte Verville, âgée de six ans, avait failli être la victime d'un
pareil enlèvement. Elle était allée cueillir des framboises, non loin des
bâtiments. Un sauvage, en embuscade, était sur le point de s'emparer de
l'enfant et de s'enfuir avec elle, lorsque, tout à coup, un homme, allant à
course de cheval, chercher le prêtre pour un malade, arriva providentiellement
à cet endroit. En voyant cet homme, le sauvage abandonna sa proie et prit la
fuite en se dirigeant vers la forêt.
Grâce à cette heureuse circonstance; la petite fille échappa à toutes
les misères de la vie des bois, et à toutes les souffrances que ces ravisseurs
barbares avaient l'habitude
de faire endurer aux enfants des Blancs malheureusement devenus leurs
victimes.
Hécatombe à St-Eusèbe-de-Stanfold
(p.36)
Dans la nuit du mardi au
mercredi 20-21 juillet 1862
Dans la nuit du 20 au 21 juillet de l'année 1862, la paroisse de
St-Eusèbe-de-Stanfold fut le théâtre d'un drame qui jeta la stupeur et l'effroi
parmi tous les gens des Bois-Francs. Une
femme accomplissait un acte des plus lamentables et des plus horribles,
une mère de famille, dans un moment de découragement, de désespoir, égorgeait
ses propres enfants. Elle avait bien déjà donné des signes d'aliénation
mentale, mais personne ne pouvait supposer qu'elle en viendrait à perpétrer un
massacre dont le seul récit fait frémir de frayeur. Au commencement de juillet
1862, Fabien Bourret laissait St-Eusèbe-de-Stanfold dans le but de gagner la
vie de ses nombreux enfants et de leur pauvre mère. Il se rendit dans les
environs de Sherbrooke pour y faire la récolte du foin. Les années précédentes
il avait déjà fait des voyages semblables. Ces absences duraient un mois, un mois
et demi.
En 1862, Fabien Bourret entreprit un nouveau voyage du même genre. II
laissa chez lui son épouse, née Domithilde Laventure, (1) et sept enfants, dont
la plus âgée avait treize
ans; une autre de ses enfants, l'aînée, âgée de quatorze ans, demeurait
dans la paroisse voisine, St-Norbert-d'Arthabaska, chez un de ses oncles.
Domithilde Laventure, comme toutes les bonnes épouses, les mères de
famille dévouées, ne laissait pas à son mari le soin de pourvoir seul aux
besoins de sa nombreuse famille; au contraire, elle faisait tout en son pouvoir
pour aider, par son travail incessant, au maintien, à la nourriture et à
l'entretien de ses enfants.
Aussi, la voyait-on toujours occupée, toujours travaillant à procurer le
bien-être à ceux que Dieu lui avait confiés. Quelques jours avant le départ de
son mari, elle était allée chez une voisine chercher de l'ouvrage, du filage
dont son amie devait lui payer le coût en nature, en effets qui devaient servir
à la nourriture de ses enfants.
La voisine amie, confiante en son honnêteté, en lui donnant les effets
qu'elle devait travailler chez elle, lui remit en même temps une partie du
paiement de son travail, sous forme de provisions de bouche.
Quelques jours après le départ de Bourret pour les Etats-Unis, un dimanche
après-midi, 20
juillet, Domithilde Laventure se
rendait chez sa voisine amie, rapportant avec elle l'ouvrage
qu'elle lui avait confié, en même
temps ce qu'elle avait eu de provisions, en paiement de son
futur travail.
Elle arriva en disant qu'elle avait trop présumé de ses forces, qu'elle
prévoyait ne jamais être capable de remplir sa promesse, et, ne voulant pas
tromper son amie, elle préférait lui rapporter son ouvrage et le paiement
qu'elle avait bien voulu lui en faire d'avance, et elle ajoutait que quelque
chose lui faisait pressentir qu'elle mourrait sous peu, et, ne voulant pas être
engagée en faisant tort à quelqu'un, elle préférait rapporter ce que son amie
lui avait mis en main, qu'ainsi elle serait sans inquiétude de ce côté.
Démarche surprenante
L'amie fut très surprise des démarches de sa pauvre voisine; après lui
avait dit qu'elle avait tort de se décourager, elle tâcha de la réconforter et
lui inspirer confiance en l'avenir, en lui disant qu'elle devait avoir bientôt
de l'aide par ses enfants, qui ne manqueraient pas de donner à leurs parents
les secours dont ils auraient besoin, et que bientôt, Dieu aidant, ils
vivraient tous ensemble heureux et prospères.
Les sages conseils de son amie parurent lui faire du bien, et en partant
pour retourner chez elle, elle lui dit un amical bonsoir.
Cela n'empêcha pas Domithilde Laventure de se rendre chez ses autres
voisines, leur faire une visite, ce qui n'était pas dans ses habitudes, car
elle ne sortait jamais de sa (1) Page
271. Le 11 janvier 1847, Fabien Bourret, fils de Joseph Bourret et de Geneviève
Lafaure, de la paroisse de St-Eusèbe-de Stanfold, avait épousé à
St-Calixte-de-Somerset, Mathilde (Domithilde) Laventure, fille de Pierre
Lavertu et de Geneviève Syl vestre, aussi de St-Eusèbe-de-Stanfold. maisonnette.
Là encore, elle faisait un récit de ses inquiétudes, de ses appréhensions d'une
mort prochaine.
Ses voisines tâchèrent de la consoler, de l'encourager, en lui disant
qu'elle était malade, que l'ennui causé par le départ de son mari allait
disparaître aussitôt la réception de la première lettre. qu'il ne tarderait pas
à écrire.
Vains efforts de la part des voisines. La pauvre femme ne voulait pas se
rendre à leurs sages conseils de ne plus penser à de si tristes choses.
Une de ses amies lui disait qu'elle était malade, que la fièvre dont
elle était menacée, une fois disparue, tout rentrerait dans le calme, et alors
elle serait ce qu'elle avait toujours été jusque là, pleine de courage et
d'énergie, ne penserait plus à mourir, mais plutôt à vivre, afin de pouvoir
faire ce qu'elle avait toujours fait jusqu'alors: travailler pour élever ses
nombreux enfants.
Une amie lui conseillait, avant de partir de chez elle, de ne pas tarder
à se soigner, en prenant, dès le soir même, un bain bien chaud, et le
lendemain, à bonne heure, elle irait la voir pour lui prodiguer ses soins, si
toutefois elle n'était pas mieux.
La Fabien Bourret paraissait contente de l'offre de sa bonne voisine, et
partait en souhaitant le bonsoir à son amie.
L'ainée veut lui dire bonjour
Pendant qu'elle faisait ses visites chez ses voisines, l'aînée de ses
enfants, venue le matin même, de St-Norbert - d'Arthabaska était à la maison,
lorsqu'elle arriva.
La jeune fille dit à sa mère qu'elle ne voulait pas partir sans lui
souhaiter le bonsoir. La mère fit beaucoup d'instances auprès de sa fille pour
l'engager à, passer la nuit avec
elle, mais l'enfant après avoir passé la veillée à la maison, alla
coucher chez une amie.
On se sépara vers dix heures et demie.
Il avait été convenu la veille au soir, que la jeune fille, avant de
partir pour St-Norbert, viendrait voir comment était sa mère et lui souhaiter
le bonjour.
Quelle ne fut pas la surprise de l'enfant de trouver la porte d'entrée
de la maison barricadée en dedans, et la seule fenêtre qu'il y eût,
hermétiquement fermée! Après avoir vainement frappé et appelé, elle aperçoit,
par une petite ouverture de la porte, sa pauvre mère étendue sur le plancher,
immobile et ne paraissant pas donner signe de vie! Affolée, elle part, en toute
hâte, avertir le plus proche voisin de ce qu'elle venait de voir.
Les voisins accourent
On revient immédiatement, on essaie d'ouvrir la porte; rien ne cède;
alors on se fait une entrée à coups de hache. Spectacle horrible: la maison est
transformée en abattoir huit cadavres sont là gisant dans le sang!
Voyez devant vous une chaumière de dix-huit pieds de langueur par une
largeur de quinze pieds environ, toute basse n'ayant qu'une porte et un petit
châssis, des planchers tout rabotteux et disjoints, de petites couchettes
faites avec du bois rond, une petite table, quelques chaises plus ou moins
boiteuses, un poêle; voilà l'ameublement de cette pauvre demeure! ajoutez à
cela du sang, toujours du sang, couvrant le plancher et les pauvres meubles.
Trois cadavres sont dans le haut de la maison; le sang
de ces pauvres victimes, après avoir coulé à flots à travers le plancher
disjoint du haut de la maison, s'écoule maintenant goutte à goutte et reste
figé, coagulé, suspendu aux poutres et au plancher.
La plus âgée des victimes avait dû opposer beaucoup de
résistance à la pauvre mère! Elle avait été frappée de sept coups de hache dans
le dos; quelques-uns de ces coups de hache la traversaient de part en part. Un
enfant de quatre ans avait le cou coupé, la tête n'étant retenue que par un
lambeau de chair. Les cinq autres baignaient dans leur sang. La pauvre mère
avait mis fin à ses jours en se coupant le cou avec un rasoir.
Spectacle terrifiant
Ce n'était pas un malheur domestique, c'était un malheur public. Tous
les citoyens, non seulement de la paroisse de Stanfold, mais aussi ceux des
paroisses environnantes, étaient dans le deuil, dans la consternation.
On ne pouvait croire qu'une mère pût en venir à un tel état de démence
et être l'auteur d'un tel forfait.
Etait-il possible qu'une mère, même en proie à la folie, aurait poussé
la barbarie jusqu'à égorger ses propres enfants?
On ne savait que penser.
Des soupçons, des conjectures furent à l'ordre du jour. Une main
criminelle ou étrangère ne serait-elle pas la vrai aurait poussé la barbarie
jusqu'à égorger ses propres enfants?
On ne savait que penser.
Des soupçons, des conjectures furent à l'ordre du jour. Une main
criminelle ou étrangère ne serait-elle pas la vrai coupable?
Même, ô horreur! on en vint jusqu'à laisser planer des doutes sur la
possibilité de culpabilité du père lui-même. On crut devoir députer quelqu'un
pour aller s'enquérir des faits et gestes de Fabien Bourret, le jour et l'heure
où s'accomplissait ce multiple meurtre. On ne fut pas lent à constater qu'à ce
moment, Bourret était chez son bourgeois et bien loin, hélas! de penser au
malheur qui l'attendait.
Verdict du coroner Poisson
D'ailleurs, l'enquête présidée par le docteur Médéric Poisson, coroner
du district d'Arthabaska. prouva complètement que Mathilde alias Domithilde
Laventure était, bien que trop malheureusement elle-même, l'auteur de ce crime
atroce.
Le rasoir qu'elle tenait dans sa main gauche, (elle était gauchère) ne
pouvait laisser aucun doute qu'après avoir mis à mort ses enfants, elle avait
mis fin à ses jours en se tranchant la gorge.
Le vingt-cinq juillet au matin, huit voitures, portant chacune un
cercueil, défilèrent en face de l'église de St-Eusèbe-de-Stanfold. Plus de cent
voitures, tant de la paroisse que des paroisses environnantes, formaient le
cortège funèbre. La tristesse la plus profonde était peinte sur toutes les
figures. Le père faisait peine à voir, accablé qu'il était par la douleur.
Province de Québec,
Enquête du Coroner,
District d'Arthabaska.
(P.37)
Attendu qu'une enquête a été, ce jour, tenue à la
vue des corps de Domithilde Laventure, femme Bourret, laquelle s'est suicidée
en se coupant la gorge avec un rasoir, dans un moment d'aliénation mentale, et
de Délima Bourret, de Marie Elise, de Ludger, de Joséphine, de Julie, d'Adélard
et d'Olivier Bourret, tous sept enfants de la dite Domithilde Laventure,
lesquels ont été massacrés par leur dite mère, lorsque cette dernière était
dans un moment d'aliénation mentale, tous, lesquels corps, sont maintenant
gisant dans votre paroisse. Ces présentes sont en conséquence pour certifier
que vous pouvez légalement permettre que leurs corps soient enterrés.
Et pour ce faire ceci est votre garant.
Donné à Princeville, ce vingt-unième jour de
juillet de l'an mil huit cent soixante-deux.
Sous mon seing et sceau,
Urgel
Mederick Poisson,
Coronaire (Coroner) d'Arthabaska.
Inscrit
aux registres
Au Rév. Messire Pelletier, curé de St-Eusèbe-de -
Stanfold, et à tous les autres que les présentes pourront concerner:
Le vingt-cinq juillet mil huit cent
soixante-deux, nous, prêtre curé soussigné, avons inhumé, dans le cimetière de
cette paroisse, les corps de Domithilde alias Mathilde Laventure, épouse de Fabien Bourret, qui
s'est suicidée le vingt et un du courant, en cette paroisse, à l'âge de
trente-trois ans, sous l'influence de la folie, après avoir égorgé sept de ses
enfants, dont les noms suivent comme il appert par le verdict du coronaire
(coroner), Marie Rose de Lima, âgée de treize ans, de Sophie, Marie Mérélice,
alias Elise, âgée de onze ans, de Fabien Ludger Napoléon, âgé de neuf ans,
Joséphine, âgée de six ans, de Marie Julie, âgée de quatre ans, de Henri
Adélard, âgé de deux ans, et de Olivier, âgé de quatre mois et cinq jours, tous
sept enfants de Fabien Bourret et de défunte Domithilde alias Mathilde
Laventure.
Parents:
Pierre Coulombe et
Augustin Poisson,
ainsi qu'un grand nombre d'autres qui n'ont pu
signer. N. Pelletier, Ptre.
La maison est
incendiée
La maison qui avait été le théâtre de ce drame terrible
ne fut pas laissée longtemps debout; on la fit brûler pour effacer toute trace
de ce sinistre hécatombe.
Fabien Bourret fut inhumé à St-Eusèbe-de-Stanfold
le 9 février 1907. Il était alors veuf de Adélaîde Chandonnet.
___________________________________________________________________________
Annecdote Léon Pépin (P.38)
Léon Pépin naquit à Gentilly, le 12 août
1822. II était le fils de Joseph Pépin et de Angélique Brunel. Le 15 février
1849, il épousa à Gentilly, Julie Beaufort-Brunel, fille de Isaac et de Agathe
Lacerte. En 1851, Léon Pépin vint s'établir dans les Bois-Francs. Pendant trois
ans, il défriche une terre dans Stanfold. Il commençait à y gagner sa vie sans
misère.
Mais voilà qu'au milieu de la nuit, au fin coeur de l'hiver, un huissier
se présente à l'humble logis de Pépin et l'oblige à déguerpir sans délai. Le
pauvre occupant fut obligé d'aller passer le reste de la nuit, avec sa femme et
un jeune enfant, dans une ancienne perlasserie, espèce de caveau, sans feu et
exposés à tous les vents. La terre appartenait à ce fameux William Wilson, que
l'on pourrait appeler le bourreau des premiers colons de Stanfold.
Le coeur saigne encore quand on lit l'histoire des souffrances terribles
qu'ont endurées un bon nombre des premiers colons des Bois-Francs. Et encore
une fois, nos amis de l'Ontario oseront-ils dire que les Canadiens-Français ont
persécuté les Anglo-Saxons propriétaires d'une partie des Cantons de l'Est?
L'histoire est là pour dire bien haut que les persécuteurs ne furent pas
les Canadiens, mais bel et bien les Anglais. Léon Pépin, plein de courage, alla
se fixer sur le 8e lot du 8e rang de Stanfold, et y demeura 18 ans. En 1876, il
acheta une maison dans le village de Princeville: Cette maison a une histoire
qu'il convient de signaler. Elle avait été dans le passé la propriété de M.
Pierre Prince, fondateur du village de Princeville.
Dans l'hiver de 1840, M. Denis Marcoux, vicaire à Gentilly, dit la messe
dans cette maison. C'était la première fois que la messe était célébrée dans
cette partie de la paroisse de Stanfold qui forme aujourd'hui le village de
Princeville. Avant cela, la mission avait lieu dans le canton de Stanfold, à
l'endroit appelé «la Rivière Nicolet» chez M. Édouard Leclerc.
Léon Pépin mourut dans le village de Princeville,
le 10 août 1898, âgé de 76 ans. C'était le père de Frank Pépin, de Princeville,
et le beau-père de Rodolphe Boisvert de Victoriaville.
Un voyage à Québec
Français vs Anglais
Un jour M. Pierre Richard, avec quelques compagnons de Stanfold, part
pour Québec, chercher des marchandises. Dans ce temps-là, il fallait faire le
voyage de Stanfold à Québec en voiture. On suivait le chemin passant par
Inverness. La descente se fit sans accident, sans contre-temps. Il n'en fut pas
de même au retour. Arrivés dans Inverness, nos voyageurs se virent tout à coup
en présence d'une barrière nouvellement installée et au-delà, une douzaine
d'Anglais armés de haches, de fourches et de bâtons, menaçaient de leur faire
un mauvais parti, s'ils osaient aller plus loin.
La position n'était pas souriante. Retourner sur leurs pas ce n'était
pas chose agréable; braver ces forcenés, il y avait certainement danger.
Mais nos vieux Canadiens n'ont jamais pris peur à l'approche d'un
fanfaron, et ont toujours été de taille à défendre leurs droits et à mettre à
la raison d'injustes agresseurs.
Idée ingénieuse
Alors, M. P. Richard se rappela qu'il avait dans sa voiture une boîte de
faulx et que c'était le temps de les étrenner, en fauchant ces mauvaises
herbes. On délibéra quelque temps. On comprenait le danger qu'il y avait à
engager un tel combat, mais enfin se dit-on: «il faut passer».
Qui fut dit fut fait. Chacun prend une faulx, et d'un seul bond, on
franchi la barrière, brandissant ces sabres brillants, improvisés pour la
circonstance.
En un clin d'oeil, nos braves agresseurs avaient pris le bois et laissé
le chemin libre à nos paisibles voyageurs.
De retour à la maison, M. Pierre Richard et ses compagnons racontaient
avec un légitime orgueil comment ils s'étaient débarrassés de ces dévaliseurs
de grands chemins, et les avaient envoyés se promener dans la forêt.
Cette anecdote et d'autres racontées par M. St-Amant, dans son histoire
de l'Avenir, ne sont pas de nature à prouver la vérité des accusations portées
contre les Canadiens-Français: à savoir qu'ils ont persécuté et chassé les
Anglais des Cantons de l'Est.
La vérité vraie
On crie bien haut de nos jours contre cette prétendue persécution. Quels
sont les faits que l'on apporte à l'appui de ces criailleries? La vérité, c'est
que ce sont les Anglais qui ont tracassé les colons canadiens au début de la
colonisation des Bois-Francs. La grande partie des cantons des Bois-Francs fut
octroyée à des miliciens anglais. Bien peu vinrent se fixer et défricher leurs
terres. La plupart ne s'occupèrent nullement de faire de la colonisation.
Ces terres étant vacantes, les colons canadiens se mirent à les
défricher. Les propriétaires ne firent tout d'abord aucune réclamation; mais
lorsque les terres furent passablement défrichées, mises en valeur, ils firent
leur apparition, demandèrent des prix exorbitants que la plupart des colons
étaient incapables de payer. Charles Houle fut un de ceux qui purent garder
leurs terres et jouir du fruit de leurs travaux, mais au prix de quels sacrifices.
Un chanceux
Joseph Houle, garçon de Charles, disait: «Notre terre nous a coûté bien
des sueurs et beaucoup d'argent. Je crois, ajoutait-il, que si tout l'argent
qu'il nous a fallu donner au propriétaire anglais était en billets d'une
piastre, nous pourrions couvrir une bonne partie de notre terre.»
Houle a pu cependant garder sa terre; il n'en fut pas de même de
certains autres colons. Ainsi, Joseph Deshayes et David-Régis Pard, établis
dans les environs de Charles Houle, n'étant pas capables de payer ce qu'on leur
demandait, furent obligés de déloger. Ils avaient droit raisonnablement à une
indemnité pour leur ouvrage. Les propriétaires anglais les payèrent en disant:
«Vous aviez beau à ne pas travailler sur nos terres! On ne vous doit rien! »
Deshayes et Pard reprirent le chemin de la forêt et allèrent se fixer
dans le canton de Tingwick (aujourd'hui St-Rémi) où ils commencèrent le
défrichement de nouvelles terres.
Aux premiers jours des Bois-Francs, Joseph Deshayes et David-Régis Pard
avaient quitté Bécancour et étaient venus se fixer à Stanfold, à un demi-mille
environ en bas du village de Princeville. Leur intention était de pouvoir
établir plus facilement leurs garçons.
Malheureusement pour eux, les lots qu'ils prirent avaient été concédés à
un Anglais qui fit le mort jusqu'à ce que les lots furent en grande partie
défrichés. Alors, usant de ses droits de propriétaire, cet Anglais qui, sans
doute, souffrait beaucoup de francophobie, jugea l'occasion favorable de
dévorer d'un même coup de dents ces deux pauvres Canadiens-Français. Celui-ci
donc les chassa impitoyablement de leurs terres, sans les indemniser le moins
du monde de la plus-value que le travail de deux familles, pendant vingt ans,
avait apporte a sa propriété.
Sans se décourager, Joseph Deshayes et David-Régis Pard s'enfoncèrent
dans la forêt, à quinze lieues plus loin, dans le rang le plus reculé du
Township de Tingwick, y prirent des terres pour eux et leurs enfants et
recommencèrent à neuf de nouveaux établissements.
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Stanfold Communiants
en 1839 (P.39)
les noms ont été retirés et
mis dans la section famille (J.P).
Voir http://www.societehistoireprinceville.com/Photo_Familles.HTM
___________________________________________________________________
Charles Prince (p.44)
Charles Prince (Charles à Guenne) et Françoise Christian étaient dans
les Pointes Bulstrode vers 1837. C'est sur leur terre que fut érigé le petit
cimetière des Pointes de Bulstrode. En 1848, ils sont résidants sur le chemin
Warwick, où ils tiennent une hôtellerie pour les voyageurs.
Françoise Christian mourut à St-Eusèbe-de-Stanfold, âgée de 47 ans, et
son époux, Charles Prince, mourut au même endroit le 9 septembre 1861, âgé de
59 ans.
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M. l'abbé Narcisse Pelletier (P.47)
M. l'abbé Narcisse Pelletier naquit à
St-Roch-des-Aulnaies, comté de l'Islet, le 17 janvier 1820, de François-Roch
Pelletier et de Josephte Miville, fit ses études à Ste-Anne-de-la-Pocatière et
fut ordonné à Québec, le ler octobre 1848. Vicaire à St-François-du-Lac
(1848-1849), au Cap-Santé (1849-1850), encore à St-François-du-Lac (1850-1851),
à Ste-Anne-de-la-Pérade (1851-1852); curé de Stanfold (1852-1874), avec
desserte de Blandford (1852-1862); décédé à Stanfold, le 13 juillet 1874.
M. l'abbé Pierre Roy
M. l'abbé Pierre Roy naquit à Nicolet, le 27
Juliet 1824, de François Roy et d'Angèle Hallé, fit ses études à Nicolet, où il
fut ordonné le 18 septembre 1852; vicaire à Yamachiche (1852-1854); curé de
Kingsey (1854-1855), de St-Norbert d'Arthabaska (1855-1878), où il est décédé
le 4 janvier 1878.
M. Onésime Caron
I. Onésime
Caron, un des fondateurs et le premier rédacteur de «L'Union des Cantons de
l'Est», était le fils de Moîse Caron et de Marie-Louise Gélinas, de
Louiseville, comté de Maskinongé, où il fut baptisé le 9 septembre 1841. Il
entra au séminaire de Nicolet en 1856 et en sortit en 1863.
II étudia le droit et fut admis au barreau en
1866. A l'automne de 1866, il accepta la rédaction de «L'Union des Cantons de
l'Est», charge qu'il occupa pendant un an.
I. Onésime
Gagnon, époux de Marie-Esther Barthelot, se noya accidentellement à
St-François-du-Lac, le 14 août 1875, et fut inhumé le 17 du même mois.
II.
M. Joseph-Octave
Bourdeau
M. Joseph-Octave Bourbeau est né à
St-Pierre-les-Becquets, le 23 juillet 1836. Après son cours d'études, il s'est
mis dans le commerce. Après avoir tenu magasin à Stanfold,
quelques années, il a passé trois ans en
Californie. A son retour, il a fondé la maison de commerce «J.-O. Bourbeau», à
Victoriaville, en 1862, laquelle maison a toujours prospéré par la suite sous
le nom de J.-O. Bourbeau & Cie, étant composée de deux des fils du
fondateur, MM. Emile et Édouard Bourbeau et M. Henri Poirier.
Le 10 septembre 1867, M. Bourbeau a marié Mlle
Alphonsine Richard, qui est décédée le 11 janvier 1922 et qui était la fille de
feu l'hon. Louis Richard, M. C. L., en son vivant de Stanfold. M. Bourbeau est
décédé le 24 juin 1927.
M. Louis-de-Gonzague
Houle
M. Louis-de-Gonzague Houle est né à Lotbinière;
il était marié à Mme Adèle Berthelot de Québec. Après avoir été admis Barreau,
il est venu pratiquer à Arthabaska. Il a été réviseur des listes électorales
pour le gouvernement fédéral; en 1867, il était candidat pour la Chambre des
Communes contre Ls-Adélard Sénécal, qui l'a battu par une petite majorité. II
est mort à Tingwick le 11 mars 1893. II fut rédacteur de «L'Union des Cantons
de l'Est» en 1866 et 1867.
M. Théophile Girouard
I. Théophile
Girouard est né à Gentilly, le 1er décembre 1826, du mariage de M. Joseph
Girouard et de Emilie Guillaume-Descormiers. A l'âge de 23 ans, en 1849, comme
beaucoup d'autres, il est allé en Californie à la recherche de l'or, y est
demeuré quatre ans, a été assez heureux pour réaliser une bonne somme.
Revenu au Canada, il s'est mis dans le commerce
du bois, à Stanfold, où il a construit des moulins; son commerce a très bien
réussi. Pendant son séjour à Stanfold, il s'est marié, le 6 octobre 1861, à
Mlle Alexina Pacaud, fille de M. Charles-Adrien Pacaud, de
St-Norbert-d'Arthabaska. En janvier 1873, il est allé résider à Québec et a
construit des moulins à scie à Betsiamis. Quelques années plus tard, il vendit
ses moulins de Betsiamis, et alla résider à Ste-Catherine, Ont., où il est mort
en août 1897.
I. Girouard
était le père de M. Raoul Girouard de Smith-Falls, de Mme Sydney Forest et Mlle
M. L. Girouard, d'Ottawa, de Mme T.-E. Griffith d'Arthabaska et du L.-Col. René
Girouard; aussi cousin du shérif Girouard, d'Arthabaska, l'oncle de Mme Pépin,
l'épouse de M. Henri J. Pépin, ancien maire de la ville d'Arthabaska, et
l'aïeul de Mme Maurice Maheu.
II.
L'hon. Louis Richard
M. Louis Richard est né à St-Grégoire, comté de Nicolet, en 1817. Il
s'est occupé de commerce. Il est un des premiers marchands établis à Stanfold,
ou il a très bien réussi; il a laissé une jolie fortune à sa mort, arrivée le
13 novembre 1876, à l'âge de 59 ans.
M. Richard fut nommé conseiller législatif quelques années avant sa
mort.
Il était le père de feu M. Édouard Richard, ancien député; beau-père de
feu M. J.-Octave Bourbeau, négociant de Victoriaville, et aussi le père de
Philippe Richard, décédé à Battleford, et de feu Arthur Richard décédé à
Stanfold en 1887. Mme Hermine Prince, veuve de l'hon. L. Richard, est morte
plusieurs années après son mari. L'hon. L. Richard était l'oncle du grand
financier philanthrope M. J.-Auguste Richard, L.L.D., de Montréal, et de l'hon.
Sénateur Benjamin Prince, de Battleford, Sask., et l'aïeul de M. Louis Richard,
avocat, de Québec.
M.
Mathias Talbot
I. Mathias Talbot est né à
St-Pierre-de-Montmagny en 1822. Il était le fils de François Talbot. Il est
parti jeune de St-Pierre et s'est établi d'abord au Domaine de Gentilly.
Quelques années après, il s'est fixé à St-Norbert, sur la terre occupée par la
suite par son fils, M. Edmond Talbot (décédé en 1918), et occupée aujourd'hui
par le gendre de ce dernier, M. Roland Labbé.
I. François Talbot, le père de M. Mathias
Talbot, avait douze garçons et quatre filles: MM. François, Hubert, Hippolyte,
Solyme, tous quatre de St-Pierre-de-Montmagny; David et Godfroid, de Stanfold;
Mathias, Narcisse, Bonaventure et Édouard, de St-Norbert; Georges, de Tingwick;
Prudent, de Ham-Nord; les quatre filles: Mesdames Hermine, épouse de M. Louis
Collin; Rose, épouse de M. Théophile Carignan; Eulalie, épouse de M. Noé
Carignan, tous de Stanfold; et Emélie, épouse de M. Poirier St-Grégoire.
I. Mathias Talbot était marié à Mme
Marie-Mathilde Collin, soeur de M. Louis Collin; il est décédé le 16 juin 1876.
M. Ed. Germain Paradis
M. Ed.-Germain Paradis est né à Lorette. Il est venu s'établir à
St-Norbert et fut un des premiers colons de cette paroisse. Après avoir vendu
sa propriété à St-Norbert, il est allé résider à Stanfold, où il est mort il y a quelques années
(1921).
M.
Frs-Xavier Pratte
M. Frs-Xavier Pratte est né à St-Grégoire, comté de Nicolet, en 1818;
après avoir fait ses études au Collège de Nicolet, il fit sa cléricature aux
Trois-Rivières sous le notaire Guillet et fut reçu notaire le 30 avril 1844. M.
Pratte, aussitôt admis à la profession, alla pratiquer à Stanfold, où il
demeura jusqu'à sa mort arrivée le 1er avril 1873. C'était un bon citoyen
toujours désireux d'être utile à ses compatriotes; c'était un bon notaire, le
premier notaire pratiquant à Stanfold.
De son mariage avec Mlle Beaudet, il eut plusieurs enfants: MM. Alfred
Pratte, négociant de la Rivière-du-Loup; Antonio Pratte, de Montréal; Lucien
Pratte, des Etats-Unis; Mme Eugénie Pratte, épouse de M. Donat Duvert, de
St-Rémi, comté de Napierreville; et Mlle Corinne Pratte, aussi de St-Rémi.
Mme Lapointe, l'épouse de l'hon. Ernest Lapointe, ancien ministre de la
Marine, était la petite-fille de M. le notaire Pratte.
M. Pratte a été marguillier de Stanfold, maire du village de Princeville
et membre du Conseil du comté d'Arthabaska. En 1867, lors des élections
générales, la candidature lui fut offerte mais il refusa cet honneur.
Autres biographies
Famille Gravel
Là famille Gravel est l'une des plus anciennes du Canada. Le pays tout
entier ne contenait que quelques centaines d'habitants lorsque Joseph Massé
Gravel, né à Dinan. Bretagne, en 1616, arriva à Québec, en 1641. En 1644, à
l'âge de 28 ans, i1 épousa Marguerite Tavernier, âgée de 17 ans et originaire
de Randonnay, dans le Perche. Les nouveaux époux s'établirent à Château-Richer,
à quinze milles de Québec. Ils eurent onze enfants, six garçons et cinq filles,
qui tous surent lire et écrire, chose très remarquable dans les campagnes, au
dix-septième siècle, non seulement dans la Nouvelle-France, mais même en
Europe.
Trois des filles furent religieuses Ursuline à Québec; l'une d'elles,
Françoise, en religion Soeur Ste-Anne, fut l'une des fondatrices des Ursulines
de Trois-Rivières. Joseph Massé Gravel fut l'un des fondateurs de la paroisse
de Château-Richer et le premier marguillier qu'elle ait eu. Les Gravel des
Bois-Francs gui sont tous maintenant (1925) à Gravelbourg, Saskatchewan,
descendent de lui, comme le démontre le tableau suivant:
I
Joseph Massé-Gravel, né à Dinan, Bretagne, en 1616, émigra à Québec en
1641; épousa, le premier mai 1644, Marguerite Tavernier, de Québec, né à
Randonnay, Perche, en 1627. Il vécut à Château-Richer à partir de 1641 jusqu'à
sa mort, en 1689; il eut onze enfants, dont Madeleine qui fut Soeur St-Paul;
Françoise, Soeur Ste-Anne; Geneviève, Soeur de la Visitation; Pierre, ancêtre
de M. Ludger Gravel, de Montréal; Joseph et Claude, frères jumeaux. Joseph, le
premier, est l'ancêtre des Gravel de Louiseville et de St-Prosper, ainsi que de
feu M. J. A. Gravel, de la maison de librairie Fabre et Gravel, et de feu M.
J.O. Gravel, qui fut l'un des industriels les plus en vue de Montréal. Claude,
le deuxième, est l'ancêtre de feu Monseigneur Gravel, premier évêque de
Nicolet, de feu M. le Vicaire Général Gravel, de St-Hyacinthe, ainsi que des
Gravel des Bois-Francs.
II
Claude Gravel, né à Château-Richer en 1662, épousa en 1687, dans cette
paroisse, Jeanne Cloutier, sour d'Élisabeth Cloutier, épouse de Nicolas
Gamache, Seigneur de L'Islet. Il mourut à Château-Richer en 1724. Il avait
douze enfants, dont cinq filles et sept garçons. L'un d'eux, Jean, est l'ancêtre
des Gravel de l'Ile-Jésus, où il alla s'établir en 1730. Un autre, Pierre, fut
notaire.
III
Pierre Gravel, né en 1695 à Château-Richer, marié en 1721 à Marguerite
Prieur, à Château-Richer; exerça la profession de notaire. Décéda à
Château-Richer en 1761.
IV
Pierre Gravel, fils du notaire du même nom et de Marguerite Prieur, né
en 1721 à Château-Richer; épousa Marie-Anne Bureau en 1746; décédé à
Château-Richer en 1793.
V
Pierre Gravel, fils de Pierre Gravel et de Marie-Anne Bureau, né à
Château-Richer en 1755; épousa Agnès Doyon en 1781 à Château-Richer; alla
mourir en 1817 à St-Antoine-sur-Richelieu, où ses quatre fils étaient allés
s'établir.
VI
Pierre Gravel, fils aîné de Pierre Gravel et d'Agnès Doyon, né à
Château-Richer en 1783, alla s'établir, vers 1804, à St-Antoine-sur-Richelieu,
avec ses trois jeunes frères, Charles, Prisque et Nicolas (père de feu
Monseigneur Gravel). Épousa Rose Bonin en 1809. Mourut à St-Antoine en 1850.
VII
Louis Gravel, fils de Pierre Gravel et de Rose Bonin, né à Ste-Antoine
en 1812, fit ses études classiques au Collège des Sulpiciens; épousa Amélie
Gladu en 1835; vécut toute sa vie à St-Antoine, où il fut inhumé en 1889. Père
de feu M. le Grand Vicaire Gravel de St-Hyacinthe (1843-1901), et de feu le
Docteur L. J. Gravel, d'Arthabaska (1840-1888).
VIII
Docteur Louis-Joseph Gravel
Le docteur Gravel naquit à St-Antoine-sur-Richelieu le 21 octobre 1840.
Il était le fils de Louis Gravel et de Amélie Gladu. Il fit ses études
classiques au Collège de Saint-Hyacinthe et son cours de médecine au Collège
Victoria, affilié à l'Université de Cobourg. Il fut admis à l'exercice de la
profession en 1861. Il pratiqua successivement à St-Antoine-sur - Richelieu, sa
paroisse natale, à St-Pierre-les-Becquets, à Princeville, de 1868 à 1878, et
puis à Arthabaska jusqu'à sa mort, arrivée en 1888. Par conséquent, le docteur
Gravel pratiqua la médecine pendant vingt ans dans les Bois-Francs.
Monsieur François Baillargeon, alors qu'il était curé de Princeville,
qui l'a bien connu, et qui fut à même de l'apprécier, écrivait à son sujet, au
lendemain de sa mort: «Partout où le docteur Gravel a passé, il a laissé de lui
les meilleurs souvenirs. Médecin distingué, il a su faire honneur a sa
profession et il inspirait là plus grande confiance à tous ceux qui se
confiaient à ses soins. La veille de sa mort, nous avons veillé avec le défunt
chez M. Onil Milot, chapelain du collège, (plus tard Monseigneur Milot, curé de
Victoriaville) et nous l'avons quitté vers neuf heures au moment où il entrait
chez lui plein de santé pour n'en plus sortir que dans un cercueil. Jeudi
matin, le 13 décembre, la nouvelle de sa mort a causé une vive impression de
douleur dans tout notre village où il comptait autant d'amis que de
connaissances. »
Un médecin remarquable
Un autre ami de la famille nous écrit que le rôle joué par le docteur
Louis-J. Gravel, bien qu'effacé, a eu son importance et qu'une place de tout
premier rang lui était assignée parmi la pléiade d'hommes, plutôt remarquables,
qui ont vécu à Arthabaska. Il brillait par des côtés qui ne laissent pas de
traces, excepté dans le souvenir des survivants. Il était très digne,
intelligent, bel homme et d'allure distinguée. Ses manières étaient raffinées,
il passait pour un homme de beaucoup d'esprit. C'était un fervent chrétien,
d'une foi vive et à toute épreuve. Il est bien vrai que le souvenir de tout
cela a disparu avec ses contemporains et il n'aura rien laissé derrière lui si
ce n'est une brillante et nombreuse génération de descendants. Il avait épousé,
le 2 juillet 1864, Jessie Bettez, fille du docteur Joseph Bettez.
Nous avons dit que le docteur Gravel pratiqua la médecine pendant vingt
ans dans les Bois-Francs. Son beau-père, le docteur Joseph Bettez, qui vécut
jusqu'à un âge très
avancé, fit beaucoup mieux encore: outre l'honneur qui lui revient
d'avoir été le premier médecin des Bois-Francs où, tout jeune docteur, il vint
s'établir en 1842, sa carrière
médicale s'étendant de 1842 à 1907, passée
toute entière dans les Bois-Francs, fut la plus longue de toutes. De fait, on a
dit de lui à l'époque de sa mort qu'il
était le plus vieux médecin du Canada.
De son mariage avec Jessie Bettez, le docteur Gravel eut douze enfants,
neuf fils et trois filles. A sa mort, son ami fidèle, M. lé notaire Louis
Lavergne - plus tard sénateur - fit obtenir à sa veuve, cent acres de terre que
le gouvernement Mercier donnait gratuitement aux familles de douze enfants
vivants.
Les membres de cette famille se sont, pour la plupart, identifiés avec
la colonie canadienne-française de Gravelbourg, en Saskatchewan, fondée par
l'un des fils du docteur: M. l'abbé Louis-Pierre Gravel.
Voici la liste de ses enfants, qui sont tous nés et ont passé leur
enfance et une partie de leur jeunesse dans les Bois-Francs:
Samuel, décédé en 1898;
Louis-Joseph-Pierre, missionnaire colonisateur, fondateur de
Gravelbourg;
Henri, médecin à Admiral, Saskatchewan;
Paul, qui fut avocat dans le Massachusetts, puis journaliste à Montréal,
où il mourut le 21 octobre 1909;
Alphonse, avocat à Plessisville, plus tard, à Moose Jaw, Sask., et en 1922, fut nommé par le gouvernement fédéral
juge de la Cour de District de la Saskatchewan;
Maurice, médecin et coroner à Gravelbourg;
Berthe, épouse de l'honorable juge Joseph Demers, de Montréal;
Wilfrid, employé civil dans le département de la Gendarmerie à cheval;
Emile, avocat, substitut du procureur général de la Province, à
Gravelbourg;
Laurianne, épouse de M. Georges Hébert, avocat à Gravelbourg et greffier
de la ville; Guy, pharmacien, aussi de Gravelbourg.
Le docteur Gravel avait été nommé coroner du district d'Arthabaska en
mai 1879, sous le gouvernement Joly et
sa nomination est signée par Letellier de St-Just.
A l'époque de sa mort, il agissait depuis quelques mois comme
député-protonotaire, avec les appointements de protonotaire-conjoint. Il était
aussi le médecin attitré du collège dirigé par les Révérends Frères du
Sacré-Coeur, ainsi que de l'Hôtel-Dieu auquel il fut très dévoué dès les
pénibles débuts de la fondation de la maison jusqu'à la date de sa mort, le 13
décembre 1888.
Une lettre réconfortante
Trois jours après la mort du docteur Gravel, la Très Révérende Mère
Pagé, Supérieure de l'HÔtel-Dieu d'Arthabaska, adressait à Madame Gravel, la
lettre suivante:
J. M.J.
Hôtel-Dieu de St-Joseph Arthabaskaville,
16 déc., 1888.
Madame
Jessie Bettez-Gravel (P.48)
Voici ce qu'écrivait, dans «L'Union des Cantons de l'Est», fin janvier
1901, M. C.-Flavien Baillargeon, ancien curé de Stanfold, qui avait bien connu
Mme Jessie Bettez-Gravel, son ancienne paroissienne: «Nous avons la douleur
d'enregistrer le décès de Mme Gravel, née Mlle Jessie Bettez, veuve de Louis
Joseph Gravel, écuyer, médecin, arrivé à St-Calixte de Somerset, le 19 janvier.
Elle était la fille unique de M. le docteur Joseph Bettez, de Plessisville,
établi en nos cantons dès les premières années de leur défrichement.
«Mme Gravel est bien connue à Stanfold, où son époux a exercé longtemps
sa profession. Epouse dévouée à sa maison, mère de famille irréprochable sous
tous les rapports, femme franchement et profondément religieuse, instruite, de
manières distinguées, douée des plus belles qualités du coeur et de l'esprit,
elle fut en toutes circonstances l'honneur de son époux et fit le bonheur de sa
nombreuse famille. Pendant tout le temps qu'elle demeura au milieu de nous,
elle fut une des perles de la société de Princeville.
«Mme Gravel est morte subitement samedi dernier, à l'âge de 52 ans, en la demeure de son père, le
docteur Joseph Bettez, pour le repos de son âme, mardi, au milieu d'un grand concours
de parents, d'amis de la famille et de fidèles de la paroisse et des paroisses
environnantes. Après le service, le corps a été transporté à Arthabaskaville,
pour être inhumé dans le cimetière de cette paroisse, à côté des restes de son
époux.»
Madame Jessie Bettez-Gravel avait fait de brillantes études littéraires
et musicales au couvent des Ursulines de Québec. Devenue veuve à 39 ans, elle consacra le reste de sa
vie à l'éducation de ses nombreux enfants, qui ont fait honneur à leur
mère. Elle en eut 14 dont deux moururent en bas âge. Elle trouva, cependant, le
temps d'écrire à ses heures de loisir, un journal intime d'une belle tenue
littéraire et d'une grande élévation d'esprit. Si ce journal eut été publié à
l'époque de sa mort, il aurait agréablement surpris le monde des lettres
canadiennes, assez restreint à cette époque.
Le monde a peu connu d'elle, si ce n'est les quelques
jeunes étudiants - amis de ses fils - qui l'ont approchée de près et qui ont
gardé d'elle non seulement un souvenir ému, mais le souvenir d'une femme très
cultivée et d'une grande bonté. La vie matérielle, qu'entretenait un haut
idéal, l'avait affinée au lieu de l'user; vaillante et forte au milieu des
épreuves inévitables de la vie, elle conservait ce quelque chose d'indulgent et
de très humain, de délicat et de jeune, que l'on trouve chez les personnes qui
se dépensent à faire le bonheur des autres.
Elle est partie au moment où elle allait jouir de ses
enfants grandis et identifiés avec la fondation de Gravelbourg, en Saskatchewan.
Elle semble avoir eu un pressentiment de
sa mort prochaine. On trouve cette impression dans les dernières paroles
de son journal, commentant, sous le titre: «Impressions musicales et
religieuses», le verset du «De Profundis»: «Copiosa apud eum redemptio». Que le
Seigneur, en qui est la miséricorde, donne, en effet, une abondante rédemption
à cette admirable mère qui fut en même temps que la fille du premier médecin
des Bois-Francs, le vrai type de la femme canadienne
Louis-Joseph-Pierre Gravel
Louis-Joseph-Pierre est né à Princeville le 8 août 1868, du mariage
du docteur L:-J. Gravel et de Jessie Bettez-Gravel. Il fit ses études au
Collège d'Arthabaska, au Collège des Trois-Rivières, à Nicolet, et au Grand
Séminaire de Montréal. Il fut ordonné prêtre le 28 août 1892 par
Monseigneur Elphège Gravel dans l'église de St-Christophe-d'Arthabaska. Le
lendemain de son ordination, il fut envoyé comme vicaire à New-York, à l'église
St-Jean-Baptiste, où il demeura près de neuf ans. Quand l'église St-Jean-Baptiste
passa aux mains des Révérends Pères du St-Sacrement, l'abbé Gravel fut envoyé à
St-Joseph de la Ste-Famille, où il demeura cinq ans.
C'est alors que Monseigneur Langevin, archevêque de St-Boniface, le
nomma missionnaire colonisateur pour son diocèse qui, à cette époque,
s'étendait jusqu'aux plaintes de la Saskatchewan-Sud. L'année suivante, le
gouvernement le nommait agent de colonisation du Dominion. II fonda la colonie
canadienne-française de Gravelbourg qui compte aujourd'hui (1925) un collège commercial, classique et
de théologie, un couvent pensionnat, dirigé par les religieuses de Jésus-Marie
de Sillery, et un Jardin de l'Enfance, tenu par les Soeurs Missionnaires
Oblates du Sacré-Coeur de Jésus et de Marie Immaculée, fondé par Monseigneur Langevin.
Gravelbourg est devenu, grâce à l'énergie et au
dévouement de l'abbé Gravel, non seulement le centre éducationnel français de
la Saskatchewan, mais un centre judiciaire (1918)
et un des points d'expédition de blé le plus considérable de l'Ouest,
avec ses dix élévateurs à grain.
Le 15 février
1922, le collège, dont l'abbé Gravel
était procureur, étant passé aux mains des Oblats, Monseigneur O.-E. Mathieu le
nommait de nouveau missionnaire-colonisateur pour le diocèse de Régina, poste
qu'il occupa jusqu'à sa mort, survenue le 10 février 1926. M. l'abbé Gravel fut toujours un ami zélé et dévoué de
l'oeuvre de l'histoire des Bois-Francs.
L'honorable juge Alphonse
Gravel
Le
juge Alphonse Gravel naquit à Princeville le 3 décembre 1875, du mariage du Dr
Louis-Joseph Gravel et de Jessie Bettez, fille unique du Dr Joseph Bettez, de
Plessisville. Il fit ses études classiques au Séminaire de Nicolet jusqu'après
la rhétorique, et sa philosophie au Collège des Jésuites de Fordham, à
New-York. Il reçut, en 1896, le diplôme de bachelier ès-arts, et entra, la même
année, à la Faculté de Droit de l'Université Laval à Montréal. Pendant ses
études légales, il suivit le bureau de MM. Béique et Lafontaine (plus tard
l'honorable sénateur Béique et l'honorable juge en chef Eugène Lafontaine). En
1899, il obtint le titre de bachelier en droit et fut admis au barreau de la
province de Québec.
II ouvrit son bureau à Plessisville, où résidait son grand-père, le Dr
Bettez, et y pratiqua sa profession jusqu'en 1904, d'abord seul, et ensuite en
société avec M. Camilien Noël, qui devint plus tard l'honorable juge Noël,
d'Edmonton, Alberta. Il fit ensuite un séjour de quelques années à New-York, où
il suivit les cours de la «New-York Law School», puis il alla s'établir à Moose
Jaw, Saskatchewan, avec son frère Emile.
La paroisse canadienne-française de Gravelbourg, qui venait d'être
fondée par leur frère, M. l'abbé L.-P. Gravel, faisait alors partie du district
de Moose Jaw. Ils formèrent ensemble la raison légale de «Gravel & Gravel»,
qui exerça à Moose Jaw jusqu'en 1918, alors que fut formé le nouveau district
judiciaire de Gravelbourg. Les deux frères transportèrent alors leur bureau à
Gravelbourg, chef-lieu du district de ce nom. Le 22 juillet 1922, M. Alphonse
Gravel fut nommé par le gouvernement fédéral juge du district judiciaire de
Gravelbourg.
Le juge Gravel a épousé, le 18 novembre 1912, Mademoiselle Paula
Trudeau, fille de feu le Dr L.-A. Trudeau, de St-Jean-d'Iberville, et de ce
mariage sont nés quatre enfants:
Liliane, Armand, Alain et Thérèse. Le juge Gravel fut président de
l'Association St-Jean-Baptiste, président du Cercle de Gravelbourg, de
l'Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan, Chevaliers de
Colomb du quatrième degré. Il est un des Canadiens-français du Québec qui aient
été nommés juges en Saskatchewan depuis la création de cette province en 1905.
Docteur
Joseph Bettez
Le docteur Joseph Bettez, né à Yamachiche le 6 octobre 1818, était le
fils de Jacques Bettez, marchand et maître de poste, et de Geneviève Houle; le
petit-fils de Jean Jacob, - fils de Jacob Anthoine Bettez, de
Combremont-le-Petit, Suisse, et de Marie Tapis, sa femme - baptisé le 9 août
1733, mort le 19 octobre 1808, à Yamachiche, et enterré dans l'ancienne église
des Récollets, à Trois-Rivières, devenue une église épiscopalienne. L'honorable
Jean Jacob Bettez avait épousé Geneviève Lappare. Elle est morte et a été
inhumée à Yamachiche, le 21 avril 1799.
Le docteur Joseph Bettez étudia au Collège de Nicolet et, après un cours
classique complet, étudia la médecine sous les docteurs Lord et Badeaux, des
Trois-Rivières, et finalement suivit les cours d'anatomie sous le docteur
Marsden, de Québec. Il fut reçu médecin le 5 juillet 1841. Le 10 janvier 1842,
il fut nommé par Vallières de St-Réal, greffier de la Cour de Division no 3,
dans le district inférieur des Trois-Rivières.
La même année, pressé par Monsieur Pierre Prince qui venait de fonder
Stanfold, aujourd'hui Princeville, il vint s'établir à Somerset, aujourd'hui
Plessisville. Il fut le
premier médecin des Bois-Francs. Le 23 mars 1849 il fut nommé par le
gouvernement président de la Cour des Commissaires. Le 12 décembre 1862, il fut
nommé chirurgien major du deuxième régiment de Mégantic, et sa commission a été
signée par de Salaberry. Il fut nommé marguillier de sa paroisse en 1868.
Il pratiqua la médecine pendant 65 ans et mourut à l'âge avancé de 89
ans, le 3 novembre 1907, le doyen des médecins dé la province de Québec.
Le 31 mars 1845, il avait épousé Julie, fille de Paul Mailhot et de
Marie Viens, de Gentilly.
Julie Mailhot, née en 1817, décéda le 18 août 1884.
De ce mariage le docteur eut deux enfants: Hedwidge, née en 1846, morte
le 6 août 1861, et Jessie, née en 1849, épousa le docteur L.-J. Gravel en 1865
et décéda le 19 janvier 1901.
-------
Famille
Richard
C'est probablement de la Saintonge qu'était originaire le premier
Acadien du nom de Richard, Michel Richard, venu avec l'expédition Le Borgne et
Guilbeau, en 1654, et arrivé à Port-Royal tout juste pour être témoin de la
prise de la place par Robert Sedgwick, 16 août 1654. Michel Richard était alors
un jeune homme de 24 ans, dans toute la vigueur de l'âge, qui venait chercher
fortune sur la terre d'Amérique, mais en n'y apportant
que la force de ses bras. Il se mit immédiatement à l'oeuvre en travaillant au
défrichement d'une terre que lui concéda le nouveau seigneur Le Borgne, dont
les Anglais avaient reconnu les titres de propriété.
Bientôt il voulut se marier, mais les filles françaises étaient rares
dans la colonie et dans les quelques familles établies à l'Acadie, celles qui
en avaient l'âge trouvaient vite
à se marier. Regardant donc autour de lui, Michel Richard vit que la
petite Madeleine Blanchard, fille de Jean et de Radegonde Lambert, qui arrivait
à sa douzième année, pourrait bientôt lui faire une bonne compagnon (e). En
effet, il célébrait son mariage au plus tard vers 1656, car au recensement de
1671, l'aîné de ses fils, René, est déjà âgé de 14 ans.
Ce même recensement fait constater que Michel Richard, arrivé à peine à
41 ans, était devenu l'un des habitants les plus aisés de Port-Royal par le
nombre d'arpents qu'il avait mis en valeur, 14, et par le lot d'animaux qui
remplissaient ses étables, 15 bêtes à cornes et 14 moutons.
Autour de sa table se rangeaient déjà sept ou huit enfants: René, né en
1657; Pierre, né en 1661; Catherine, née en 1663; Martin, en 1665; Alexandre,
en 1668; Marie-Anne et Marie-Madeleine, jumelles, nées en 1671. Le bonheur et
l'aisance commençaient à sourire à cette famille qui continua à se développer
par la naissance de nouveaux enfants: Marie, née en 1674; Cécile, en 1667;
Marguerite, en 1679.
Après la mort de sa femme, survenu vers cette époque, Michel Richard,
épousa en secondes noces Jeanne Babin, à peine âgée de 15 ans, fille d'Antoine
et de Marie Mercier.
Martin Richard
Martin Richard, fils de Michel et de Marie Madeleine Blanchard, né à
Port-Royal en 1665, marié vers 1689 à Marguerite Bourg, née en 1668, fille de
François et de Marguerite Boudrot.
___________________________________________________________________________
Famille Quesnel (P.49)
La famille Quesnel était d'origine française. M. Joseph Quesnel,
grand-père du shérif J. A. Quesnel et par conséquent de sa femme, Marie Mélanie
Quesnel, sa cousine germaine, était né à St-Malo, France, le 15 novembre 1749, d'Isaac Quesnel de la Rivaudais et de
Pélagie Jeanne Marguerite Duguen.
I. l'abbé Camille Roy, dans «Nos origines
littéraires», page 127, dit: «Joseph
Quesnel termina ses études à l'âge de dix-neuf ans, et il se fit ensuite, comme
tant de vigoureux malouins, marin et coureur des mers.» Il entreprit d'abord
quelques longs voyages dans les mers d'Afrique et de l'Inde. En 1779, il s'embarqua pour New-York, sur un
vaisseau dont il avait le commandement. A la hauteur du banc de Terre-Neuve, ce
vaisseau fut pris par une frégate anglaise et Quesnel fut conduit à Halifax. De
là, il vint à Québec.
Protégé par Haldimand, qui avait connu sa famille en France, il songea
bientôt à s'établir au Canada. Il se fit naturaliser et épousa à Montréal (Acte
de mariage, Greffe de Montréal) le 10 avril 1770,
Marie Josephte Deslandes, fille de Pierre et de Marie Josephte Le Pellé
de la Haye. Vers 1781, il fit un
voyage dans la vallée du Mississippi, puis fixa sa résidence à Boucherville. Il
y pratiqua paisiblement le négoce de marchand de village, et quand la clientèle
désertait son comptoir et le laissait seul avec ses ballots de marchandises, le
poète consolait le marchand en faisant des vers.
En effet, M. l'abbé Camille Roy dit que Joseph Quesnel est le premier
des poètes franco-canadiens, et que J.-D. Mermet et lui furent les maîtres
incontestés de la poésie canadienne au neuvième siècle. Joseph Quesnel,
première souche de la famille Quesnel au Canada, décéda à Montréal, le 4 juillet 1809.
Des treize enfants qui vinrent égayer son foyer, la plupart moururent en
bas âge. Timoléon, baptisé à Boucherville le 4
mars 1799 et père de
Joseph-Auguste, fut l'avant dernier de cette nombreuse famille. Il fut reçu
médecin vers 1822, se fixa à
Ste-Marguerite-de-Blairfindie, nommée aussi L'Acadie et devenue aujourd'hui
St-Jean-d'Iberville, et épousa à St-Philippe, en premières noces, le 22 octobre
1823, Flavie Singer, fille de Frédéric
Singer, ancien voyageur des pays d'en haut, et de Catherine Laman. (En secondes
noces, il épousa à L'Acadie, le 19 février
1844, Adélaïde Bourgeois, veuve de
François Provost.)
Timoléon Quesnel ne fut pas favorisé des biens de la fortune,
contrairement à ses frères qui la virent leur sourire, soit dans la carrière
politique, les professions libérales, le commerce des fourrures, soit dans des
spéculations toujours heureuses. L'abbé Moreau, dans l'histoire de la paroisse
de L'Acadie, page 92, dit que Timoléon
était un bureaucrate et qu'il prêchait le respect des lois. Il a été inhumé à
Boucherville le 30 juin 1864.
Un futur marchand
Son second fils, Joseph-Auguste, naquit le 24 mai 1826. (il fut maire de Stanfold en 1858). D'une
intelligence remarquable, celui-ci, vers l'âge de douze ans, voyant peut-être
les soucis que causait alors à son bien-aimé père l'avenir de sa chère famille,
lui manifesta, un jour, simplement et résolument son désir de se mettre en état
de gagner sa vie. L'enfant avait de l'attrait pour le commerce, aussi fut-il
bientôt placé chez un marchand, leur voisin et ami. De bonne heure,
Joseph-Auguste connut ainsi la vie sous son vrai jour et dut marcher dans les
seuls sentiers battus de l'honneur et de l'équité pour se créer, par un
énergique et constant labeur, une position d'abord simple et honnête, qui fit
bientôt place à une situation honorable et lucrative. Il fut l'artisan de sa
vie et chacun de ses jours porte l'empreinte du courage, de la hardiesse et de
l'esprit d'entreprise qui forment le fond de son caractère.
Dès le début, le jeune J.-Auguste fit preuve d'énergie, de bonne volonté
et d'acquitta consciencieusement de ses modestes fonctions. Deux ans plus tard,
il entrait comme commis dans un magasin plus important de sa même paroisse
natale. Toujours il se montra actif, travailleur autant que déférent envers ses
patrons, courtois et bienveillant pour tout le monde. Après quelques années
d'expérience et de persévérante économie, il put prendre un magasin à son
compte. Toutefois, il avait soif d'instruction et de même qu'il l'avait fait,
alors qu'il n'était que simple commis, il consacrait tous ses moments libres à
l'étude du français et de l'anglais. Le 25 mai 1850, il épousa, à Bécancour, sa cousine, Marie Mélanie Quesnel.
Les jeunes époux vinrent asseoir leur foyer dans
nos chers Bois-Francs, suivant en cela l'élan général qui, à cette date,
dirigeait nombre de familles de toutes conditions vers cette région fortunée
que, dit M, l'abbé Trudelle, dans un ouvrage paru en 1852, l'on regardait comme la Californie du
temps ou encore les bords enchanteurs de l'Eldorado. A vrai dire, ce n'était
réellement ni l'un ni l'autre; du moins les Cantons de l'Est offraient de réels
avantages au commerce et à l'industrie, et la fertilité des terres rendait cent
et plus pour un au colon infatigable, penché tout le jour sur la glèbe féconde
ou défrichant, sans merci, d'un bras musculaire et nerveux, le sol qui lui
promettait pour demain, l'aisance et la sécurité d'une vie paisible et
heureuse.
M. J.-A. Quesnel habita d'abord la paroisse de
St-Médard-de-Warwick, continuant, avec succès, à s'occuper du commerce et y
ajoutant même certaine branche d'industrie par la construction d'un moulin à
farine et à scie; puis St-Eusèbe-de-Stanfold,
où il ajouta aux soucis du commerce la charge de surveillant des chemins
publics. Son épouse, qui possédait une instruction complète, s'imposa la tâche
douce et facile, sans doute, pour son coeur aimant de se constituer une
institutrice, afin de compléter les connaissances déjà acquises.
Premier shérif (P.50)
Sa brillante intelligence sut si bien en profiter
que, nommé shérif du district d'Arthabaska en 1858, il remplit avec honneur
cette charge pendant près de trente (30) ans; de plus, le 3 novembre 1862, il
obtenait du Barreau du Bas-Canada, section du district des Trois-Rivières, un
diplôme signé par Mtre Thomas Burns et contresigné par trois secrétaires,
portant que: «après une cléricature régulière, tel que prescrit par la loi,
J.-A. Quesnel subit devant quatre examinateurs l'examen requis pour être admis
dans l'Ordre des avocats, et que d'après cet examen, il a été trouvé digne et
qualifié sous tous rapports à obtenir cette admission et le diplôme
présentement donné et octroyé lui confère le droit de pratiquer comme avocat,
conseil du roi, solliciteur et praticien en loi dans toutes les cours de
justice du Bas-Canada.» (1)
Page 366. Province du Canada, District des
Trois-Rivières
A tous ceux que ces Présentes verront, Salut:
Nom soussigné, Bâtonnier du Barreau du
Bas-Canada, section du district des Trois-Rivières, conformément aux
dispositions du soixante-douzième chapitre des Statuts Refondus pour le
Bas-Canada, w le Certificat à nous délivré par quatre examinateurs de la dite
Section, en date du troisième jour de novembre mil huit cent soixante et deux,
constatant que Auguste Quesnel, écuyer, natif de au désir du dit Acte, après
une cléricature régulière, tel que prescrit par la Loi, a subi devant eux, le
troisième jour de novembre courant, l'examen requis pour être admis dans
l'Ordre des Avocats, et que d'après cet examen il a été trouvé digne et
qualifié sous tom les rapports, à obtenir cette admission, nous lui avons donné
et octroyé, et par le présent lui donnons et octroyons, aux termes du dit Acte,
le Présent Diplôme, lui conférant le droit de pratiquer comme Avocat, Conseil,
Procureur, Solliciteur et Praticien en Loi dans toutes les Cours de Justice du
Bas-Canada.
Donné en la Cité des Trois-Rivières, sous notre
seing et le sceau de 4a Section et le contreseing de notre secrétaire, le
troisième jour de novembre de l'an de Notre-Seigneur, mil huit cent
soixante-deux.
Y. BURN, Bâtonnier.
J. N. BUREAU, Secrétaire.
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Un héros des Bois-Francs
(P.51)
I. l'abbé
Rosaire Crochetière
Aumônier militaire du
22e bataillon canadien
L'abbé Rosaire
Crochetière naquit à Arthabaskaville, le 20 juillet 1878, de Alphonse
Crochetière, imprimeur, et de Joséphine Cormier. Il fut ordonné à Nicolet le 9
juillet 1905. Décédé en France le 2 avril 1918.
C'est l'âme remplie à 1a fois d'un regret sincère
et d'une espérance réconfortante, que l'Alma Mater veut honorer la mémoire d'un de ses plus nobles
fils, par l'expression vive et sympathique d'une profonde admiration.
C'est uniquement pour obéir au désir de son
évêque et par amour des âmes que l'abbé Crochetière est allé sur les champs de
bataille. Avant de partir, il avait offert à Dieu le sacrifice de sa vie pour
le bien de ces âmes et de la patrie canadienne. Son sacrifice a été accepté,
trop tôt, selon la sagesse humaine. Car le passé de ce jeune prêtre était pour
l'avenir le gage d'un ministère des plus féconds. Mais qui dira la valeur du
sacrifice d'une vie devant Dieu!
Il est mort victime du devoir et du dévouement,
après avoir passé une nuit entière à assister les mourants. Il était 6.33
heures du matin; il devait offrir bientôt le Saint Sacrifice de la messe. Ce
jour-là, il fut lui-même la victime offerte sur l'autel de son amour pour Dieu
et pour ses chers gars. On l'a trouvé à
genoux, blessé mortellement au coeur, à l'épaule et à la cuisse. II avait le
sourire aux lèvres et paraissait très heureux. Il est mort en consolant un
blessé.
Une lettre, écrite par le sergent Boiteau, de
Québec, le jour même de sa mort, nous dit éloquemment quel fut son apostolat
parmi les soldats de son bataillon. Nous en citons une partie: «Chers parents,
vous ne saurez croire comme tous les officiers, sous-officiers et soldats
déplorent une si grande perte, car c'était un saint homme
et son dévouement pour nous était illimité. Il nous appelait ses amis, nous
traitait en frères et nous rendait, en autant qu'il était en son pouvoir, la
vie de soldat, qu'il appelait une vie misérable, aussi douce que possible.
Principalement moi, chers parents, sa mort m'affecte beaucoup, car il était mon
seul et vrai ami au bataillon; et comme il me comprenait bien et savait me
consoler! Pauvre Père, je lui dois beaucoup pour le bien qu'il m'a fait et les
services rendus.
«Aussi, veuillez, avec mon argent, lui faire chanter une grande-messe et
préparer, si possible, un bouquet spirituel. De mon côté, ici, son pieux
souvenir ne me quittera jamais et
je continuerai de lui parler tout comme s'il vivait, car, pour moi
personnellement il n'est pas mort: il vivra toujours dans ma pensée».
Le capitaine aumônier qui a su provoquer une telle expression de regret
et de reconnaissance, et elle n'est pas la seule, doit avoir aujourd'hui une
belle récompense dans le ciel. Aussi, les coeurs que peuvent émouvoir les
grands dévouements et les généreux renoncements, l'admirent et lui gardent,
dans leur souvenir, une reconnaissance impérissable.
Le bonheur appartient
à qui fait des heureux.
Abbé Delille.
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P. 53, col.2
Avait-on du grain à faire moudre, il fallait aller le porter soit à
Bécancour, soit à Gentilly, une distance de huit lieues. C'était pour les
pauvres colons toute une corvée; c'était bien souvent un voyage de trois jours
et par quels chemins!
Charles Héon comprenait fort bien la position dans laquelle il se
trouvait, ainsi que ses amis. II voulut combler cette lacune en construisant
lui-même un moulin à farine, qu'il adossa à son moulin à scie.
Il put se procurer une moulange de M. Louis Massue, mais le lit de la
moulange était en granit très dur, et de sa fabrication.
Il ne faut pas croire qu'il sortait de cette moulange et d'un bluteau de
quatre pieds de longueur, aussi fabriqué par lui-même, une farine qui aurait pu
subir une comparaison avec la farine hongroise d'Ogilvie; mais n'ayant rien de
mieux on s'en contentait.
Ce moulin de Charles Héon a été le premier moulin à farine des
Bois-Francs. Les gens partaient de Stanfold, une distance de quatre lieues et
demie, traversaient la savane par un petit sentier à peine visible, et
apportaient au moulin le blé. l'orge ou le sarrasin qu'ils voulaient faire
moudre.
Les premières familles
de colons (P.53)
Voici, en outre de celles déjà mentionnées, les
noms de quelques-unes des familles résidant à la rivière Bécancour, dans les
premières années de son établissement:
Bien avant 1832:
les noms ont été retirés et mis dans la
section famille (J.P).
Voir http://www.societehistoireprinceville.com/Photo_Familles.HTM
La seule voie d'accès
La route entre Blandford et Stanfold fut ouverte
en 1846. Elle fut, jusqu'en 1854, la seule voie de communication, entre Lévis
et Nicolet, pour pénétrer dans les Bois-Francs, les routes de Ste-Croix, de
Ste-Gertrude et d'Aston n'ayant été terminées qu'en 1854.
En mil huit cent
quarante-huit, date de la confection de la ligne de chemin de fer St-Laurent et
Atlantique, depuis Longueuil jusqu'à Richmond, on avait agité la question de la
construction d'une ligne de chemin de fer à partir de cette dernière ville (qui
n'était alors qu'un village de quelques maisons en pleine forêt), jusqu'à la
Pointe Lévis.
L'importance, l'extension que prenaient tous les
Cantons de l'Est; l'avenir brillant que l'on prévoyait pour cette belle partie
du. Bas-Canada; le manque de communications intérieures, furent autant de
raisons qui attirèrent l'attention des hommes éclairés qui étaient à la tête du gouvernement d'alors.
Après un chemin de
terre, un chemin de fer
Une compagnie fut formée pour la construction
d'un chemin de fer depuis Richmond jusqu'à Lévis.
La compagnie poussa les travaux avec tant
d'entrain, de vigueur, que dès les premiers jours de l'automne de mil huit cent
cinquante-quatre, la ligne de chemin de fer était livrée au trafic dans toute
sa longueur.
Les pauvres colons ne pouvaient en croire leurs
yeux: après tant d'années de souffrances, de privations, de misères, se trouver
tout-à-coup, pour ainsi dire, au milieu de la civilisation, aux portes des
villes de Montréal, Québec et Portland; à proximité des marchés, soit pour la
vente de leurs produits ou l'achat de ce dont ils pouvaient avoir besoin pour
là vie et le vêtement. C'était, il faut l'avouer, un changement radical.
Un service de malle
La construction de la ligne de chemin de fer de Québec à Richmond
amenait aussi avec elle un grand changement dans le service de la malle qui,
jusque-là, avait été très défectueux.
Avant cette époque, la malle était transportée par voitures, dans des
chemins à peine ébauchés, très difficiles; aussi, il n'était pas rare qu'elle
ne se rendit à destination que deux ou trois jours après qu'elle était due.
Vers mil huit cent cinquante-trois, une ligne de diligence était établie
par M. Pierre Richard,
entre Stanfold et Trois - Rivières. Ce mode de transport exista jusqu'en mil
huit cent cinquante-cinq. Le trajet se faisait par la route de Stanfold à la
rivière Bécancour et, de là on continuait par la fameuse route de Gentilly.
Cette diligence était chargée du transport de la malle.
Jusqu'au mois de juin mil huit cent cinquante-six, il n'y avait pas de
bureau de poste dans la paroisse de Saint-Louis-de-Blandford. A cette date un
bureau de poste fut ouvert dans la partie ouest de la paroisse, dans le Canton
de Maddington; et il y a toujours existé jusqu'au mois d'août mil huit cent
quatre-vingt-cinq.
Avant mil huit cent cinquante-six, les citoyens de Saint-Louis
recevaient leur malle à Stanfold, ou par le courrier qui conduisait la poste de
Stanfold à Bécancour, via Ste-Gertrude.
Ce trajet se fit pendant deux ans, à pied, dans les saisons du printemps, de
l'été et de l'automne; la route de Ste-Gertrude n'ayant été complétée que dans
l'automne de mil huit cent cinquante-huit.
La distance de Bécancour à Stanfold, qui est de douze lieues, par
Ste-Gertrude, était parcourue deux fois la semaine, par un monsieur Théophile
Rivard, de Bécancour.
La paroisse de St-Louis-de-Blandford, la plus ancienne des Bois-Francs,
est demeurée presque stationnaire. Elle fit peu de progrès. A quoi en attribuer
la cause? Les paroisses voisines, plus jeunes, l'ont surpassée en richesse, en
importance, en population.
Si la paroisse de St-Louis-de-Blandford n'a pas fait plus de progrès,
n'est pas entrée davantage dans la voie de la prospérité, elle le doit plutôt à
sa situation, au milieu de savanes immenses et de terrains peu propres à la
culture.
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Saint-Eusèbe-de-Stanfold(P.56)
(PRINCEVILLE)
De 1832 à 1848
Stanfold fut érigé en Canton le 9 juillet 1807. La paroisse de
Saint-Eusèbe-de-Stanfold fut érigée canoniquement lé 11 juillet 1848 et
civilement le 19 avril 1855.
L'érection du village de Princeville date du 31 octobre 1856. Le nom de
Princeville fut donné à ce village en mémoire de M. Pierre Prince.
Monsieur Pierre Prince
(1)
Monsieur Pierre Prince a été un des premiers et des plus courageux
colons de Stanfold; pendant neuf ans, il a donné généreusement l'hospitalité
aux Messieurs Denis Marcoux, Clovis Gagnon, Chs-Édouard Bélanger et Édouard
Dufour, qui firent successivement la mission, dans sa maison même, jusqu'à
l'arrivée du premier curé résidant, M. Antoine Racine.
Il céda, pour une minime somme, un terrain de huit arpents et demi en
superficie pour la construction de l'église et d'une maison d'école. Pendant
près de dix-huit ans, il a été le type du parfait gentilhomme, du chrétien
modèle, du défricheur vaillant, du marchand intègre. Compatissant pour les malheureux,
M. Prince avait toujours la main largement ouverte aux besoins du pauvre, et
jamais la mémoire de ce bon citoyen ne s'effacera du souvenir de ceux qui l'ont
connu sur la terre de Stanfold.
D'où vient le nom de Princeville?
Il n'est donc pas étonnant que, dans l'année 1856, lorsqu'il s'est agi
de séparer le village de la municipalité de la paroisse, les citoyens de cette
époque n'aient eu qu'une voix pour demander que le village de Stanfold formât
une corporation sous le nom de «Village de Princeville». C'était là, la
reconnaissance solennelle et pleinement manifestée des mérites et des vertus de
M. Pierre Prince, et toujours le nom de Princeville rappellera, jusque dans les
âges les plus reculés, la mémoire d'un citoyen irréprochable qui a passé dans
le canton de Stanfold en faisant le bien.
En 1851, M. Prince avait ouvert à Stanfold un magasin général; il y fit
de très bonnes affaires et arriva en peu d'années à la tête d'une jolie petite
fortune; mais malheureusement pour lui, par suite de circonstances qu'il ne
pouvait contrôler, M. Prince, voyant sa fortune diminuer considérablement tous
les jours, se décida à quitter sa chère terre de Stanfold. II vendit son
demi-lot à M. Louis Richard, acheta un lopin de terre sur les bords de la
rivière Nicolet à Ham-Nord, (aujourd'hui, 1914, Notre-Dame-de-Ham) y bâtit un
moulin et se rendit à sa nouvelle destination vers l'an 1855. Le départ de M.
Prince, de Stanfold, fut un deuil général pour tous ses concitoyens, qui
avaient su apprécier les brillantes qualités son esprit et de son coeur. M.
Prince mourut à Ham-Nord. paroisse des Sts-Anges, le 22 février 1863, âgé de 67
ans. Il était le frère de Sa Grandeur feu Mgr Charles Prince, évêque de
St-Hyacinthe, et des Sieurs Jean Prince, Joseph Prince et François Prince, tous
trois, en leur vivant, des plus distingués citoyens de la paroisse de
St-Grégoire-de-Nicolet.
On ramène son corps à Stanfold
En apprenant la mort de M. Prince, M. le curé Pelletier, de Stanfold, et
Messieurs les marguilliers décidèrent, d'une seule voix, de donner gratuitement
Is sépulture dans l'église ce brave citoyen. C'était le 25 février 1863.
Voici son acte d'inhumation: -
«Le 25 février 1863, nous, prêtre curé soussigné, avons inhumé dans
l'église de cette paroisse le corps de Pierre Prince, un de ses premiers
fondateurs et bienfaiteurs, décédé dans le canton de Ham, le 22 courant, époux
de Marguerite Pratte, après avoir reçu les secours de la religion, comme il
appert par le certificat de M. de Carufel, missionnaire du lieu, à l'âge de
soixante-sept ans.
Présents: Joseph Prince. François Prince, frères du défunt, Cyrille
Prince, Ed. Thibodeau, Léon Thibodeau, ses neveux, ainsi que plusieurs autres,
dont plusieurs ont signé avec nous.
(Signé)
J. 0. Prince, ptre,
J. B. Leclair, ptre,
Joseph Prince,
François Prince,
C. Prince,
Léon Thibodeau,
Ed. Thibodeau,
Nap. Pelletier, ptre.
Un ami de l'histoire
I. l'abbé C.-F. Baillargeon, comme on le
sait, fut curé de St-Eusèbe-de-Stanfold, de 1874 à 1886. A cette époque,
fatigué des labeurs du ministère curial, épuisé par la maladie, il crut devoir
prendre sa retraite, pour jouir d'un juste et légitime repos.
Pendant ses heures de loisirs, M. Baillargeon, qui était un ami de
l'histoire, un littérateur et un patriote, s'occupait à recueillir et à rédiger
des notes historiques sur les Bois-Francs, et, en particulier, sur son ancienne
paroisse: St-Eusèbe. Que de choses, que de faits que d'anecdotes, par suite de
ce travail, sont parvenus jusqu'à nous et ont été empêchés de tomber dans
l'oubli!
En parcourant ces notes intéressantes et instructives, les anciens
verront passer sous leurs yeux les événements d'autrefois. Ils se rappelleront
ce que furent les pionniers fondateurs, le genre de vie pénible et laborieuse
auquel ils durent se soumettre pour coloniser, défricher les Bois-Francs. Que
de souvenirs glorieux reviendront à leur mémoire, que de choses, que de faits
oubliés, même inconnus, repasseront devant leurs yeux en lisant ou entendant
lire ce qui va suivre.
Les jeunes, la génération actuelle, en entendant raconter la vie de
labeurs, de sacrifices, de privations des premiers colons, en voyant le
courage, le patriotisme, l'héroïsme de ces valeureux défricheurs, apprécieront
davantage leur oeuvre sublime, admireront plus sincèrement leur dévouement et
leur rendront le tribut d'hommage et de reconnaissance auquel ils ont
pleinement droit.
Je reconnais les difficultés que l'on rencontre, dit M. Baillargeon, à
se procurer des renseignements exacts et détaillés quand, après cinquante ans,
soixante ans passés, il faut se fier exclusivement à la mémoire des hommes.
Car, il faut l'avouer, les notes écrites sur nos paroisses sont assez rares et
les archives à consulter ne nous fournissent pas toujours tous les renseignements
désirés et nécessaires.
Édouard Leclerc ( TOME 1 P.124)
Fondateur de la paroisse de Stanfold.
C'est un fait acquis à l'histoire, que Monsieur Édouard Leclerc, de
St-Grégoire-de-Nicolet, fut le premier colon du Canton de Stanfold, le
fondateur de la paroisse de St-Eusèbe.
C'est en mars 1832 qu'il arriva
dans les Bois-Francs et se fixa sur les cinquième et sixième lots du douzième
rang du Canton de Stanfold, près de la rivière Nicolet, pour s'y faire un
établissement agricole.
Il ne pouvait trouver un sol plus riche que celui des pointes étendues
que forme le cours irrégulier de cette rivière, serpentant alors entre une
double rangée d'ormes qu'il osa le premier frapper. Ce fut lui qui, abattant le
premier arbre pour construire sa cabane, annonça à cette forêt encore sauvage,
sa prochaine destruction sous les coups incessamment répétés de la hache des
colons qui devaient marcher sur ses traces.
Le fondateur laisse le célibat
A son arrivée à Stanfold, Édouard Leclerc était célibataire, âgé
d'environ 24 ans. Il épousa à Gentilly, le 8 avril 1839, Demoiselle Marie-Zoé
Landry-Bercase, de Stanfold.
I. Édouard Leclerc était un homme de taille
moyenne, d'une constitution robuste, traits accentués, front large et
découvert, oeil vif et pénétrant, nez aquilin, bouche toujours souriante. On
sentait invinciblement en lui l'homme de coeur et d'énergie. Sur le déclin de
sa vie, ses traits étaient, à la vérité, altérés par les rudes travaux auxquels
il s'était livré pendant de longues années, et son visage était un peu labouré
par les rides des soucis de famille; car si M. Édouard Leclerc a été béni dans
sa pénible besogne du défrichement de son champ, il ne l'a pas été moins dans
sa postérité. A un moment donné, il pouvait réunir autour de sa table
vingt-deux enfants, dont sept issus de son premier mariage avec Demoiselle Zoé
Landry-Bercase, et quinze de son second mariage avec Demoiselle Olive Poisson.
Monsieur Édouard Leclerc, après avoir occupé la même propriété toute sa
vie, mourut le 28 mars 1878, âgé de 70 ans. Terre de stanfold, sois légère sur
la tombe de cet homme de bien, de ce chrétien irréprochable, de ce héros de la
colonisation qui dort d'un paisible sommeil dans le champ de Dieu, dans ce
village de la mort, à l'ombre tutélaire de la croix et de la maison de Dieu!
Heureux celui qui repose Au pied du clocher natal, Réveillé dès l'aube
rose Par la chanson du métal;
Il dort près de sa demeure, N'a changé que de lit clos; De sa femme qui
pleure, Il entend tous les sanglots.
Celui qui meurt au village N'est
jamais tout à fait mort.
D'autres colons suivent
Dans l'année mil huit cent trente-deux arrivaient encore à Stanfold MM.
François Pellerin, Narcisse Béliveau, Pierre Poirier, Alphée Hébert et Noël
Bourque. Tous s'établirent dans les environs de leur coparoissien Édouard
Leclerc, sur les bords de la rivière Nicolet.
Trois des pères de ces hardis colons les avaient
conduits dans trois voitures, avec le bagage strictement nécessaire
d'ustensiles, de linge de corps et de provisions de bouches. On arriva à la
rivière Nicolet le soir. II fallut pourvoir tout de suite à l'installation pour
la nuit; les chevaux, enveloppés dans leurs couvertures, durent coucher dehors
au fin clair de lune, et les neuf hommes, majestueusement drapés dans des peaux
de buffle, durent passer la nuit à la belle étoile.
Un ciel serein, une lune qui dardait sur la terre ses rayons enchantés,
une température sèche, un froid presque sibérien, un vent du nord-est qui
soufflait aigre-doux, il y avait de quoi mettre en verve les favorisés des
muses; pour ces voyageurs fatigués, ils n'y trouvèrent rien qui pût faire
monter d'une manière alarmante le baromètre de leur enthousiasme. Le lendemain
matin, les trois conducteurs des voitures reprirent la route de St-Grégoire.
Du renfort
Vers 1834, M. Zéphirin Coulombe et sa femme, Marie Prince, M. Pierre
Landry-Bercase et sa femme, Olive Gaudet, vinrent renforcer la petite colonie
de la rivière Nicolet. Après quelques années passées sur le cinquième lot du
douzième rang de Stanfold, M. Pierre Landry-Bercase se choisit une nouvelle
propriété, sur le quatrième lot du onzième rang d'Arthabaska. Il fut le premier
colon de la partie du canton d'Arthabaska appartenant aujourd'hui à la paroisse
de St-Norbert.
Quelque temps après l'arrivée de MM. Z. Coulombe et Pierre
Landry-Bercase à Stanfold, MM. Alexis Turcotte et sa femme, Charlotte Prince,
Pierre Landry-Bercase, père, et sa femme, Marie Abraham, Abraham Landry-Bercase
et sa femme, Marie St-Cyr, eux aussi de St-Grégoire, vinrent s'établir à Stanfold.
Dans le printemps de 1836 ou 1837, M. Joseph Pellerin, natif de
St-Grégoire, mais résidant à la rivière Bécancour depuis quelques années, (1)
vint se joindre aux premiers colons de Stanfold, mais il se fixa à une assez
grande distance de leurs établissements, sur le neuvième lot du neuvième rang,
non loin de l'endroit où la voie ferrée traverse le chemin qui conduit de
Stanfold à Somerset. Il ne pensait certainement pas, ce brave habitant, à son
arrivée dans ce lieu, qu'avant 20 ans,
des chars traînés par la vapeur passeraient devant sa porte avec la rapidité de
la flèche.
Avant de se fixer à Stanfold, M. J. Pellerin séjourna trois à quatre ans
à la rivière Bécancour, dans le 1er rang de Bulstrode. Le 5 juin 1833, il épousa, à Gentilly, Angélique Houle,
fille de Charles Houle et de Louise Deshayes, aussi de Bulstrode. Le 29 juillet 1834,
il fit baptiser, à la rivière Bécancour, un enfant du nom de Joseph, né
le 20 avril 1834; parrain, Charles
Houle, marraine, Louise Deshayes. Le 13 janvier
1836, encore à la rivière Bécancour,
il fait baptiser une fille du nom de Célina, née en novembre 1835. Le 6
février 1838, à la rivière
Nicolet, Stanfold, il fait baptiser un garçon du nom de Joseph, né le 28 juillet 1837;
parrain, Charles Houle, marraine, Marie Houle.
Première déception
A peine M. Joseph Pellerin était-il arrivé à Stanfold et avait-il
commencé sérieusement les travaux de défrichement sur le lot qu'il s'était
choisi, qu'il découvrit que cette terre n'entrait pas dans le domaine du Gouvernement, mais qu'elle était bien et
dûment la propriété de quelques gros capitalistes anglais, qui savaient si
bien, dans ces temps, jouer à la cachette avec les colons.
Ils ne se gênaient pas de les déposséder sans pitié, ou d'exiger d'eux
des prix exorbitants. Sans hésiter un seul instant, M. Pellerin céda son lot à
son beau-père, M. Charles Houle, (1) et se plaça sur le lot voisin, le huitième
lot du neuvième rang, qui appartenait à la Couronne. Ce fut son bonheur, car M.
Joseph Pellerin est demeuré tranquille, possesseur de son champ jusqu'au jour
de son décès, arrivé le 4 juin 1865. Il
était âgé de 52 ans.
Dans le printemps de l'année 1836, M. Charles Houle, de Bécancour, avec
sa femme, Louise Deshayes, vint résider sur le 9e lot du 9e rang de Stanfold,
qu'il avait obtenu de son gendre, M. Joseph Pellerin, et le défricha
courageusement au prix de ses sueurs, aidé dans ses travaux par ses enfants qui
ne les cédaient en rien à leur père quant au courage et à l'énergie. M. Charles
Houle, avant de se fixer à Stanfold, passa quelques années dans le 1er rang de
Bulstrode.
Avant de mourir, M. Charles Houle avait partagé son lot entre ses quatre
fils: Charles, Joseph, David et Louis. M. Joseph Houle, qui devint l'un des
plus aisés cultivateurs de Stanfold, était devenu possesseur des terres de ses
deux frères, David et Louis. M. Charles Houle avait su et pu, au milieu de
certaines tracasseries qui lui furent suscitées par un grand propriétaire qui
s'était montré le bout de l'oreille, conserver son lot jusqu'à sa mort, arrivée
le 10 juin 1861. Il était âgé de 78 ans.
(1) Page 33. Voir Monde Illustré, 1891, et Foyer Canadien, 1864.
(i) Page 38. Charles Houle était l'oncle maternel de la mère de l'auteur
(M. l'abbé Charles-Édouard Mailhot) .
Pierre Richard et ses
quatre fils (p.57)
Vers 1827, M.
Pierre Richard, habitant de St-Grégoire-de-Nicolet, marié en premières noces à
Demoiselle Marie Thibaudeau. et en secondes noces à Demoiselle Marie Jalbert,
vint s'établir à la rivière Bécancour. Parmi les membres de sa famille se trouvaient
quatre garçons: Pierre, Auguste, Bruno et Charles.
Pierre épousa à Gentilly, le 9 janvier 1832, Demoiselle
Julie Héon dit Raymond, de la rivière Bécancour.
Auguste épousa à Gentilly, le 18 janvier 1831, Demoiselle Luce Héon, de la rivière Bécancour.
Bruno épousa à Gentilly, le 17 janvier 1835, Demoiselle
Julie Leblanc, du 1er rang de Bulstrode mission de la rivière Bécancour.
Charles épousa à la rivière Bécancour, le 25 novembre 1839, Demoiselle Angèle Mailhot.
Vers 1836, M.
Pierre Richard acheta, dans le 10e rang de Stanfold, un lopin de terre pour y
établir ses quatre garçons. Ceux-ci vinrent prendre possession de ce terrain au
printemps de 1837.
A cette même date, un autre habitant de
St-Grégoire, M. Pierre Béliveau, époux de Olive Bourque, vint s'établir à la
rivière Nicolet, dans les environs de M. Édouard Leclerc.
I. Pierre
Richard, père, mourut à St-Louis-de-Blandford, chez son fils Stanislas, le 23 janvier 1858, âgé de 76 ans.
Les quatre
frères Richard étaient des hommes robustes, infatigables et accoutumés aux
rudes travaux des champs. Ils se mirent résolument à l'oeuvre et tous les
superbes géants de la forêt qui s'étaient crus jusque là invincibles dans leur
retraite culbutaient tour à tour, sous les coups incessamment répétés de la hache
de ces hardis pionniers de la colonisation. En peu de temps, nos braves
travailleurs se firent des défrichements assez considérables.
La première chaudière
à potasse
Dans l'hiver de 1838, un nommé Joseph Hébert, de St-Grégoire, époux de Julie Garon,
ayant vendu sa terre, vint prendre possession du lot voisin des Richard. Il
avait apporté avec lui une chaudière à potasse; c'était la première qui
pénétrait dans le canton de Stanfold. Les frères Richard en profitèrent pour
fabriquer un quart de potasse de première qualité. Mais le quart de potasse
fabriqué, il fallait aviser aux moyens de l'exporter, et ce n'était pas une
petite entreprise que de se rendre à Gentilly. On se voyait dans l'obligation
de traverser d'abord la savane de Stanfold, longue de trois lieues, et ensuite
celle de Blandford, entre la rivière Bécancour et le Domaine de
Gentilly, aussi longue que la première. Il fallait suivre un chemin à demi
fait, dans un état impraticable et même dangereux pour la vie des voyageurs.
C'était en plein milieu de juillet. Le lundi au
matin, de bonne heure, les quatre frères Richard fixèrent solidement le quart
de potasse sur un rustique traîneau; les deux boeufs de l'établissement furent
chargés de la besogne de transport; Storn
fût placé dans les menoires et Bock fut
mis de l'avant. Pierre et Auguste Richard furent choisis pour faire le voyage.
On partit joyeusement, résignés à toutes les péripéties de la route.
Les maringouins font
des leurs
Quand on arriva à la savane, le soleil était déjà
haut sur l'horizon. A peine avait-on parcouru quelques arpents de cette voie
périlleuse, que toutes les familles malcommodes de la forêt s'étaient donné
rendez-vous auprès de la petite caravane, décidées de profiter largement de la
bonne aubaine qui s'offrait à leur appétit vorace. Les maringouins, les
moustiques, les brûlots torturaient affreusement les hommes, tandis que les
taons s'étaient assemblés autour des deux bêtes de somme, les enveloppaient de
toutes parts comme une ville assiégée et les pressaient avec fureur. Les hommes
suaient à grosses gouttes et avaient toutes les peines du monde à se protéger
contre les piqûres de leurs ennuyeux visiteurs. Les boeufs enfonçaient à chaque
pas jusqu'aux genoux dans les marais, et, par temps, devenaient presque furieux:
ils se jetaient à terre et poussaient des cris formidables; les deux
conducteurs en avaient tout leur raide à ramener Storn et Bock au devoir.
Pierre Richard, dont la patience était mise à une
rude épreuve, saisissait, de sa main vigoureuse, un long fouet et le faisait
jouer dans les airs, et sa mise allait invariablement s'abattre sur le dos d'un des
taons qui s'était imaginé avoir élu domicile sur les flancs du pauvre Bock. Le
taon ainsi terrassé pirouettait sur lui-même et allait mordre la poussière. Cette
oeuvre de destruction se poursuivait pendant des demi-heures avec une dextérité
étonnante, mais c'était peine complètement perdue. Pour vingt taons qui
succombaient sous les coups de fouet de Pierre Richard, quarante autres plus
alertes s'élançaient en colonne serrée sur le dos des deux bêtes à cornes, pour
venger la mort de leurs camarades. Et dire que, dans de pareilles
circonstances, il fallait toute la journée à nos hommes pour franchir la savane
de Stanfold! Ils arrivèrent dans la veillée à la rivière Bécancour et allèrent
se reposer des fatigues du voyage chez leur père. Le lendemain matin, on mit un
cheval vigoureux et une bonne charrette à la disposition des voyageurs, qui
prirent sans délai le chemin de Gentilly.
Il y avait alors un gros magasin tenu par
Monsieur Adolphe Stein. Ce marchand acheta le quart de potasse à un prix qui
donna entière satisfaction aux deux vendeurs. Pierre et Auguste Richard
apprirent qu'il y avait aux Trois-Rivières une goélette chargée de blé qui se
vendait à bon marché. Ils s'y rendirent tout de suite, achetèrent vingt minots
de blé et retournèrent à Gentilly.
Un moulin à farine
En ce temps-là, Monsieur Grindelair avait là un
petit moulin à farine mû par le vent. Or, comme le vent n'était pas favorable
et que Grindelair n'avait pas en mains la corde à virer le vent, il arriva que
Pierre et Auguste Richard furent obligés de passer deux jours et deux nuits à
bailler dans le moulin en attendant leur fleur. Enfin, le vendredi au midi, nos
hommes purent prendre la route de St-Louis-de-Blandford. Le samedi, nos deux
voyageurs entreprirent de remonter la savane de Stanfold. Mêmes difficultés et
mêmes souffrances que le lundi. Ils arrivèrent au commencement de la veillée à
un ruisseau communément appelé «ruisseau du cheval» parce qu'un cheval y perdit
la vie. Ce ruisseau serpentait en arrière de la maison occupée pendant de
longues années par Monsieur Louis Leclerc. Nouvel obstacle, car le ruisseau
était gonflé démesurément. Heureusement, Bruno et Charles étaient venus au-devant
de leurs frères. Nos quatre bons hommes ne se laissèrent point décourager; ils
se munirent de longues perches, chargèrent leurs épaules des sacs de fleur et
se mirent en frais de traverser le ruisseau, non sans courir quelque danger,
car l'eau atteignait leurs poitrines. Toutefois, la farine fut protégée contre
l'eau; les deux boeufs franchirent à la nage le ruisseau. Une fois le sauvetage
opéré, nos colons, mouillés jusqu'aux os, mais gais comme des pinsons, se
dirigèrent du côté de leur logis, où ils arrivèrent au milieu de la nuit.
Ainsi, six mortelles journées et une grande partie des nuits pour ce voyage!
C'est presque incroyable.
Une maison de pension
" Vers 1843,
M. Pierre Richard, fils, abandonna la culture de la terre et vint se fixer
au village de Princeville. II échangea avec M. Célestin Brunel sa propriété du
dixième rang pour une maison bâtie au coin du chemin provincial et de la rue
St-Jacques.
C'est là que M. Pierre Richard tint maison de
pension pendant vingt-huit ans. Avant la construction du chemin de fer qui,
depuis 1861, relie Victoriaville à la
ville des Trois-Rivières, M. Pierre Richard avait établi une communication au
moyen d'une diligence qui faisait le service entre Stanfold et les
Trois-Rivières trois fois par semaine. Plus tard, cette diligence devint
quotidienne. M. P. Richard a eu de plus, durant plusieurs années, le contrat de
la malle, qu'il faisait transporter trois fois par semaine de Stanfold à
Richmond.
I. Pierre
Richard était un des descendants de ces valeureux Acadiens qui furent chassés
de leur patrie contre toutes les lois de l'honneur et de la justice et qui, en
grande partie, fondèrent la paroisse de St-Grégoire, comté de Nicolet. M.
Pierre Richard a amplement prouvé dans le ( canton de Stanfold qu'il n'avait pas
dégénéré de sa nationlité. M. Pierre Richard est décédé à Stanfold, le 24 décembre c 1895, âgé de 90 ans.
M. Pierre Richard était né à St-Grégoire, le 2 septembre 1805.
L'élan étant donné, l'oeuvre de la colonisation
du canton de Stanfold entrait dans une ère de progrès sensible. C'est alors que
bon nombre de familles des paroisses du fleuve se décidèrent à marcher sur les
traces de leurs courageux devanciers et à venir tenter fortune dans le canton
de Stanfold.
Quelques résidants de
Stanfold en 1840
Nos résidants pionniers déjà
connus les registres de Ste-Grégoire, de Bécancour, de Gentilly et de
St-Pierre-les-Becquets, de 1833 à 1840, signalent plusieurs autres colons
résidants à Stanfold, entre autres:
les noms ont été retirés et mis dans la
section famille (J.P).
Voir http://www.societehistoireprinceville.com/Photo_Familles.HTM
On désire un prêtre
Les premiers colons de Stanfold, depuis l'année
1832 jusqu'à 1840, étaient demeurés sans prêtre résidant au milieu d'eux. Les
dimanches et les fêtes, jours de repos consacrés au Seigneur, ils
s'assemblaient au pied d'un tronc d'arbre sur lequel ils plaçaient l'image du
Christ et adressaient au ciel de ferventes prières. On lisait dans ces réunions
quelques pages d'un livre édifiant; on récitait le chapelet et on chantait
quelques cantiques, de ceux si aimés de notre population.
Quel touchant spectacle pour le ciel que celui
de ces hommes, de ces enfants adressant à l'Auguste Reine des Cieux qu'on
n'invoque jamais en vain, ces belles paroles:
Je mets ma confiance, Vierge, en votre secours.
Servez-moi de dérense, Prenez soin de mes jours.
Et les petits anges du Seigneur, voyant couler
les larmes de ces généreux colons, disaient pour eux à la Consolatrice des
affligés:
Je pleure et je souffre; ô ma mère!
Sur moi daignez jeter les yeux: Car, avant d'être
Reine aux cieux,
Vous avez partagé notre existence amère.
Quoi! dans la gloire oublierez-vous
Tout ce que notre exil enferme de souffrance? Non,
vous avez souffert; voilà notre espérance, Marie, ayez pitié de nous!
Et ces doux épanchements de coeurs malheureux
dans ce coeur tout d'amour et tout de consolation ranimaient ces pauvres
défricheurs, exilés sur la terre de Stanfold.
Premiers missionnaires
de Stanfold
Le 8 mars. 1834, M. Michel Carrier, curé de
Gentilly, bénit, sur les bords de la rivière Nicolet, dans le canton de
Stanfold, la fosse de Laurent Héon, époux de Marie-Anne Tourigny, décédé l'été
précédent, âgé de 30 ans. (1)
(1) Page 44.
Voir Registres de Gentilly.
(2) Si M.
Carrier a dit la messe, lors de cette visite, ce qui n'est pas impossible, il
est le premier prêtre qui ait célébré les Sts-Mystères sur la terre de
Stanfold; sinon, l'honneur en revient à M. Olivier Larue, curé de Gentilly et
missionnaire des Bois-Francs.
(3)
Il est bien certain que M. O. Larue fit la
mission à Stanfold, sur les bords de la rivière Nicolet, les 6, 7 et 8 février
1838. II dit la messe dans la maison de M. Pierre Landry dit Bercase, sur le cinquième
lot du douzième rang de Stanfold.
Il baptisa sous condition huit enfants et suppléa
aux cérémonies du baptême de deux autres.
Le premier de ces enfants baptisés sous condition
fut Joseph Pellerin, fils de Joseph Pellerin et de Angélique Houle. Parrain,
Charles Houle, marraine, Marie Houle. Cet enfant était né le 28 juillet 1837.
M.0. Larue bénit aussi les fosses de Luce Dubois,
décédée le 10 août 1836, âgée de 17 ans; de Flavie Cantin, décédée le 24 mars
1837, âgée de deux ans, et de Zoé Cantin, décédée le 14 octobre 1837, âgée de
18 mois. Cette jeune fille et ces deux enfants avaient été enterrés par M.
Antoine Abelle.
Le premier acte relatif à Stanfold que nous
trouvons dans les registres de Gentilly est le baptême, par M. Michel Carrier,
le 4 mars 1834, de Marie Lucie, née le 24 février précédent, fille de Charles
Roy et de Marie Leblanc.
Les 15 et 16 janvier 1839, M. O. Larue fit une seconde mission à
Stanfold. Il suppléa aux cérémonies du baptême de onze enfants. Le mercredi, 16
janvier 1839, dans la maison de M. Landry dit Bercase, eut lieu le mariage de Édouard-Abraham
Landry et de Marie St-Cyr. Ce fut le premier mariage célébré dans le canton de
Stanfold.
I. Olivier Larue visita encore les fidèles de
Stanfold en décembre 1839, en juin, juillet et octobre 1840.
Un premier cimetière (p.58)
Dans sa première mission, en février 1838, M. Larue bénit un petit
cimetière sur les bords de la rivière Nicolet, sur la propriété de Monsieur Édouard
Leclerc, sur le 5e lot du 12e rang de Stanfold. Dans le printemps, les colons
se firent un religieux devoir de l'entourer d'une clôture en pieux debout.
C'est dans cette terre bénite que reposèrent de leur dernier sommeil: Luce
Dubois, Flavie Cantin, Zoé Cantin, Salomon Vézina, époux de Marie-Anne Baril et
Philomène Lafrance, fille de Siméon Lafrance, et probablement Laurent Héon, lui
aussi enterré sur les bords de la rivière Nicolet en 1833. Ce petit cimetière
était situé sur le côté nord de la rivière Nicolet, où M. Édouard Leclerc avait
alors sa cabane, et avait été donné par lui, pour y inhumer les morts, en
attendant que la chose fût réglée par qui de droit.
I. l'abbé Denis Marcoux, vicaire à Gentilly
et chargé d'aider M. le curé O. Larue dans le travail de la desserte des
Bois-Francs, vint deux fois pour les malades à Stanfold, dans les années 1839
et 1840, et chaque fois il a dit la messe dans la maison de M. Pierre Prince,
sur le onzième lot du neuvième rang de Stanfold. Cette maison était bâtie près
de la résidence de l'honorable Louis Richard, aujourd'hui (1914) propriété de
M. le docteur P. U. Garneau, sur la moitié ouest du lie lot du 9e rang de
Stanfold.
Le 11 février 1840, M. D. Marcoux fit sa première mission à Stanfold, où
il baptisa vingt enfants.
En mars 1840, M. D. Marcoux fit sa seconde mission. Le 30 mars 1840, il
inhuma dans le cimetière de Stanfold le corps de Marie-Louise Matte, décédée le
28, âgée de 57 ans, épouse de Adrien Piché, du township d'Arthabaska. (1)
(1) Page 46. Voir Greffe d'Arthabaska,
Missions catholiques de Blandford, etc..
La troisième et dernière mission de M. D. Marcoux à Stanfold eut lieu en
juillet 1840.
A l'automne de 1840, la mission de Stanfold fut confiée à M. l'abbé C.
Gagnon, nommé missionnaire des Bois-Francs, avec résidence à Somerset.
Pour les différents actes de baptêmes, mariages et sépultures relatifs à
Stanfold, du 4 mars 1834 à décembre 1839, il faut recourir aux registres de
Gentilly ou au greffe des Trois-Rivières.
De janvier 1840 à octobre 1848, ces actes se trouvent dans les registres
de Somerset ou au greffe d'Arthabaska. Il est bon de ne pas oublier que les
registres pour les Bois-Francs, de 1840 à 1844 inclusivement, déposés au greffe
d'Arthabaska, sont intitulés: Registres pour les missions catholiques de
Blandford, etc..
Après 1840, on trouve encore, dans les registres de Gentilly, quelques
actes relatifs à Stanfold. De même que de 1844 à 1848, il pourrait être
nécessaire de consulter les registres de St-Norbert-d'Arthabaska.
Le premier registre de Stanfold
Le premier registre de Stanfold, déposé au Greffe d'Arthabaska, a été
authentiqué par le juge Bourne, le 9 octobre 1848. Il contient quatre actes de
sépultures et douze actes de baptêmes. Ces actes ne se trouvent pas dans les
archives de la cure de St-Eusèbe-de-Stanfold.
Liste des baptisés dont les noms ne se trouvent pas à Stanfold, mais au
Greffe d'Arthabaska: Octave Michel, Marie Richard, Hélène Girouard, M.-Emélie
Beauchesne; Joseph Galarneau, M.-Louise Fiset, Clovis Goudreau, M.Adélaïde
Richard, M.-Anne Girouard; Zoé Labelle, Cyrille Rau, M.-Rosalie Bourassa, Marie
Arseneau, J.-Guillaume Prince, Ludger Brunel.
Le premier registre conservé dans les archives de la cure de St-Eusèbe
fut authentiqué le 8 janvier 1849, et le premier acte enregistré est daté du 9
et signé par M. l'abbé Antoine Racine, premier curé de St-Eusèbe-de-Stanfold.
Salomon Vézina
Monsieur Salomon Vézina était un brave colon, mais il n'était pas
fortuné; pour le sûr, il ne l'était pas autant que Salomon des temps anciens.
Après les semailles du printemps de l'an 1839, Salomon Vézina descendit à pied
à Gentilly (distance de plus de neuf lieues) pour se pourvoir d'un sac de
farine. En remontant la savane, avec cent livres de fleurs sur }e dos, il
transpira affreusement sous l'effet des rayons brûlants du soleil de juillet,
et, en arrivant le soir, à sa chaumière, il commit l'imprudence de se
désaltérer avec de l'eau bien froide. Il contracta tout de suite une pleurésie
et succomba au bout de quelques jours.
Pour le transporter au cimetière, à travers l'épaisse forêt, les colons
avaient lié solidement des branches flexibles d'arbres tout autour du cercueil;
une longue perche fut passée entre ces branches et le couvercle de la tombe, et
huit hommes, quatre en avant de la bière et quatre en arrière, tenant sur leurs
épaules les deux extrémités de la perche, le conduisirent à sa dernière
demeure. On traversa la rivière Nicolet sur un petit cageu. Quand le corps fut
déposé dans la terre, un des colons, Antoine Abelle; fit l'office de. Fossoyeur
et tous s'agenouillèrent, en priant pour le repos de l'âme de celui qui les
avaient précédés dans le champ de la mort.
Philomène Lafrance
Simon Lafrance, époux de Marie-Anne Baril, défrichait en ces temps-là
une terre sur les bords de la rivière Nicolet. Sa fille était engagée en la
paroisse de Gentilly. Quand elle
eut fini son temps de service, en août 1839, elle prit le chemin de la
demeure de ses parents. Arrivée à la rivière Bécancour, elle ne voulut pas
s'aventurer sans compagnons dans la savane, car, à cette époque de l'année, on
y voyait souvent rôder des ours; d'ailleurs, la simple prudence lui faisait une
loi de ne pas entreprendre seule une pareille course. On lui dit que François
Pellerin, de Stanfold, avait traversé la rivière, une heure auparavant avec une
paire de boeufs attelés l'un devant l'autre sur un sleigh, avec quatre poches
de farine, et que, sa marche devant être nécessairement bien lente, si elle
faisait tant soit peu diligence, elle pouvait le rattraper bientôt. Elle
traversa la rivière, s'enfonça dans la savane à pas précipités, et cependant
elle ne put le rejoindre que sur les bords de la rivière Blanche. Les pluies
terrentinelles (torrentielles) tombées les jours précédents avaient gonflé
démesurément cette rivière, et cependant, il fallait traverser à tout prix et
coûte que coûte. François Pellerin se cramponna hardiment au joug du boeuf de
l'avant, et Philomène Lafrance au joug de celui de l'arrière, et les deux
animaux furent lancés à la nage. Nos deux voyageurs baignèrent dans l'eau
jusqu'à la hauteur des épaules. La traverse effectuée sans encombre, il fallut
continuer la marche précipitamment, pour ne pas trop refroidir après le bain
forcé. Rendus à l'endroit où est bâti aujourd'hui le pont, sur le grand chemin
provincial, Pellerin continua sa route et Philomène Lafrance prit celle de la
demeure de ses parents. Elle y arriva sur le soir et trouva la porte de la
cabane fermée à clef.
Elle parvint assez facilement à pénétrer dans l'intérieur de la maison,
car alors les colons n'avaient pas à redouter les incursions des voleurs et ne
se servaient pas de serrures brevetées. Simon Lafrance et son épouse avaient
passé la journée chez Pierre Landry Bercase, pour aider dans un levage de
bâtiment. Croyant que ses parents s'en reviendraient dans le cours de la soirée,
Philomène Lafrance se coucha, persuadée qu'elle s'éveillerait à leur arrivée.
Elle s'endormit d'un profond sommeil, fatiguée qu'elle était, et,
malheureusement pour elle, ses parents ne revinrent pas le soir. Ils passèrent
la nuit chez Pierre Landry Bercase, et ce ne fut que le lendemain au midi
qu'ils regagnèrent leur logis. Surpris de voir la porte débarrée, ils
pénétrèrent avec une certaine inquiétude à l'intérieur de leur cabane et
trouvèrent leur fille, couchée dans leur lit.
La seconde victime de la savane
Grande fut leur surprise et terrible leur stupéfaction quand ils
découvrirent que leur fille était morte. Philomène Lafrance fut la deuxième
victime qui succomba à la suite des misères endurées dans le trajet de cette
affreuse savane de Stanfold qui, comme on l'a dit bien des fois et avec raison,
a bien fait mal parler d'elle pendant sa vie et n'a pas entendu grand bien se
dire sur son compte après sa mort. Philomène Lafrance fut inhumée, à côté de
Salomon Vézina, dans le petit cimetière, sur la terre de M. Édouard Leclerc.
Dans le printemps de l'année 1840, les eaux de la rivière Nicolet
s'élevèrent à une très grande hauteur, et les glaces, charroyant une grande
quantité de corps-morts et d'arbres culbutés par le vent, brisèrent trois côtés
de la clôture de ce premier cimetière de Stanfold, en rognèrent entièrement la
terre et emportèrent dans leur course précipitée les cercueils des personnes
inhumées dans ce petit coin de terre, sans qu'on eût jamais pu les retrouver.
Cependant, des anciens que j'ai pu consulter disent que quelques-uns de ces
corps furent retrouvés, ci et là, après un certain temps, et déposés dans le
cimetière. Les registres ne nous donnent aucun renseignement sur ce sujet.
On priait au pied de la croix
Ce fut, pendant cinq ans, au pied de la croix de ce cimetière, que les
colons de la rivière Nicolet se réunissaient, les dimanches et les fêtes, pour
prier, chanter des cantiques et réciter le chapelet, alors qu'ils étaient
privés de tout secours religieux.
Les premiers colons des Bois-Francs qui avaient fait
leurs établissements sur la terre de Stanfold, trois ans avant ceux de
Somerset, croyaient avoir le droit de réclamer le privilège d'avoir une
chapelle avant eux. Quoiqu'on leur eut donné une espèce d'assurance qu'il en serait
ainsi, l'autorité religieuse en décida autrement, et, le 10 juin 1840, fut
fixée par M. Larue, curé de Gentilly, la place d'une chapelle dans Somerset,
sur un terrain agréablement situé, près des bords de la rivière Blanche.
Ce fut un bien grand désappointement pour les braves
colons de Stanfold. On se résigna cependant de bon coeur et en enfants soumis
de l'Église, soutenus par la pensée que si un prêtre venait résider à Somerset,
il leur serait, à cette distance, assez facile de se procurer les secours
religieux dont ils auraient besoin.
M. l'abbé Clovis Gagnon
Premier missionnaire résidant dans les
Bois-Francs
Après quinze années de privations et de souffrances, le 29 septembre
1840, fut nommé le premier missionnaire résidant dans les Bois-Francs: M.
Clovis Gagnon. M. Gagnon, conformément à l'injonction de Sa Grandeur Mgr
Signay, évêque de Québec, fixa sa résidence à Somerset. II avait à desservir
les cantons de Somerset, de Stanfold, de Blandford, d'Arthabaska et de Warwick.
A Stanfold, il disait la messe alternativement dans la maison de M. Pierre
Prince, sur le l le lot du 9e rang, dans celle de M. Joseph Verville, établie
sur le 16e lot du 9e rang, et dans celle de Pierre Landry Bercase, cultivateur,
fixé sur le 5e lot du 12e rang.
M. C. Gagnon a dit aussi la messe dans la maison de M.
Moîse Rhault, dans le 10e rang de Stanfold.
Il était obligé d'aller porter les secours de son
ministère à des malades, tantôt à St-Jules-de-Bulstrode (aujourd'hui
St-Valère), tantôt à St-Louis-de-Blandford, tantôt à la rivière Nicolet, tantôt
dans les cantons d'Arthabaska et de Warwick. Il
lui fallait parcourir une étendue de plus de douze lieues à travers la
forêt et dans des chemins pour ainsi dire impossibles.
M. Louis Prince, qui a fait quelques courses avec cet
infatigable missionnaire, disait qu'il avait une fois traversé la rivière
Nicolet avec lui, à la raquette, et qu'ils enfonçaient tous deux dans la neige
et dans l'eau jusqu'à la profondeur de sept ou huit pouces. C'était aux yeux de
M. Prince une espèce de miracle que de voir la santé de M. Gagnon se soutenir
au milieu des misères semblables et presque journalières.
Un grand marcheur
M. Clovis Gagnon a été considéré dans son temps comme le plus grand, le
plus intrépide et le plus infatigable marcheur que nos cantons aient jamais
porté. C'était un jeudi, le avril 1842. Dans l'après-midi de ce jour, M. Gagnon
était parti à cheval de Somerset, à travers le bois, et s'était rendu à sa
mission qu'il devait commencer le lendemain, dans la maison de M. Joseph
Verville. II faut vous dire que M. Joseph Verville n'était pas connu en ces
temps-là dans la colonie de Stanfold autrement que sous le nom de Thazo Verville.
On l'informa, vers la fin de la nuit, qu'il était demandé pour un
malade, dans le bas de la rivière Bécancour. Il se lève tout de suite, dit la
messe, prend le St-Sacrement et se rend au point du jour à la maison de M.
Pierre Richard. Il s'informa à lui s'il croyait qu'il serait possible de
traverser la savane à cheval.
Un bon conseil
M. Pierre Richard, qui connaissait très bien le chemin
à parcourir, lui répondit que, vu les grands dégels des jours précédents, il ne
serait pas prudent de s'aventurer à cheval dans la savane; que les chemins
défonceraient et qu'il pourrait lui arriver quelque accident. M. Gagnon ne tint
pas compte de cet avis et il se lança dans la savane. A peine M. Gagnon
avait-il fait quelques arpents, qu'il comprit la gravité de la situation et
rebroussa chemin. Il fit mettre son cheval dans l'écurie de M. Richard, prit
ses jambes, enchâssées dans de grandes bottes de cuir rouge, et se rendit à
pied à la cabane du malade. Il le confessa, lui administra les sacrements de
l'Eucharistie et de l'Extrême-Onction, le prépara à la mort et fut de retour à
la maison de M. Pierre Richard vers quatre heures de l'après-midi. Après avoir
soupé, M. Gagnon reprit la route de sa mission.
Ainsi, dans sa journée du vendredi 29 avril 1842,
M. Gagnon avait parcouru douze longues lieues, deux à cheval, et dix à
pied dont six dans cette affreuse savane de Stanfold, si redoutée des voyageurs
les plus courageux. Par ce seul fait, pris entre un grand nombre, on peut se
faire une idée du courage et de la force physique de M. Clovis Gagnon.
Le premier marchand de Stanfold
Le premier marchand de Stanfold a été M. Joseph Girouard. Il s'était
choisi, en 1838, un lopin de terre, au
10e rang, avait bâti une potasserie et une perlasserie et y avait en même temps
ouvert un petit magasin. M. Girouard achetait le sall des colons et leur donnait souvent, lorsque le stock était en baisse à Stanfold, un bon, qu'on
était obligé d'aller échanger pour des provisions de bouche à
St-Louis-deBlandford, où M . Girouard tenait un dépôt de fleur et de lard.
Voyons les inconvénients de cet ordre de choses pour les pauvres colons.
Ainsi M. Elie Desharnais, fixé en 1840 sur un demi-lot (lot 26 du 10e
rang dé Stanfold) près de 1a ligne de Bulstrode, parcourait près de trois
lieues à travers la forêt, avec un sac de
sall sur le dos, pour venir le vendre à M. Girouard, qui lui donnait en
retour un bon payable en fleur, à la rivière Bécancour. II fallait ensuite
prendre le chemin de la savane pour aller s'approvisionner à cet endroit. Une
fois rendu à la rivière Bécancour, il ne faut pas demander si la main le
pressait après une marche si pénible. Alors, sans cérémonie, il attachait
solidement sa poche de provisions, près de la gueule, y mettait un peu de
farine qu'il délayait avec de l'eau de la rivière et faisait cuire cette pâte
sur un couvercle de chaudron qu'il empruntait d'un colon du voisinage, On me
croira facilement si je dis que cette galette, ainsi improvisée, sans oeuf,
sans sucre blanc et sans poudre allemande, ne valait pas les succulents gâteaux
de nos jours.
Tout de même, M. Desharnais, réconforté par ce pain grossier, plaçait
sur ses épaules un sac de provisions pesant plus de cent livres et reprenait
joyeusement le chemin de son logis, en suivant la grande ligne de Bulstrode,
par une voie difficile et semée de marais. Ainsi, dans ces temps-là, nos braves
défricheurs de Stanfold étaient obligés de parcourir à pied huit ou neuf lieues
avant de pouvoir mettre sur leurs tables la nourriture nécessaire pour eux et
pour leurs familles.
Le second marchand (P.59)
Monsieur Louis Richard, de St-Grégoire, marié avec demoiselle Hermine
Prince, le 15 janvier 1841, vint se fixer à Stanfold quinze jours après son
mariage. Après avoir cultivé pendant six mois une terre à la rivière Nicolet,
il s'établit sur un demi-lot (moitié est du onzième lot du neuvième rang de
Stanfold) situé dans les limites actuelles du village de Princeville, et comme
il avait exercé le métier de colporteur, il ouvrit un modeste magasin; ainsi,
M. Louis Richard fat le second marchand de Stanfold.
Le troisième marchand
I. Pierre Prince, fixé à Stanfold en I839,
ouvrit un magasin à la fin de l'été de l'année 1841 et +ut le troisième
marchand de cette paroisse.
En 1838, M. Joseph Prince, de St-Grégoire, avait acheté de l'Agent des
terres du Gouvernement des Trois-Rivières, le onzième lot du neuvième rang du
canton de Stanfold, la moitié ouest pour M. Pierre Prince et la moitié est pour
M. Hilaire Richard. M. H. Richard n'a jamais habité ce demi-lot, mais il
l'échangea avec son frère, M. Louis Richard, pour un demi-lot à la rivière
Nicolet et un lot entier situé dans le onzième rang du canton de Somerset.
Avant que M. Pierre Prince prît possession de son demi-lot, ce lopin de
terre était occupé par M. Ls Prince, beau-père de M. François Pellerin, qui y
avait fait quelques petits défrichements et y avait construit un caveau pour
mettre en sûreté les patates qu'il récoltait. Ce caveau, fait tant bien que
mal, ou plutôt beaucoup plus mal que bien, était, situé sur le terrain actuel
de la Fabrique, près de la rue St-Jacques. Vers le 15 octobre 1837, cinq
voyageurs remontaient la savane, portant sur leurs épaules d'énormes sacs de
provisions: c'étaient Messieurs Édouard Leclerc, François Pellerin, Alexis
Turcotte, François Jeannotte et un autre défricheur nommé Baby Fontaine, dont
le vrai nom était Jean-Baptiste Billy. Ces Braves colons furent assaillis, en
plein milieu de la savane, par une pluie torrentielle de longue durée. Ils
arrivèrent sur le soir à ce caveau, épuisé, tout mouillés et tout glacés. II
fut décidé unanimement qu'on y passerait la nuit. Les fatigues de la journée ne
les empêchèrent pas de dormir d'un profond sommeil. Le lendemain matin, il
fallut songer à sortir de ce gîte. Ce fut presqu'un mystère d'en trouver le
moyen. D'abord grande difficulté pour trouver la porte, au milieu de
l'obscurité affreuse qui les enveloppait de toutes parts. Le soleil avait beau
darder ses plus ardents rayons sur le caveau, pas une parcelle de sa brillante
lumière ne pénétrait à l'intérieur, pour la bonne raison qu'il n'y avait aucun
châssis.
Une fois la porte trouvée, nouvel embarras pour l'ouvrir, parce que les
pluies abondantes du jour précédent et de la nuit l'avaient tellement renflée,
qu'elle se tenait aussi serrée dans son encadrage grossier qu'une cheville
enfoncée à coups de massé dans de gros piquets d'une clôture de cèdre. Nos
voyageurs n'avaient pas à leur disposition tous les outils qu'on rencontre dans
les boutiques des ouvriers; des couteaux de poches étaient les seuls
instruments qu'ils avaient en mains. Cependant, il leur fallait sortir, sortir
par la porte, et pour passer par là il était absolument nécessaire que la
porte, s'ouvrît. Ces colons n'avaient pas encore revêtu les qualités glorieuses
des corps ressuscités: ils n'avaient pas la subtilité pour passer à travers les
corps les plus opaques et les plus durs, comme Notre-Seigneur, qui entra dans
le cénacle les portes fermées. Leurs genoux et leurs bras vigoureux avaient
beau lutter d'énergie et de désespoir, la porte semblait se rire de leurs
efforts et refusait opiniâtrement de leur livrer passage.
La position devenait de plus en plus tendue.
Enfin, de guerre lasse, la porte céda sous les coups redoublés et la
clarté du jour ne se fit autour de nos courageux voyageurs que pour leur faire
comprendre le triste état de deux de leurs compagnons de route.
Trois des voyageurs, MM. Édouard Leclerc, François Pellerin et Baby
Fontaine étaient, le matin, assez réconfortés et avaient bon pied et bon oeil.
Il n'en était pas ainsi de MM. Alexis Turcotte et François Jeannotte. Ils
avaient les jambes et les bras presque perclus et ils étaient incapables de
faire un mouvement. On fut obligé de les traîner hors du caveau à force de
bras, de les exposer aux rayons du soleil pour les dégourdir et de leur
frictionner les bras et les jambes, pendant plusieurs heures, pour les mettre
sur pieds. Enfin, après bien des soins, plus ou moins doucereux, Alexis
Turcotte et François- Jeannotte purent se dresser sur leurs jambes et
continuer, quoique misérablement, avec leurs trois compagnons, leur route
jusqu'à la rivière Nicolet, lieu de leur résidence.
Le premier notaire
Le premier notaire à Stanfold a été M. François-Xavier Pratte, qui arriva le 10 mai 1844.
M. Pratte, pendant près de 30 ans, a exercé sa profession à Stanfold, et, par
son amour du travail et son honorabilité, a su gagner à un haut degré la
confiance de tous ses concitoyens qui, à plusieurs reprises, l'ont porté aux
charges les plus importantes.
Le premier médecin
Le premier médecin a été M. Urgèle-Médéric Poisson, qui se fixa à
Stanfold le 28 septembre 1848, y pratiqua sa profession avec succès pendant
l'espace de onze ans et demi, et finalement alla résider à
St-Christophe-d'Arthabaska, où il fut nommé coroner des comtés de Drummond,
Arthabaska et Mégantic.
La première chapelle
A l'automne de 1844, la population des Bois-Francs étant devenue plus
considérable, l'autorité religieuse jugea à propos de diviser la mission: M. C.
Gagnon alla résider à St-Norbert-d'Arthabaska, avec la desserte de
St-Christophe et de Warwick, et M. C.-E. Bélanger, nouveau missionnaire, se
fixa à Somerset, avec desserte de Stanfold et de St-Louis-de-Blandford.
Le 18 avril 1844, les paroissiens de Stanfold
présentèrent une requête à Mgr l'Évêque de Québec, lui demandant la permission
de bâtir une chapelle.
M. Louis Proulx, curé de St-Antoine-de-Tilly, dans le
comté de Lotbinière, reçut ordre de se rendre à Stanfold, de vérifier les
allégués de la requête et d'y fixer la place d'une chapelle et d'un presbytère.
Cette commission porte la date du 17 juin 1844.
Le 15 août de la même année, M. Proulx se rendit à
Stanfold et fut reçu avec beaucoup d'enthousiasme par cette brave population
qui voyait enfin luire le jour où il lui serait
donné d'élever un modeste temple au Seigneur. Les chemins furent
préparés et ornés du mieux possible et ce fut un véritable jour de fête. Il y
eut cependant une division assez prononcée parmi les colons. Les uns voulaient
que la chapelle fut fixée au dixième rang, sur la terre de M. Joseph Girouard;
les autres la demandaient à deux milles et demi de l'église actuelle, sur la
terre de M. Gilbert Poudrier, (gore de Stanfold, lot A, neuvième rang) et
enfin, d'autres la voulaient sur le onzième lot du neuvième rang. Ce fut une
joute oratoire et un procès en règle. Un des colons, dans la chaleur de la
discussion, s'oublia jusqu'à dire à M. le délégué de l'évêque que s'il n'avait pas une étole au cou il y
aurait du train dans l'assemblée.
Discussions acerbes
M. Proulx, en homme calme et digne, répondit froidement qu'il n'était
pas venu à Stanfold pour y causer du trouble, mais bien pour exécuter les injonctions de l'autorité épiscopale et
qu'il avait ordre de ne déterminer une place pour une chapelle et un presbytère
que sur une terre dont le fonds fût sans aucune redevance. C'était bien là,
assurément, trancher le noeud gordien
de la situation, puisque pas un des colons qui demandaient la fixation de la
chapelle un peu plus haut, sur le chemin qui conduit à la Coupe-Walker, ne
pouvait offrir une telle garantie. Après bien des pourparlers, finalement M.
Proulx fixa la place de la chapelle sur la terre de M. Pierre Prince, (partie
ouest du lie lot du 9e rang de Stanfold) à un arpent du chemin royal.
Il régla les dimensions de la chapelle comme suit:
longueur 120 pieds, largeur 45 pieds, hauteur au-dessus des lambourdes 25 pieds.
Les dimensions du presbytère furent: longueur 50 pieds, largeur 36 pieds,
hauteur 15 pieds.
Ces diverses opérations de M. Proulx furent approuvées
par Mgr l'Évêque de Québec, le 4 avril 1845.
Le nouveau missionnaire de Stanfold, M. C. E. Bélanger
était doué d'une belle intelligence; c'était un homme d'énergie et d'une grande
activité; il était l'homme qu'il ,fallait pour donner un élan
considérable à la colonisation des terres des Bois-Francs.
M. Pierre Prince, avec l'aide de quelques habitants au
coeur profondément religieux comme le sien, avait planté près de son humble
logis une croix, au pied de laquelle les colons venaient chanter des cantiques,
réciter le chapelet, prier en commun, les dimanches et les jours de fête.
Le site de la première chapelle
Le 15 du mois d'août 1844, M. Proulx avait
fait transporter cette croix et l'avait fixée à l'endroit qu'il avait déterminé
pour être le site de la première chapelle de Stanfold.
Or, en ce temps-là, il se produisit dans la colonie de Stanfold un événement
qui eut un retentissement douloureux. C'était le 8 novembre 1844. Dans une
bonne nuit, alors que le soleil, ce grand oeil de l'univers, avait fait une
course de sept heures au-dessous de notre horizon, dans un moment où la lune,
cet unique charme de nos nuits, refusait sa lumière à la terre, la croix fixée
par M. Louis Proulx sur le lot de M. Pierre Prince, à l'endroit où devait se
construire plus tard la chapelle, se trouva solidement plantée sur la terre de
Paul Chandonnais, (15e lot du 9e rang de Stanfold). Cette croix n'avait reçu
aucune égratignure dans ce déménagement, qu'elle n'avait nullement sollicité:
preuve que les choses avaient été faites comme il le faut du moins au point de
vue des opérations matérielles. Personne ne se crut autorisé à crier au
miracle, et pas à l'intervention des anges, du moins à celles des bons Anges
Gardiens.
L'autorité religieuse, informée de la chose, ne s'en émut pas et tint
ferme devant le petit orage. On trouva la clef de ce mystère, qui n'était pas,
à coup sûr, au-dessus de la portée de l'intelligence humaine, dans le fait
qu'un certain nombre d'habitants voulaient la chapelle un peu plus haut, sur le
grand chemin actuel; et ainsi la mèche mise à la poudrière était éventée et
l'incident n'eut pas de conséquences fâcheuses. Ces braves gens avaient bien
chargé leurs épaules du lourd fardeau de la croix, mais comme ils n'avaient pas
suivi leur divin Maître dans la voie du renoncement à leur volonté, ils en
furent quittes pour les fatigues et le travail de la nuit; et quand, quelques
semaines après, on commença à préparer le bois pour la construction de la
chapelle à l'endroit choisi par M. Proulx, ils durent dire, comme les apôtres:
«Maître, nous avons travaillé toute la nuit et nous n'avons rien pris.»
Une sérieuse épreuve pour le missionnaire
Le nouveau missionnaire de Stanfold, M. C. E. Bélanger, commençait donc
par une assez sérieuse épreuve, une carrière de sacrifices qu'il devait
couronner, au bout de quatorze mois, le 24 novembre 1845, d'une manière bien
lamentable. Néanmoins, au commencement de l'hiver de l'année 1845, les colons
de Stanfold, sous l'action de la parole entraînante de M. Bélanger, leur dévoué
pasteur, s'étaient mis hardiment à l'oeuvre, en préparant le bois de la
nouvelle chapelle, qu'ils levèrent dans le courant de l'été de la même année.
Elle occupait la place de l'église actuelle (1914) et avait à peu près la même
position. Cette chapelle, faite à l'entretoise, avait été assise sur des
chantiers élevés, vu la déclivité du terrain, et ces appuis n'étaient pas assez
solides.
La chapelle est renversée
Le 2 avril 1847, il tomba une couche épaisse de neige, et un vent
furieux, soufflant du nord-est, renversa de fond en comble cette chapelle. Ce
fut une lourde perte pour les pauvres colons encore au début de leur carrière.
Ils avaient mis dans cette oeuvre tant de bon vouloir et ils avaient fait de si
généreux sacrifices pour élever au Seigneur cet humble temple!
Les semailles étant faites, les fidèles de Stanfold se mirent en devoir
de relever leur chapelle, voulant, cette fois cependant, la refaire plus
petite, vu la pauvreté des colons et leur nombre encore assez restreint. C'est
alors que surgit la fameuse question de réunir la mission de Stanfold à celle
de Somerset. C'était pour les gens de Stanfold une nouvelle et cruelle épreuve
qui menaçait de s'ajouter à la première. Il fut donc décidé qu'on s'adresserait
à l'autorité religieuse pour conjurer ce malheur. M. Pierre Richard se mit en
tête de l'opposition. II ne recula devant aucun sacrifice, bien déterminé à
tenir bon contre l'orage. Il fit deux voyages à Québec, en voiture, à ses frais
et dépens, pour aller soutenir les intérêts religieux de la petite colonie
auprès de Mgr l'Archevêque de Québec. La justice de -cette cause fut
heureusement reconnue, et c'est en grande partie aux efforts de M. Pierre
Richard si la mission de Stanfold a été alors maintenue.
Jusqu'à l'arrivée de M. l'abbé Antoine Racine, en octobre 1848, M.
l'abbé Édouard Dufour, missionnaire d'une partie des Bois-Francs et résidant à
Somerset, continua à desservir les fidèles de Stanfold, faisant les offices
religieux dans la chapelle qu'on avait réussi à relever de ses ruines.
Le
dernier acte du missionnaire
Son dernier acte comme missionnaire de Stanfold, daté du 13 octobre
1848, est le baptême d'Alexandre Bourassa. La veille, il avait inhumé dans le
cimetière de Stanfold, Simon Marcoux, époux de défunte Geneviève Courteau,
décédé le 10, âgé d'environ cent ans.
Le 10 avril 1848, M. Pierre Prince et son épouse, Dame Marguerite
Pratte, passèrent un acte devant M. le notaire Charles Cormier, de Somerset,
cédant, pour le prix de six livres, argent courant, un terrain pour l'église,
aux Sieurs Édouard Dufour, missionnaire des cantons de Somerset, Standfold et
Blandford, Louis Richard, Léon Thibaudeau, Joseph Bourbeau dit Verville, et
Louis Trottier, syndics élus le 26 octobre 1847 par les paroissiens, et
agissant au nom de la paroisse de Stanfold. Ce terrain était une partie du l le
lot du 9e rang de Stanfold, moitié ouest, contenant huit arpents et demi en
superficie, sauf à distraire sur ce terrain un demi-arpent en superficie, qui
avait été approprié pour une
maison d'école quelque temps auparavant.
Première école
Cette école se trouvait à peu près vis-à-vis le presbytère actuel (1)
(1914). Elle fut fréquentée par tous les enfants des alentours, jusqu'en 1854,
alors qu'on fut obligé de la faire disparaître parce qu'elle était bâtie sur le
tracé même de la ligne projetée du chemin de fer du Grand Tronc.
De 1848 à 1914
Nomination du premier
curé de Stanfold
«Québec; 4 octobre 1848. Révérend M. Racine, Vicaire de la
Malbaie. Monsieur,
Je vous confie par la présente, jusqu'à révocation de ma part ou celle
de mes successeurs, le soin des cures et paroisses de St-Eusèbe-de-Stanfold et
de St-Louis-de-Blandford. Vous percevrez les dîmes et oblations ordinaires,
auxquelles sera jointe, au moins pour cette année, une allocation sur les fonds
de l'oeuvre de la Propagation de la Foi. Vous exhorterez vos paroissiens à se
mettre en mesure de pourvoir par eux-mêmes au soutien de leur prêtre et de ne
pas compter pour l'avenir sur de nouveaux secours de l'oeuvre ci-dessus
mentionnée, laquelle n'aura pas toujours les mêmes ressources.
Vous trouverez sur une des feuilles ci-jointes la liste des pouvoirs que
vous êtes autorisé à exercer, en votre qualité de curé de Stanfold et autres
lieux; l'autre renferme des instructions qui pourront vous être utiles dans
l'occasion.
En attendant que l'on vous ait bâti un presbytère à Stanfold, vous
pourrez prendre pension chez M. le curé de Somerset, à moins que vous ne
trouviez à Stanfold une maison convenable où vous puissiez le faire.
Je suis, etc.
t Jos. Archevêque de Québec.»
Notes biographiques
Mgr Antoine Racine, né à la Jeune-Lorette, près de Québec, le 26 janvier 1822,
de Michel Racine, forgeron, et de Louise Pépin, fit ses études à Québec,
où il fut ordonné le 12 septembre 1844. Vicaire à La Malbaie (1844-1848); premier curé de Stanfold (1848-1851), où il a construit un presbytère;
curé de St-Joseph-de-Beauce (1851-1853), de
St-Jean-Baptiste de Québec (1853-1874) ; premier
évêque de Sherbrooke (18741893), élu
le 1er septembre 1874 et sacré à
Québec par Mgr Taschereau le 18 octobre
suivant; fondateur du séminaire de Sherbrooke, en 1875. Il est décédé à Sherbrooke, succombant à une affection
organique des valvules du coeur, le 17 juillet
1893.
En arrivant à Stanfold, M. A. Racine trouva une chapelle, mais le
presbytère n'était pas encore habitable. Il logea en attendant chez M. Louis
Richard, marié à la nièce de M. Pierre Prince.
Les paroissiens de Stanfold, ayant à coeur de loger aussi convenablement
que possible leur curé, se firent un devoir de faire les sacrifices voulus en
de telles circonstances. Grâce à cette bonne volonté qui caractérisait nos
ancêtres, M. A. Racine n'attendit pas longtemps avant de pouvoir habiter son
modeste logis. Il était heureux et content de partager la pauvreté de ses
ouailles.
Quel dévouement! quels sacrifices de la part des premiers missionnaires
des Bois-Francs! Les temps sont changés, mais nous serions bien ingrats de ne
pas reconnaître leurs mérites et de ne pas remercier la Providence d'avoir
suscité à l'heure propice des hommes au coeur noble et magnanime, capables de
tous les sacrifices.
Premier corps de marguilliers (P.60)
Le 28 octobre 1848, Mgr l'Archevêque de Québec émit un
décret ordonnant l'élection d'un corps de marguilliers pour la paroisse de
St-Eusèbe-de-Stanfold.
Cette élection se fit dans la maison d'école, le 12 novembre 1848, sous
la présidence de M. Antoine Racine, curé de St-Eusèbe-de-Stanfold. Les
marguilliers élus furent MM. Louis Richard, Léon Thibaudeau, Pierre Prince,
François Pratte, Moîse Rhault, Rémi Grenier, Gilbert Lemay-Poudrier et Amable
Sicard. M. Louis Richard fut proclamé premier marguillier du banc, M. Léon
Thibaudeau, deuxième, et M. Pierre Prince, troisième.
Le 11 janvier 1849 eut lieu la bénédiction de la
première cloche de Stanfold, baptisée sous les noms de Julie-Esther. Cette
cérémonie fut présidée par M. l'abbé Olivier Larue, archi-prêtre, curé de
Gentilly et ancien missionnaire de Stanfold.
Le 15 mars 1849, M. Édouard Dufour, missionnaire de
Somerset, érigea canoniquement dans la chapelle de St-Eusèbe, les stations du
Chemin de la Croix.
A la fin de l'année 1851, M. Antoine Racine fut nommé curé
de St-Joseph-de-Beauce. Le dernier acte signé par M. Antoine Racine comme curé
de St-Eusèbe est daté du 21 décembre 1851.
Le devoir des Canadiens-français
Dans une causerie intitulée «Les débuts d'une oeuvre: publiée en 1902, M.
J.-A. Chicoyne, parlant de M. l'abbé John Holmes, un des premiers missionnaires
de Drummondville et professeur au séminaire de Québec de 1827 à 1852, disait: Dans
sa nouvelle carrière de professeur il ne perdit jamais occasion d'insister sur
le devoir qui incombait aux Canadiens-français de sauvegarder cette partie de
leur héritage.
Plusieurs de ses élèves, prêtres et laîques, fidèles à ses leçons,
devinrent d'ardents promoteurs de la colonisation. Parmi ces adeptes de l'abbé
Holmes, il en est un qui joua un rôle remarquable à plus d'un titre; je veux
parler de Mgr Racine, qui débuta comme missionnaire dans les Bois-Francs et
devint le premier évêque de Sherbrooke, en 1874.
Mgr Racine
nourrissait la plus profonde vénération pour son ancien professeur, et, en
maintes circonstances, il l'a désigné comme ayant été le premier apôtre de la
colonisation française et catholique dans les Cantons de l'Est.
Un mot d'ordre
C'est à l'abbé Holmes que nous devons le fameux mot d'ordre: «Emparons-nous
du sol.»
M. l'abbé A. Racine, premier curé de Stanfold, devenu premier évêque de
Sherbrooke en 1874, mourut-en sa ville épiscopale, le 17 juillet 1893.
Le Courrier du Canada,
à la fondation duquel Mgr Antoine Racine
avait participé trente-six ans auparavant, lui consacra l'article nécrologique
suivant:
«Mgr Antoine Racine naquit le 26 janvier
1822. II était donc, à sa mort, âgé de
plus de soixante et onze ans. Bel âge, sans doute, et l'éminent évêque semblait
porter allègrement le poids des années, lorsque la mort, la mort accidentelle,
est venue le ravir à l'affection de son peuple. Sa visite pastorale allait se
terminer au milieu des plus douces consolations. Qui aurait cru qu'une chute
fatale enlèverait si tôt à l'Église du Canada un de ses prélats les plus
distingués? Quel coup pour le diocèse de Sherbrooke, pour le clergé tout
entier! A Québec, on ne pouvait croire le télégramme qui apportait cette
nouvelle, tant le prélat avait paru jusque là défier l'âge, la fatigue, le
travail. C'est qu'ici le défunt a laissé des traces inoubliables de son zèle
apostolique.
Comme il fut desservant de l'église St-Jean-Baptiste pendant vingt et un
ans, il nous appartient peut-être autant qu'au diocèse de Sherbrooke de le
pleurer, et de payer à sa mémoire un tribut de reconnaissance.
Quant au Courrier du Canada, c'est
un bienfaiteur qu'il a perdu, et c'est le deuil qu'il lui faut prendre.
En 1857, notre journal prit
naissance. M. Racine se distingua parmi les plus zélés de ses fondateurs. De
quels soins n'a-t-il pas entouré le berceau de l'organe naissant du clergé de
Québec? On put dès lors reconnaître en lui l'homme des bons combats, sans
cesser d'être prêtre partout, heureux et fier de servir partout les grands
intérêts de la terre et du ciel.
Dans les Bois-Francs
Avant d'être promu à la desserte de l'église St-Jean, M. Racine avait
séjourné pendant deux ans dans cette partie des Cantons de l'Est alors connue
sous le nom de Bois-Francs. (1) C'est
là qu'il se fit connaître et apprécier comme colonisateur. La Providence l'y
exerça à tenir la houlette, dans cette mission immense qui comprenait les
cantons de Stanfold, de Blandford et de Bulstrode. Les vieux n'ont pas oublié
ce jeune prêtre de vingt-sept ans, parcourant la forêt pour porter la
consolation dans le coeur des affligés, se faisant tout à tous, aussi pieux que
modeste, charitable comme St-Vincent de Paul. Tout dévoué aux intérêts
matériels de ses ouailles, l'abbé Racine se multiplia pour leur rendre plus
agréable la vie pénible du défricheur abandonné à ses propres ressources, et il
rédigea en collaboration cette célèbre brochure intitulée: Le Canadien émigrant, qui
produisit un grand effet dans le monde politique. A partir de ce jour, les
gouvernements vinrent en aide aux pauvres colons délaissés, et quand le
missionnaire des Bois-Francs, obéissant aux ordres de son évêque, courut
prendre charge de la paroisse de St-Joseph, dans la Beauce, il pouvait prévoir
pour ses colons une nouvelle ère de prospérité et de bonheur.
L'abbé Racine ne passa que deux ans à St-Joseph, et il y laissa une
belle réputation de vertus et de science.
Le premier évêque de Sherbrooke
C'est en 1853 qu'il fut appelé à Québec pour servir, sur un théâtre
plus vaste, la cause de la religion et de la patrie. Quel dévouement à toutes les
oeuvres de Dieu! Son nom est identifié à toutes les grandes fêtes nationales et
religieuses. Tantôt on le voit monter dans la chaire de vérité pour y célébrer
les gloires de la patrie en liesse, tantôt il vient verser des pleurs sur la
tombe d'un prélat défunt. Lorsque l'autorité ecclésiastique institue le procès
de béatification de la fondatrice des Ursulines, il est choisi comme l'un des
membres du jury. Et quand sonna l'heure où il fallut ériger un diocèse dans les
Cantons de l'Est, il n'y eut qu'une voix dans le clergé, pour jeter en avant le
nom de l'abbé Racine. Cette élection fut ratifiée à Rome, et, en 1874, le
prêtre devenait le pasteur intrépide qui commande et fait tout marcher à sa
parole, c'est-à-dire l'évêque, le successeur des Apôtres, revêtu de la
plénitude du sacerdoce, juge de la foi, gardien de la discipline.
«Gouvernez hardiment», disait Bossuet en s'adressant
aux princes. «Soyez mères», disait Fénelon en s'adressant aux pasteurs. Mgr
Racine avait sans doute entendu ces deux oracles, car il y conforma toute sa
conduite. Il conduisait son clergé et son peuple en étendant sur leur tête
cette verge de consolation et d'honneur dont parle l'Écriture, cette crosse à
l'abri de laquelle il fait bon vivre, quand rien ne la fait vaciller ni fléchir
dans la maison qui la porte: virga tua et baculus tuus ipsa me consalata sunt. Il
gouverna hardiment, commandant le respect, l'inspirant lui-même. L'autorité de
sa parole suffit à conserver la paix dans ce diocèse où le protestantisme
compte de nombreux et puissants adeptes. Sa prévoyance s'émut pour le
recrutement du sacerdoce dans cette Église où il voulait voir les biens
spirituels plus abondants encore que les moissons de la terre et les richesses
du commerce
et de l'industrie. Il a semé, d'autres récolteront.
Tous se souviennent de lui
Les directeurs du séminaire de Sherbrooke se souviendront de l'intérêt
paternel que leur portait leur vénérable évêque, de la haute estime qu'il
faisait des professeurs, de la confiance qu'il leur a accordée en tout temps.
Quelle est, du reste, la communauté qu'il n'ait pas conseillée, consolée, mise
à l'abri des coups du sort? Que n'a-t-il pas imaginé pour donner au prêtre,
dans chaque paroisse, l'honneur qui lui est dû, pour assurer sa subsistance,
embellir sa demeure et la lui faire aimer?
Voilà, dans une rapide esquisse, comment parlera l'histoire des oeuvres
de Mgr Antoine Racine, premier évêque de Sherbrooke, et des mouvements qu'il a
laissés de son zèle et
de sa piété. Mais, à côté de cet esprit si ferme, il faut voir un coeur
plus tendre encore, un coeur qui fut vraiment celui d'une mère. On le
connaissait dans chaque couvent, dans chaque paroisse, où ses tournées
pastorales étaient attendues avec tant d'impatience, signalées par les
démonstrations d'une joie si vive, dans ces familles où il portait, par ses
visites, non pas le pain du corps, mais le pain de l'âme, la parole de la
vérité et de la vie. Hic est qui multum orat pro populo et pro universa
civitate.
O vénérable prélat, votre moisson est belle, reposez-vous maintenant;
vous avez été véritablement le bon ouvrier de l'Évangile, vous avez bien
répondu à cette voix qui vous appelait, il y a dix-neuf ans, sur les bords de
la rivière St-François, pour travailler dans le champ du Seigneur».
Deuxième curé:
M. l'abbé Pierre-Léon Lahaye
Le successeur de M. Antoine Racine fut M. l'abbé P.-L. Lahaye, vicaire à
St-Roch de Québec. Le premier acte qu'il a signé dans les registres de Stanfold
est daté du 4 janvier 1852.
M. l'abbé P.-L. Lahaye demeura à peine neuf mois à Stanfold.
Trois-Rivières ayant été érigé en diocèse en 1852,
M. P.-L. Lahaye préféra appartenir au diocèse de Québec. Il demanda son
rappel, et, à l'automne de 1852, il
retourna à St-Roch de Québec, comme vicaire.
Le dernier acte signé par M. P.-L. Lahaye comme curé de
St-Eusèbe-de-Stanfold est daté du 5 octobre
1852.
Troisième curé:
M.l'abbé Narcisse Pelletier
Avant sa nomination à la cure de St-Eusèbe-de-Stanfold, M. l'abbé
Narcisse Pelletier était vicaire à Ste-Anne-de-la-Pérade. Il prit possession de
la cure en 1852.
Le 11 septembre 1859, les
paroissiens de Stanfold présentèrent aux commissaires civils une requête
demandant la permission de faire une élection de syndics pour la construction
d'une église et d'une sacristie. L'autorisation fut accordée le 23 septembre 1859. La confirmation de l'élection des syndics par les
commissaires civils est datée du 11 novembre de la même année. Les sept syndics
élus furent: MM. Jean-Baptiste Pellerin, Auguste Desroches, Louis Richard,
Prosper Roux, Pascal Lacourse, Léon Thibaudeau et Louis Trottier.
Les 23, 24 et 25 juillet 1852,
Mgr Turgeon archevêque de Québec, visita Somerset, mais ne se rendit pas
à Stanfold, parce que Stanfold devait faire partie du nouveau diocèse des
Trois-Rivières.
Le nouveau diocèse des Trois-Rivières
Le 8 juin précédent, le
St-Siège avait érigé le diocèse des Trois-Rivières, lui donnant, pour chef
spirituel le Très Révérend Messire Thomas Cooke, vicaire général de l'évêque de
Québec et curé des Trois-Rivières. A cette date, une grande partie des
Bois-Francs fut confiée à la sollicitude pastorale du nouvel évêque des
Trois-Rivières. La partie dans le comté de Mégantic seule continua à appartenir
à l'Archidiocèse de Québec.
Mgr Thomas Cooke, né à La-Pointe-du-Lac, comté de St-Maurice, le 9 février 1792,
de Jean-Thomas Cooke, meunier, et Isabelle Guay, fit ses études à
Nicolet, à Québec et à St-Hyacinthe; fut ordonné par Mgr Plessis, le 9
septembre 1814: Secrétaire de Mgr
Panet à la Rivière-Ouelle (1814-1817) ; curé
de Caraquet, avec desserte des rivages immenses (1817-1824) ; y compris Tracadie du Nouveau-Brunswick (1818-1823) ; curé de la Jeune-Lorette (1824-1835) ; curé aux Trois-Rivières (1835-1852) ; grand vicaire (1835-1852), avec desserte du
Cap-de-la-Madeleine (1835-1844); élu premier
évêque des Trois-Rivières le 8 juin 1852, par S. S. Pie IX, et sacré le 18 octobre 1852,
dans sa cathédrale, par Mgr Turgeon; évêque des Trois-Rivières (1852-1870) où il fonda le séminaire; décédé
aux Trois-Rivières le 3 avril 1870.
Le 27 décembre 1899, M. Georges Courchesne, (1) élève
finissant au séminaire de Nicolet, dans l'adresse qu'il lut à Mgr J. S. H.
Brunault, évêque de Tubuna et coadjuteur de Monseigneur de Nicolet, en
rappelant le souvenir de Mgr Thomas Cooke, disait les paroles suivantes:
«1852 apporta de
nouveau au Séminaire de Nicolet un immense sujet de joie: le sixième de ses
fils était consacré évêque, et cette fois son évêque, puisqu'il devenait le
fondateur du diocèse des Trois-Rivières, Monseigneur Thomas Cooke, de douce
mémoire, dont le nom brille, avec celui du premier évêque de St-Boniface, en
tête de la liste des premiers élèves de Nicolet, en 1803. Tous deux méritent, 'a la fin de leur cours, en 1808, le bulletin suivant, envoyé par le
directeur à Mgr Plessis: «Parmi nos philosophes, les plus ingénieux sont Cooke
et Provencher; les plus vertueux, Provencher et Cooke; les plus enclins à
l'état ecclésiastique, autant que je puis le connaître, Provencher et Cooke». »
Le nouvel évêque visite Stanfold
En juillet 1855, Mgr Thomas Cooke,
évêque des Trois-Rivières, fit la première visite épiscopale à
St-Eusèbe-de-Stanfold. C'était la première fois que les paroissiens de Stanfold
recevaient la visite de leur premier pasteur.
La seconde visite de Mgr Thomas Cooke à St-Eusèbe eut lieu les 6, 7 et 8 septembre
1859.
Il y avait alors 1708 âmes, 980 communiants et 280 familles. En 1839-1840, il
n'y avait que 432 âmes et 251 communiants.
Le 25 septembre 1860 eut lieu la bénédiction de la pierre
angulaire de l'église de St-Eusèbe, par M. Joseph Auclair, curé de Notre-Dame
de Québec.
Le 22 novembre 1860, dans une assemblée présidée par M.
P.-H. Suzor, curé de St-Christophe, il fut décidé d'agrandir le cimetière.
Cette résolution fut approuvée le 27 novembre
1860, par Mgr Thomas Cooke, évêque des
Trois-Rivières.
Le 6 octobre 1861, les francs-tenanciers de Stanfold
présentèrent à Mgr Thomas Cooke, évêque des Trois-Rivières, une requête
demandant à bâtir un nouveau presbytère. Mgr l'évêque approuva cette requête le
15 novembre 1861.
Bénédiction de l'église
Le 4 février 1863, l'église de St-Eusèbe-de-Stanfold fut
solennellement bénite par M. Antoine Racine, chapelain de l'église de
St-Jean-Baptiste de Québec et ancien curé de Stanfold. Cette église avait 130 pieds de longueur, 55 pieds de largeur, les
murs 33 pieds de hauteur, le clocher
160 pieds de hauteur. Elle fut incendiée le 3
mars 1911.
(P.61)
Le 1er mai 1864, dans une
assemblée de paroisse, M. le curé N. Pelletier et messieurs les marguilliers du
banc furent autorisés à donner l'entreprise du parachèvement de l'intérieur de
l'église à M. Gédéon Leblanc, architecte. Cette résolution fut approuvée par
Mgr Thomas Cooke, évêque des Trois-Rivières, le 3 mai 1864.
Le 27 juillet 1864, M. l'abbé Louis-Henri Dostie, curé de
Gentilly, fit la bénédiction de la seconde cloche de Stanfold. Elle pesait 825 livres et reçut les noms de
Marie-Lucille-Caroline.
La troisième cloche de Stanfold fut bénite le 5 juin 1871, par M.
l'abbé Louis Sévérin Rheault, procureur de l'évêché des Trois-Rivières. Elle
était du poids de 758 livres et fut
baptisée sous les noms de Charles-Lucie-Louise-Hermine.
M. Narcisse Pelletier, curé de St-Eusèbe-de-Stanfold près de vingt-deux
ans, mourut le 13 juillet 1874. Son corps repose dans l'église de
St-Eusèbe-de-Stanfold.
Un lourd fardeau
Le premier curé de Stanfold, M. Antoine Racine, ayant été curé à peine
trois ans, et le second M. P.-L. Lahaye, seulement neuf mois, M. Narcisse
Pelletier, leur successeur et troisième curé, eut en réalité tout le fardeau de
l'organisation paroissiale. Presbytère et église à bâtir, il lui a fallu
supporter tous les inconvénients et toutes les misères occasionnés en de telles
circonstances. Il n'a pas failli à la tâche. Toujours sur la brèche, il a lutté
comme un digne ministre du Christ et de son Église. Aimé et respecté de ses
ouailles, il se dépensait généreusement pour le salut des âmes qui lui étaient
confiées. A sa mort, il avait la consolation de voir la paroisse de
St-Eusèbe-de-Stanfold bien organisée et possédant un établissement religieux des
plus enviables. La population de St-Eusèbe a conservé de ce pasteur zélé et
dévoué un souvenir des plus précieux.
Quatrième curé: (P.61)
M. l'abbé Charles-Flavien Baillargeon
A l'automne de 1874, M. l'abbé
C.-F. Baillargeon prenait possession de la cure de St-Eusèbe-de-Stanfold,
laissée vacante par la mort de M. l'abbé Narcisse Pelletier.
Miné par la maladie, épuisé par l'exercice d'un ministère laborieux, M.
l'abbé C.-F. Baillargeon espérait recouvrer ses forces en jouissant du grand
air de la campagne. Il n'avait cependant rien perdu de son énergie, de son
amour au travail et de son zèle pour le bien des âmes. M. Baillargeon fut un
homme d'action, un vaillant distributeur de la parole de Dieu, un pasteur
vigilant, un prêtre rempli de dévouement.
Mais il est une question qui a toujours été chère à son coeur: c'est
l'instruction de la jeunesse. Si nous étions tentés d'en douter, nous n'aurions
qu'à jeter les yeux sur Trois-Rivières et considérer les oeuvres qu'il a
accomplies en faveur de cette importante et noble cause.
Un collège commercial
Aussi, un de ses premiers soins, en arrivant à Stanfold, fut-il de
procurer à la jeunesse de sa paroisse les avantages, la facilité d'acquérir ce
grand bienfait d'une bonne et sainte éducation. II ne laissa pas s'écouler un
long temps sans se mettre à l'oeuvre, sans aviser aux moyens de réaliser ce
patriotique et religieux projet. Il s'agissait d'appeler ou des Frères ou des
Soeurs à Stanfold, pour l'enseignement de la jeunesse. Un collège commercial
était bien à souhaiter; mais les Frères ne pourraient se charger que du soin
des petits garçons, il fut résolu qu'on appellerait des Soeurs, parce que
celles-ci s'occuperaient et des filles et des garçons.
Mais, pour exécuter cette oeuvre, il y avait des obstacles assez sérieux
à vaincre. L'échec subi au sujet du collège, quelques années auparavant, était
de nature â en tenir un
bon nombre dans la crainte, à faire des incrédules. M. Baillargeon était
de taille à affronter et à surmonter tous les obstacles. Les difficultés d'une
oeuvre à accomplir n'ébranleraient nullement son courage ni sa volonté. Il
savait par expérience qu'avec du travail, de l'énergie et de la persévérance on peut opérer des merveilles.
Il poursuivait ainsi son but, lorsque, par une
disposition de la Divine Providence, la maison qui, jadis avait été bâtie pour
un collège devint disponible.
Le couvent
M. Baillargeon comprit que le moment favorable
était arrivé et qu'il fallait en profiter. Cette fois, le succès va couronner
l'oeuvre entreprise. Après plusieurs pourparlers avec messieurs les fabriciens,
il fut décidé qu'on ferait l'acquisition de la maison en question, pour en
faire un couvent, dont on confierait la direction aux Révérendes Soeurs de
l'Assomption de Nicolet, lesquelles arrivèrent le 27 août 1884.
La première supérieure fut la Révérende Soeur
Ste-Marie. La Fabrique, qui avait acheté l'ancien collège de M. P. H. Matte, le
2 septembre 1884, le revendit aux Révérendes Soeurs de l'Assomption, le 30
décembre 1886.
Cinquième curé:
M. l'abbé Thomas-Alexis-L. Desaulniers
Le successeur de M. l'abbé C.-F. Baillargeon fut
M. l'abbé Ths-A.-L. Desaulniers, curé de St-Bonaventure.
Monsieur
le curé Desaulniers fit considérablement agrandir le presbytère, restaurer
l'intérieur de l'église et l'enrichit de trois superbes cloches. La bénédiction
de ce carillon eut lieu le 27 mai 1890. Mgr Antoine Racine, évêque de Sherbrooke et ancien curé de Stanfold, présida cette grande cérémonie.
Mgr Gravel, évêque de Nicolet, était aussi présent, ainsi qu'un grand nombre de
membres du clergé et de laïques importants.
La première cloche pesait 1500 livres,
la seconde, 1 171 livres, et la
troisième 950.
Ce carillon fut détruit dans l'incendie du 3 mars 1911.
Sixième curé:
M. l'abbé F.-Édouard Baril
Le sixième curé de St-Eusèbe-de-Stanfold fut M. l'abbé F.-Édouard Baril.
Il fut nommé en mars 1907.
M. le curé Baril a fait construire une splendide
église pour remplacer l'ancienne, incendiée le 3 mars 1911. Ce temple
élevé à la gloire du Seigneur, un des plus beaux, non seulement des Bois-Francs
mais de tout le diocèse de Nicolet, redit bien hautement la générosité et
l'esprit de foi des braves paroissiens de Stanfold et le zèle de son dévoué
curé. Ce temple a été ouvert au culte pour la messe de minuit, le 25 décembre 1913. Il a 180 pieds de
longueur et 64 de largeur. La hauteur
des clochers est de 192 pieds. La
bénédiction solennelle a été faite, le 16 janvier
1914, par Sa Grandeur Monseigneur J.
S. H. Brunault, évêque de Nicolet, qui, la veille, avait présidé à la
bénédiction d'un superbe carillon composé de quatre cloches.
L'abbé François-Édouard Baril, né à
St-Pierre-les-Becquets, comté de Nicolet, le 12
octobre 1854, de Pierre Baril,
cultivateur, et de Olive Tousignant, fit ses études à Nicolet et aux Trois-Rivières,
où il fut ordonné par Mgr Laflèche, le 18 décembre
1884. Vicaire à St-Médard de Warwick (1884-1885), â Drummondville (1885), encore à St-Médard de Warwick (1885-1886), â la cathédrale de Nicolet (1886-1887), au séminaire de Nicolet,
professeur de philosophie (1887-1903), en
même temps directeur des ecclésiastiques (1900-1903),
curé de Notre-Dame de Pierreville (1903-1904),
aumônier des Soeurs de l'Assomption, à Nicolet (1904-1907), curé de Princeville de 1907 à sa mort survenue au presbytère le 27 février 1916. Inhumé
sous l'église.
Septième curé:
M.
l'abbé Arthur-Odilon
Né à Ste-Anne-de-la-Pérade, le
1 juillet 1861, de Félix de Valois
Papillon, cultivateur, et d'Esther
Matte. Etudes classiques (1877-1884) et
théologiques au Séminaire de Nicolet. Ordonné le 29 juillet dans la cathédrale de Nicolet et par S. Exc. Mgr
Elphège Gravel, évêque de Nicolet. Au Séminaire: professeur de rhétorique (1888-1893), étudiant à l'Université de la
Propagande, à Rome (1893-1895). Secrétaire
privé de S. Exc. Mgr Elphège Gravel. Desservant puis curé de Ste-Gertrude (1895-1904) ; curé de Bécancour (1904-1916) ; curé de Princeville (1916-1924). Décédé à son presbytère le 13 mai 1924.
Inhumé dans le cimetière de Princeville.
Huitième curé:
Mgr Sévérin Poirier
Né à St-David, comté d'Yamaska, le 29 avril 1867,
de Octave Poirier, cultivateur, et de Marie Bourque. Etudes classiques (1879-1887) et théologiques (1887-1892), au Séminaire de Nicolet.
Ordonné le 25 juillet 1892 à la Maison-Mère des Soeurs de
l'Assomption de Nicolet par S. Exc. Mgr Elphège Gravel, évêque de Nicolet.
Vicaire à Warwick (1892-1893) ; vicaire
â Ste-Monique (1893-1894) ; vicaire à
St-Grégoire (1894-1895); vicaire â
St-David (1895); vicaire à
St-Pierre-les-Becquets (1895-1898); vicaire
à Nicolet (1898-1899) ; directeur des
élèves du Séminaire de Nicolet (1899-1920) ; curé
de Nicolet (1920-1924) ; curé de
Princeville (1924-1952). Chanoine
titulaire le 1er décembre 1923. Prélat
domestique le 13 juillet 1942. Après sa résignation comme curé de
Princeville, il demeura au presbytère jusqu'au 26 décembre 1963, après
quoi il se retira à l'Ermitage St-Joseph de Victoriaville, où il est décédé le 30 juillet 1969.
Neuvième curé:
M.
l'abbé Eugène Autate
Né à St-David, le 18 juillet 1891, de Joseph
Autate, sellier, et de Clothilde Laplante. Etudes classiques (1904-1911) et
théologiques au Séminaire de Nicolet. Ordonné le 13 septembre 1914 dans la
chapelle du Séminaire de Nicolet par S. Exc. Mgr Hermann Brunault, évêque de
Nicolet. Vicaire à St-David (1914-1915) ; vicaire à Ste-Anne-du-Sault (1915) ;
vicaire à St-Paul (1915-1916); vicaire à St-Frédéric de Drummondville
(1916-1919) ; vicaire à Kingsey (1919-1920) ; vicaire à St-Grégoire
(1920-1921); vicaire à Bécancour (1921-1923); vicaire à Princeville
(1923-1924); vicaire à Victoriaville (1924-1929); curé à Lemieux (1929) ; curé
à Précieux-Sang (1929-1937) ; curé à Ste-Anne-du-Sault (1937-1952) ; curé à
Princeville (1952-1954). II doit démissionner à cause de sa santé précaire. Se
retire à Saint-David et y meurt le 8 décembre 1954. Inhumé dans le cimetière de
la paroisse.
Dixième curé:
Mgr
Eugène Demers
Né à Ste-Sophie, le 15 janvier 1892, de Martial
Demers, cultivateur, et de Phélonise Verville. Cours classique (19071915) et
théologie (1915-1918) au Séminaire de Nicolet. Ordonné le 14 septembre 1918
dans l'église de Victoriaville lors d'un grand Congrès eucharistique, par S.
Exc. Mgr Hermann Brunault, évêque de Nicolet. Vicaire à Princeville (1918) ;
vicaire à St-Cyrille (1918-1919) ; vicaire à St-Grégoire (1919) ; vicaire à
St-Célestin (1919-1921); vicaire à Yamaska (1921-1922); vicaire à
Notre-Dame-du-Bon-Conseil (1922-1924); prêté au diocèse de Gaspé (1924-1926);
vicaire à Pierreville (1926-1927) ; vicaire à Drummondville (1927-1930) ; curé
à St-Majorique (1930-1943) ; curé à Ste-Eulalie (1943-1949) ; curé à
St-Wenceslas (1949-1954); curé à Princeville (1954-1967). Nommé chanoine
honoraire le 17 septembre 1959. Décédé le 27 janvier 1967.
Onzième curé:
M.
le chanoine Wilfrid Bergeron
Né à St-Grégoire-le-Grand, le 4 avril 1909, de Édouard Bergeron,
cultivateur et commerçant, et de Alvina Rouleau. Etudes classiques (1920-1928)
et théologiques au Séminaire de Nicolet. Ordonné le 10 juillet 1932 dans la
chapelle du Séminaire de Nicolet par S. Exc. Mgr Hermann Brunault, évêque de
Nicolet. Vicaire à St-Valère (1932-1933); vicaire à Bécancour (1933-1934);
desservant à Bécancour (1933); vicaire à Ste-Angèle (1934), et durant ce temps
doit prendre un repos à l'Hôpital du Christ-Roi de Nicolet et dans sa famille;
reprend son poste à Ste-Angèle (1934-1942) ; vicaire à St-Germain (1942-1944);
patient à l'Hôpital Ste-Croix de Drummondville (1944); repos au Sanatorium
St-François de Sherbrooke (1944-1945) ; en repos chez son frère, curé de
Ste-Séraphine (1945); repos au Lac-Masson (1945-1946); repos à Kingsey-Falls
chez son frère (1946); assistant-aumônier à l'Hôtel-Dieu de Nicolet (1946);
vicaire à Wickham (1946) et revient à l'Hôtel-Dieu de Nicolet la même année;
vicaire à St-Germain (1948); revient â l'Hôtel-Dieu de Nicolet; aumônier de la
Maison-Mère (1948-1951); le 18 février 1949, en gardant sa fonction, est nommé
aumônier de l'Oeuvre diocésaine de l'Intronisation du Sacré-Coeur et de
l'Adoration nocturne au foyer. Le 24 février 1951, il est nommé supérieur du
Grand Séminaire de Nicolet qui ouvre ses portes en septembre 1951. Nommé
chanoine du chapitre honoraire de la cathédrale de Nicolet le 13 août 1952.
Supérieur du Grand Séminaire pour un second triennat du 24 juillet 1954 au 15
juin 1957. Professeur de morale spéciale en IVe année, Pastorale (1951-1957);
en plus, professeur de liturgie sacramentaire (1951-1957); procureur de la
Mission nicolétaine au Brésil (1955-1957). Curé de St-Philippe de Drummond
(1957-1961); curé de St-Célestin (1961-1967); curé de Princeville (1967-1975).
Se retire au Grand Séminaire de Nicolet le 24 janvier 1975. Vicaire-économe de
St-Grégoire-le-Grand (3 juillet au 1 er août 1979).
Douzième curé:
M. l'abbé Pierre-Paul Lefebvre,
Bc. Ph.
Né à La Baie-du-Fèbvre le 28 avril 1924, de Albert Lefebvre,
cultivateur, et de Aline Proulx. Etudes classiques (1937-1945) au Séminaire de
Nicolet et théologiques au Grand Séminaire de Québec (1945-1950). Ordonné
prêtre le 11 juin 1949 dans la chapelle des Soeurs du Précieux-Sang de Nicolet par
S. Exc. Mgr Joseph Guay, ex-évêque de Gravelbourg. Entré à l'Hôpital Laval de
Québec le 10 mai 1949 pour en sortir le 16 août 1950. En repos. Professeur de
dogme au Grand Séminaire de Nicolet (1951-1952). Assistant-aumônier à l'Hôpital
du Christ-Roi de Nicolet le 28 août 1952, 25 mars 1954. Assistant-aumônier à
l'Hôtel-Dieu de Nicolet (25 mars 1954 au 7 juillet 1955). Vicaire à
St-Grégoire-le-Grand (7 juillet 1955 au 19 juillet 1956) et aumônier diocésain
de la J.A.C. et J.A.C.F. (20 août 1955 au 19 juillet 1956). Directeur spirituel
au Petit Séminaire de Nicolet (septembre 1956 au 8 juillet 1958).
Assistant-directeur diocésain de l'Action catholique et aumônier diocésain de
la J.E.C., de la J.E.C.F. et de la Croisade eucharistique (8 juillet 1958 au 26
mai 1965). Directeur de la revue diocésaine «Panorama» (29 juin 1961 au 26 mai
1965). Curé de la cathédrale de Nicolet (26 mai 1965 au 18 janvier 1975).
Vicaire forain du Vicariat de Nicolet, no 4, le 3 août 1965. Curé de
Princeville depuis le 18 janvier 1975.
______________________________________________________________________________
St-Norbert-d'Arthabaska (P.69
journal union)
La paroisse de St-Norbert-d'Arthabaska,
comprenant une partie des cantons d'Arthabaska, de Chester et d'Halifax fut
érigée canoniquement par Mgr Cooke, évêque des Trois-Rivières, le 18 avril 1855. Son érection civile date du 19 janvier 1860.
Dans les premiers temps des Bois-Francs, la
paroisse de St-Norbert était désignée par le seul nom «d'Arthabaska». Selon M.
P.-G. Roy, le mot Arthabaska tirerait son origine du cri «Ayabaskaw», il y a
des joncs ou du foin ça et là. Les Cris de la forêt prononcent: Arabaskaw.
Les premiers colons
Le fondateur de la paroisse de
St-Norbert-d'Arthabaska est tout probablement M. Pierre Landry, dit Bercase, de
St-Grégoire-de-Nicolet. Il quitta sa paroisse natale vers 1835, pour venir s'établir dans les
Bois-Francs.
M.Pierre Landry-Bercase, alors âgé d'environ 27 ans, s'établit en premier lieu sur
le 5e lot du 12e rang de Stanfold, non loin de son beau-frère, Édouard Leclerc.
Vers 1840, M. Pierre Landry-Bercase alla se fixer sur le 4e lot du lie rang
d'Arthabaska, près du canton de Stanfold. C'est sur cette terre que serpente le
petit ruisseau appelé «Ruisseau Bercase».
Sur ses vieux jours, M. P. Landry-Bercase, voulant se rapprocher de
l'église de St-Norbert, vint se fixer sur le lot numéro 3 du 11e rang. C'est là
qu'il finit ses jours le 11 octobre 1891, âgé de 83 ans, comme il est mentionné
dans l'extrait des registres de la paroisse.
Extrait du registre des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse
de St-Norbert-d'Arthabaska, pour l'année mil huit cent quatre-vingt-onze et
suivantes:
«Le treize octobre mil huit cent quatre-vingt-onze, nous prêtre
soussigné, avons inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de Pierre
Landry, décédé l'avant-veille, à l'âge de quatre-vingt-trois ans, époux de
défunte Oville Gaudet, de cette paroisse. Présents: Édouard Savoie et Onésime
Henri, cultivateurs de cette paroisse, lesquels n'ont pu signer, lecture faite.
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Curé fondateur: (Victoriaville)
M. le chanoine ALCIDE PELLERIN (P.85)
Né à Princeville, le 22 septembre 1880, de Joseph Pellerin, cultivateur,
et de Marie Girouard. Etudes classiques (1895-1902) et théologiques au
Séminaire de Nicolet. Ordonné le 15 juillet 1906 dans l'église de Princeville
par Son Exc. Mgr Hermann Brunault, évêque de Nicolet. Au Séminaire:
assistant-professeur en Rhétorique (1903-1904), professeur de Troisième
(1904-1907), professeur de physique, chimie et astronomie (1907-1911); étudiant
à l'Angélique, à Rome (1911-1913); docteur en théologie (1913); au Séminaire de
Nicolet; professeur de théologie et philosophie morale (1913-1928); principal
de l'Ecole normale de Nicolet le 1er mars 1928 tout en continuant à enseigner
la théologie morale au Séminaire jusqu'en 1930; Chanoine titulaire théologal le
1er janvier 1934; curé fondateur de la paroisse Sts-Martyrs-Canadiens de
Victoriaville-(1939-1952) Vicaire forain le 29 avril 1947. Laisse la cure et se
retire à la Fraternité Sacerdotale à La-Pointe-du-Lac le 23 avril 1951. Décédé
dans cette communauté le 17 avril 1954. Inhumé dans le cimetière du Grand
Séminaire de Nicolet.
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M.
LOUIS-ÉDOUARD PACAUD (P.102)
M. Cannon, au cours de son étude sur la vie de Sir Wilfrid Laurier, a
fait allusion à une conférence donnée par celui-ci, à Québec, en 1897,
intitulée:
«LOUIS-ÉDOUARD PACAUD, PREMIER AVOCAT DES BOIS-FRANCS» Voici un résumé
de cette conférence.
«M. Édouard Pacaud fut le premier avocat de cette partie de la province
de Québec qu'on appelle «Les Bois-Francs».
«Comme avocat, c'était un travailleur, un consciencieux disciple de
Thémis. Lorsqu'il avait pris en mains la cause d'un client, il la défendait
envers et contre tous, allant jusqu'à soutenir, souvent avec succès, des
théories assez hasardeuses. C'était un brillant orateur.
«Comme citoyen, c'était un patriote et un homme de coeur. On ne connaissait
pas de limites à sa générosité et à son esprit d'hospitalité. Sa résidence,
tous les soirs, était le rendez-vous de l'élite de la société d'Arthabaska. On
se réunissait chez lui pour jouir du charme de sa conversation et de ses
causeries toujours spirituelles.
«Comme politicien, c'était un orateur de haute volée, de grande
envergure. Il a été deux fois candidat pour la législature. Il était battu la
première fois par une majorité de 30 voix, et la deuxième fois il avait à
lutter contre un adversaire qui était l'un de ses amis politiques, C.
Télesphore Fournier. Cette lutte, pour ainsi dire fratricide, avait
malheureusement pour résultat la division des amis du parti libéral, et par
conséquent l'élection de leur commun adversaire.
«Appelé au Conseil législatif en 1888, il ne put faire qu'une session,
et conséquemment ne put donner la mesure de ses capacités exceptionnelles, de
ses rares dispositions naturelles, à cause de la funeste maladie qui le minait
déjà et qui finit par le conduire au tombeau.
«Si Édouard Pacaud eût été appelé au Conseil législatif une dizaine
d'années plus tôt, c'est-à-dire à l'époque où il était dans toute sa vigueur,
la ville de Québec se serait précipitée dans les salles d'ordinaire si
tranquilles, si calmes, si paisibles du Conseil législatif, pour aller
l'entendre.
«C'était un esprit jovial, un gai compagnon, et
cette jovialité, cette gaieté naturelle ne l'ont pas quitté un seul instant.
«Pendant qu'il était cloué sur son lit par la
maladie douloureuse qui a fini par lui être fatale, j'allai le voir bien
souvent.
«Un jour, il me tend la main en disant: «Mon cher
Laurier, je ne pourrai plus m'occuper de chasse et de pêche».
«Il plaidait un jour dans une cause contre la
Corporation du comté d'Arthabaska. Il soutenait que la corporation était
responsable des actes de son secrétaire-trésorier. A l'appui de ses
prétentions, il donna un argument d'une originalité assez piquante. Le voici:
«Notre Seigneur, dit-il, étant interrogé un jour
par les Pharisiens, prit une pièce de monnaie et, leur montrant l'effigie de
César, leur dit: Remettez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui
appartient à Dieu. Prenez ce document-ci, dit-il, n'y voyez-vous pas le sceau
de la Corporation du comté d'Arthabaska? Cela signifie que vous devez rendre à
la Corporation du comté d'Arthabaska ce qui appartient à la Corporation du
comté d'Arthabaska».
L'honorable Édouard Pacaud fut un bienfaiteur
insigne de l'église de St-Christophe. Il fit don du maître-autel.
L'honorable Louis-Édouard Pacaud était né à
Batiscan, le 19 janvier 1815. II était le fils de
Joseph Pacaud, négociant, et de Angélique Braun. Il décéda à Arthabaska le 28 novembre 1889. II avait été nommé conseiller législatif pour la
division de Kennebec, en 1888.
M. ÉDOUARD RICHARD (p.103)
Avocat _ Édouard
Richard était le fils de l'honorable Louis Richard, conseiller législatif pour
la division de Kennebec et de Hermine Prince.
Dans une lettre adressée à M. Placide Gaudet,
d'Ottawa, en date du 19 avril 1896, Édouard Richard raconte
sa vie de 1848 à 1896:
«Je suis né à Stanfold, le 14 mars 1844.
«Je fis mon cours classique au Collège de Nicolet
et mon cours de droit à Laval pour deux ans, et à McGill pour une année.
«Après mon cours, je fis un séjour de huit mois à
Paris (1867), après quoi je vins me fixer à Arthabaskaville.
«Trois mois plus tard, l'excès d'étude donna lieu
à une congestion cérébrale, bientôt suivie par la dysepsie, la maladie du foie,
etc., etc.
«J'avais tout lieu d'espérer une belle carrière,
elle fut brisée du coup, car pendant vingt-trois ans il me fut impossible de
lire un seul volume. C'est à peine si je pouvais lire cinq minutes à la fois,
et toujours avec beaucoup de fatigue.
«Tout de même, en avril 1868, je fus reçu avocat, et
entrai peu de temps après en société. avec M. Laurier, qui pratiquait à
Arthabaskaville depuis environ un an, en société avec M. Eugène Crépeau.
«De fait, la société ne fut jamais que nominale.
«Ma maladie étant alors toute récente, nous
espérions qu'avec quelques mois de repos rien n'y paraîtrait, et alors la
société deviendrait réelle. Il n'en fut rien; tout de même, je restai
nominalement son associé durant sept ans.
«M. Laurier n'ayant pas d'enfants resta pendant
dix ans en pension avec moi chez un de mes oncles, le Dr Poisson.
«En 1872, malgré mon défaut de santé, je fus élu pour le comté voisin (Mégantic).
De nouveau en 1874, et refusai une élection par acclamation en 1878.
«L'économie politique était ma meilleure
spécialité et avec l'an-tour du travail qui me possédait, j'aurais
pu espérer une belle carrière dans la politique.
«La persistance de la maladie me fit voir que je
n'avais rien à espérer de ce côté, et je partis pour Winnipeg en 1878. Je fut
nommé peu de temps après shérif des Territoires et allai résider à Battleford.
«En 1881 Régina devint la
capitale du Nord-Ouest, mais comme il fallait attendre l'arrivée du chemin de
fer pour se procurer les matériaux de construction, j'obtins de demeurer à
Winnipeg en attendant.
«Pour occuper mon temps, je me livrai à la
spéculation des terrains. Mes succès furent tels que neuf mois après je valais
environ $250,000. Sur ces entrefaites, je tombai gravement malade
et restai alité pendant quatre ans.
«La santé ou plutôt un peu de santé me revint,
mais alors j'étais financièrement ruiné, sans position et incapable de tenir
bureau.
«En 1891 ma santé devint
meilleure. Je m'empressai de lire Rameau, Casgrain, Parkman, Le
Canada-Français. Ces lectures firent sur moi une impression profonde, si
profonde que dès lors je songeai à écrire quelque chose. Je ne croyais pas
qu'il me fût possible de rien ajouter aux travaux de Rameau et de Casgrain.
D'ailleurs ma santé était encore un obstacle sérieux et je n'avais pas les
ressources nécessaires pour consacrer deux ou trois années en recherches à
Londres, Halifax, Boston et ailleurs.
«J'étais convaincu que Parkman avait faussé
l'histoire et je brûlais du désir de mettre sous les yeux du peuple anglais et
américain le fruit des travaux de Rameau et de Casgrain et en même temps les
pichonneries de Parkman. Je songeai bien à écrire dans les Revues américaines,
mais je ne croyais pas être assez maître de l'anglais pour cela.
«J'en
étais là de mes décisions, quand un article de l'historien Stevens Pierce
Hamilton, publié dans le Week de Toronto, me fit prendre la plume pour lui
répondre. (Voir note page 179, Vol. 1 Acadie, version anglaise; et note 10, Vol. 1,
page 280, version française).
«J'écrivis d'abord en anglais, mais comme ma
plume glissait trop lentement, je continuai en français. Les pages s'ajoutaient
aux pages et bientôt je vis clairement que j'avais trop de matière pour un
article ou même pour une série d'articles.
«A tout instant j'étais arrêté par le besoin de
références. Il fallait voir et lire Murdoch, Hannay, le volume des Archives
Smith, etc., etc. Où prendre cela?
J'écrivais à Halifax. Impossible de me procurer là le volume des Archives
(compilé par Akins). Je le trouvai enfin à la bibliothèque du Parlement du
Manitoba. Je trouvai aussi l'adresse de Smith et j'achetai de lui son ouvrage.
«Enfin je parvins à me procurer à peu près
l'essentiel à Québec et à Ottawa, où j'allai dans ce but.
«Arrivé à ce point, je comptais tout renfermer
dans une brochure de deux cents pages que je traduirais moi-même ou que je
ferais traduire. Bientôt cependant les deux cents pages furent dépassées, avec
le résultat final que vous connaissez.
«Mettant de côté les trois mois de mon voyage à
Québec, la première ébauche, y compris la refonte complète du premier volume,
n'a occupé que quinze mois de mon temps, mais j'ai dû donner une année
additionnelle à la correction des détails.
«La traduction était pour moi un obstacle
formidable. II est si difficile de trouver un bon traducteur! Et sans une
excellente traduction je ne pouvais espérer aucun succès. Heureusement, cette
difficulté a été résolue à ma plus entière satisfaction.
«Le Père Drummond, professeur au collège des
Jésuites de St-Boniface, à qui je lus une partie de mon manuscrit; s'offrit à
traduire l'ouvrage. Je ne pouvais mieux tomber: ce monsieur, dont la mère était
canadienne-française; possède à fond les deux langues, et il est en même temps
un des hommes les plus érudits et un des meilleurs littérateurs de l'Amérique.
Sa bête noire était Parkman et, dans )es conférences publiques qu'il donnait de
temps à autres à Montréal, à Winnipeg et aux Etats-Unis, il ne manquait jamais
de lui décrocher ses traits les plus acérés.
«Il s'est tellement identifié avec mon ouvrage,
il y porta un tel intérêt, que nous en parlions toujours entre nous comme notre
ouvrage. Cependant, la traduction est tout à fait littérale; il ne s'est permis
aucun changement, aucune addition si ce n'est l'alinéa au bas de la page 170,
vol. II, (édition américaine). Craignant que sa qualité de Jésuite pût soulever
les préjugés de mes lecteurs, il a préféré garder l'incognito comme
traducteur».
Édouard Richard composa son ouvrage sur l'Acadie
en français et la publia en anglais. Son cousin, l'abbé Henri d'Arles, vient (1921) d'en publier une édition française fort remarquable.
«Acadia», par Édouard Richard, est un factum
logique et serré contre Parkman, Harvey et quelques autres historiens qui
avaient tenté d'attribuer à la mauvaise conduite des Acadiens leur persécution
par le gouvernement Lawrence.
Descendant lui-même des persécutés de 1755, M. Richard a consacré plusieurs années de sa vie à étudier cette
brûlante question afin de rétablir les faits et de bien placer leurs
responsabilités.
Dans un style vigoureux et catégorique, l'auteur
a dévoilé les fraudes des écrivains peu scrupuleux ou mal renseignés et a
flagellé justement la canaille
qui a dévasté les hameaux français de la Baie Ste-Marie.
Ce livre est un monument impérissable à la
mémoire de M. Richard.
En 1897, Édouard Richard fut nommé, par le
cabinet fédéral, archiviste canadien auprès du gouvernement français.
Il demeura à Paris jusqu'en 1903.
Pendant son séjour à Paris, Édouard Richard fit
une revision très élaborée de nos archives. Il compila un grand nombre de
documents et en fit deux volumes, qui sont une mine des plus précieuses pour
l'histoire du Canada, sous l'ancien régime.
Édouard Richard était un homme de caractère
affable et sympathique. C'était un penseur, un philosophe et une intelligence
supérieure. Sa santé n'a pas toujours été très bonne, ce qui avait beaucoup
attristé son état d'âme.
En décembre 1901, il écrivait de Paris à l'un de
ses amis de Montréal: «D'ailleurs, ma vie est toujours la même, triste et
monotone; je vis dans cette belle et charmante ville que vous aimez comme si
j'habitais dans les déserts du NordOuest». I1 aimait ces déserts avec leur
grande nature et leur vivifiant climat. Il fallait â cet esprit d'élite de
l'espace pour satisfaire ses penchants de philosophe. Et c'est peut-être avec
un pressentiment de sa fin qu'il s'y est rendu, un an avant sa mort.
Édouard Richard était docteur ès-lettres de
l'Université Laval et membre de la Société Royale du Canada.
Il mourut à Battleford, Saskatchewan, en mars
1904.
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M. le Shérif
JOSEPH-AUGUSTE QUESNEL (p.104
journal union)
Joseph-Auguste Quesnel, premier shérif du
district d'Arthabaska, naquit à St-Jean-d'Iberville, le 24 mai 1829. Le 25 mai 1850,
il épousa, à Bécancour, sa cousine,
Marie-Mélanie Quesnel, décédée à Arthabaska, le 26 mai 1879. Après
son mariage, M. Quesnel s'établit d'abord à Stanfold, puis à Warwick et à
Arthabaska.
En 1858, il fut nommé shérif, charge qu'il occupa .jusqu'en
1887. D'une intelligence remarquable,
sans autre professeur que celle qu'il avait choisie pour compagne, il se fit
une instruction solide. Il prit une part active et prépondérante à toutes les luttes politiques dont le comté d'Arthabaska a été le théâtre à cette époque. Il
parut fréquemment sur les hustings, où sa parole ardente souleva plus d'un
orage.
Devenu possesseur d'une fortune considérable, il
fut généreux et charitable et prodigua largement son argent en bonnes oeuvres.
C'est certainement à lui que revient l'honneur et le mérite de la pensée
d'avoir à Arthabaska un Hôtel-Dieu tenu par les Hospitalières de St-Joseph de
Montréal: C'est sous son toit qu'elles reçurent l'hospitalité.
De 1884 à l'automne 1885, les Soeurs logèrent dans la maison occupée par M. Auguste Quesnel. A
l'automne de 1885, elles entrèrent
dans la maison même du shérif. Cette maison avait été construite vers 1848,
par M. F.-Xavier Beaudet. En 1858, M. Quesnel
l'acheta, la fit éloigner du chemin et lambrisser en briques. Les Soeurs
l'occupèrent jusqu'à leur entrée dans le véritable Hôtel-Dieu, ce qui eut lieu
dans le cours de 1886.
Par un décret en date du 22 août 1884, Mgr Laflèche, évêque des
Trois-Rivières, avait érigé canoniquement l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska.
La première supérieure fut la très révérende Mère
Pagé, de 1884 à
1890.
Ici, comme en maints endroits, les opinions sont
partagées au sujet du titre de fondateur de cette maison. Les uns proclament M.
Quesnel le fondateur, d'autres sont pour la négative.
Par une étude attentive des pièces
justificatives, on parviendra sans doute à faire la lumière sur ce point assez
important de l'histoire de l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska.
M. Quesnel vécut à Arthabaska jusqu'au 15
septembre 1889, jour
où il partit pour l'Hôtel-Dieu de Montréal.
Depuis quelques années, les déboires, les
malheurs ne l'avaient pas épargné.
Bien que le sentiment religieux lui fît supporter
avec calme les épreuves que Dieu lui envoyait, sa constitution était vraiment
ébranlée. Si l'ardeur de ses convictions et l'extrême franchise de son
caractère ont pu lui susciter quelques inimitiés, son coeur généreux, par
contre, lui attira des amis qui lui sont restés fidèles et qui savent ce qu'il
a souffert. Encore fut-il, avec eux, d'une discrétion admirable et montra-t-il
une résignation qu'il n'a puisée que dans sa foi sincère et robuste.
Quelques jours après son arrivée à Montréal, M.
Quesnel rendait son âme à Dieu, le 24 septembre 1889.
Sa dépouille mortelle fut transportée à
Arthabaska et inhumée dans l'église paroissiale, le 3t) septembre, près des
cendres de son épouse.
M. Quesnel était allié aux familles Cherrier et
Coursol, de Montréal.
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FAMILLE
HEON-YVON (P.105)
La famille Héon est d'origine acadienne,
Charles Héon, époux de Madeleine Labauve, arriva à l'automne de 1757 à Québec,
où il hiverna et y enterra sa grand-mère, Marguerite Bourgeois, en janvier
1758. Il se fixa d'abord à Champlain. Après un séjour de quelques années,
Charles Héon laissa Champlain et vint s'établir au Lac St-Paul, à Bécancour. Ce
Charles Héon; fils de Charles et de Anne Clémenceau, petit-fils de Charles Héon
et de Marguerite Bourgeois, est l'ancêtre des Héon de Bécancour, de St-Grégoire
et des Bois-Francs.
Raymond Héon, fils de Charles et de Madeleine Labauve, né en Acadie, probablement
à Beauséjour, vers 1754; arrivé à Québec en 1757, âgé de 3 à 4 ans; sépulture à
Bécancour, le 17 septembre 1812, âgé de 58 ans; il fut navigateur et marchand;
marié à Bécancour, le 26 février 1797, à Marie-Soulanges Richard, fille de
Joseph et de Marie-Anne Boucher, baptisée le 10 mars 1776. En secondes noces,
elle épousa, à Bécancour, le 29 juillet 1822, Charles Michel, veuf de Marie
Champoux-dit-Semper, de Gentilly.
Charles Héon (Yvon), fils de Charles et de Anne Clémenceau, né à
Bécancour, Acadie, en 1727; sépulture à Bécancour le 16 juin 1807, âgé de 80
ans. Arrivé à Québec à l'automne de 1757, et à Champlain, en 1758, où il réside
quelques -années; enfin fixé au Lac St-Paul, Bécancour. Vers 1752, à
Beauséjour, Acadie, il avait épousé Madeleine Labauve. Charles Héon fut
longtemps maître-chantre à Bécancour.
cour.
Charles Héon, fils de Charles et de Marguerite Bourgeois, se maria à
l'Acadie, vers 1726, à Anne Clémenceau. Charles Héon, décédé probablement en
Acadie, avant la disparition. Il épousa Marguerite Bourgeois, laquelle décéda à
Québec, en janvier 1758, âgée de 70 ans.
CHARLES HEON
Premier colon des Bois-Francs (les Rois Francs. Fondateur de St-Louis-de-Blandford, en 1825
Charles Héon, fils de Raymond et de Marie Soulanges Richard, baptisé à
Bécancour, lé 20 mars 1799; sépulture à St-Louis-de-Blandford, le 16 mai 1882;
marié à Bécancour, le 16 février 1821, à Louise Cormier (fille de Joseph
Cormier dit-Thibier et de Marie-Louise Levasseur), baptisée à Bécancour le 13
mai 1803; sépulture à St-Louis-de-Blandford, le 23 septembre 1864.
Les enfants nés du mariage de Charles Héon et Louise Cormier furent au
nombre de 10. Trois garçons: Jules, Charles et Victor; sept filles: Odélie,
Pauline (Paulée), Julie, Sophie, Célina, Anny, Marie. Odélie, née à Bécancour
en 1822, mourut quelques années après son arrivée dans les Bois-Francs. Pauline
(Paulée), née à Bécancour en 1824, épousa Olivier Desrochers.
Julie Héon, née dans le canton de Blandford, le 13 mai 1826, et baptisée
à Bécancour, le 25 décembre suivant, est
la première enfant d'origine canadienne-française née sur le territoire des
Bois-Francs. Elle avait été ondoyée par Charles Thibodeau. Julie Héon mourut
dans sa paroisse natale le 5 juillet 1897. Elle était célibataire.
Sophie épousa Livain Carignan.
Célina épousa Benjamin Marchand.
Annye épousa Antoine Ephrem
Bruneau.
Marie épousa Cléophas Prince.
Jules Héon, fils de Charles Héon et de Louise Cormier, vint au monde
dans le canton de Blandford, le 16 décembre 1832, et y fut baptisé le surlendemain,
par M. Michel Carrier, curé de Gentilly, chargé dé la mission de la rivière
Bécancour.
Le 2 juillet 1855, il épousa, à St-Louis, Eulalie Bernard, fille de
Guillaume Bernard, meunier, et de Archange Picard Des Trois-Maisons. Eulalie
Bernard mourut à St-Louis, le 27 mars 1870, âgée de 34 ans. En secondes noces,
Jules Héon épousa, à St-Louis, Euphémie Bergeron, fille de David Bergeron;
marchand, et de Marie-Adélaïde Beaufort-Brunel.
Jules Héon est décédé à St-Louis, le 10 septembre
1901. Il avait hérité de la moitié-sud de la terre de son père. Après la mort
de son mari, Euphémie Bergeron émigra aux Etats-Unis, avec sa famille, où elle
mourut. La terre de Jules Héon appartient aujourd'hui (1925) à Philippe Héon,
fils de Charles.
Charles Héon, fils de Charles et de Louise
Cormier, naquit dans le canton de Blandford, le 7 janvier 1835, et y fut baptisé le
12 février suivant. En premières noces, Charles Héon épousa, à St-Grégoire, le
2 juillet 1856, Marie-Philomène Prince, fille de Hubert Prince et de Marie
Gaudet. Marie-Philomène Prince mourut à St-Louis, le 16 avril 1866, âgée de 28
ans.
En deuxième noces, Charles Héon se maria, à
Ste-Gertrude, le 13 octobre 1868, à Phidéline Mailhot, baptisée à Bécancour, le
28 avril 1848, fille de Moïse Mailhot et de Edile Cormier. Phidéline Mailhot
mourut à St-Louis, le 6 janvier 1871, âgée de 22 ans.
En troisième noces, Charles Héon épousa, à
Ste-Gertrude, le 16 janvier 1872, Éléonore Genest, fille de François Genest et
Adéline Perron.
Charles Héon mourut à St-Louis, le 20 janvier
1911. Il avait hérité de la partie nord de la terre de son père, qu'il légua à
son fils, Philippe.
Éléonore Genest est décédée le 13 juin 1898, âgée
de 60 ans.
Victor Héon, frère des deux précédents, naquit
dans le canton de Blandford, le 20 novembre 1843, et y fut baptisé le 11 du
mois suivant. Le 9 janvier 1865, il épousa, à St-Louis, " Luce Tourigny,
fille de- Louis Tourigny et de Marguerite Bourbeau-Verville.
Victor Héon mourut à St-Louis le 1er octobre
1884.
Luce Tourigny épousa, en secondes noces, Napoléon
Genest. Elle est décédée en 1922, dans le Minnesota.
Philippe Héon, fils de Charles Héon et de
Marie-Philomène Prince, naquit à St-Louis le 6 avril 1862. Le 22 août 1886, il
épousa, à St-Louis, Marié Rheault, fille de David Rheault et de Rosalie Michel.
Marie Rheault décéda à St-Louis, le 6 février
1897, âgée de 36 ans. En secondes noces, Philippe Héon épousa, à St-Louis, le 3
octobre 1898, Rose-Anna Vézina, fille d'Édouard Vézina et de Caroline Tourigny.
Rose-Anna Vézina fut inhumée à St-Louis-de-Blandford, le 30 octobre 1920, âgée
de 50 ans.
Philippe Héon est décédé le 12 janvier 1929, à
St-Louis-de-Blandford.
Joseph-Marie-Albert-Ulric Héon, fils de Philippe
Héon et de Rose-Anna Vézina, né et baptisé à St-Louis-de-Blandford, le 16
juillet 1899. Le 30 mai 1921, il épousa, à St-Louis-deBlandford, Eva Houle,
fille de Gédéon Houle et de Delphine Héli.
Marie-Berthe-Delphine Héon, fille de Ulric Héon
et de Eva Houle, fut baptisée à St-Louis-de-Blandford, le 21 mars 1922. 1922.
Enfants de Philippe
Héon, nés à St-Louis (P.106)
Ulric Héon, né le 16 juillet 1899; marié en 1ères
noces à Eva Houle; en secondes noces à Juliette Brodeur-Chevrette; enfant:
Berthe Héon, mariée à Henri Tremblay.
Adrien Héon, né le 21 avril 1901; décédé le 4 mars
1965; marié à Reina Mathieu. Enfants: Marcelle Héon, mariée à Camil Blouin;
enfants: Raymond Blouin et Chantal Blouin. Cécile Héon, mariée à Gratien
Héroux. Jean-Charles Héon marié à Madeleine Héroux; enfants: Johanne, Francine
et Line Héon. (Jean-Charles Héon demeure sur la terre du fondateur, Charles
Héon). Paul-Emile Héon marié à Liliane Raymond; enfants; Danielle, Carole,
Gilles et Guylaine Héon. Soeur Jeannette Héon, Soeurs
Adoratrices du P. Sang. Pierrette Héon.
Louis-Arthur Héon, né le 7 juillet 1902; marié à Victoriaville, le 8
septembre 1924, à Angéline Lambert, fille de Ephrem Lambert et Léda Spénard; en
secondes noces, il épousa Marguerite Gaboury, de Miami Floride. L.-Arthur Héon
est décédé en Floride et inhumé à Victoriaville, le 26 novembre 1961;
Marguerite Gaboury est décédé à Miami; Floride, en janvier 1966; enfant: Marie
Héon.
Charles-Édouard Héon, né le 22 octobre 1903; décédé le 29 mars 1930.
Lucien Héon, né le 31 mars 1905; marié à Emilia Bazin le 3 septembre
1928; en secondes noces à Lucie Carignan, fille de Achille Carignan et Emélie
Boisvert, de Princeville, le 30 décembre 1940. Issues de ce mariage; Lyse, qui
épousa André Létarte, à Québec, le 26 août 1967; Nicole, qui épousa Michel
Francoeur, à Québec, le 21 juin 1969; et Denise, qui a épousé Larry Genest.
Lucien Héon est décédé à Québec, le 10 juillet 1969, et inhumé à
St-Louis-de-Blandford.
Lucienne Héon (jumelle avec Lucien) né lé 31 mars 1905; mariée le 9 mai
1928, à Lucien St-Pierre; enfant: Jeannine St-Pierre, mariée à Roméo Morin.
Athanase Héon, né le 2 mai 1906; marié à Victoriaville le 25 août 1930,
à Jeanne Bergeron, fille de Alfred Bergeron et Exilia Boisvert; enfants:
Françoise Héon mariée à Willie Dunn; Huguette Héon et Jean-Guy Héon marié à
Denise Brunet. Athanase Héon est décédé à Trois-Rivières le 21 avril 1955 et
Jeanne Bergeron est décédée à Montréal le 16 novembre 1957.
Armand Héon, né le 27 mars 1912; marié à Denise Laflamme; enfants:
Jean-Claude, marié à Michelle Gauthier; Normand,
marié à Thérèse Rouleau; Daniel, marié à Denise Gauthier; Jacqueline Héon; Lise
Héon, mariée à Jean-Claude Menzerol; Pauline Héon, mariée à Yves Arseneault.
Descendants
du Seigneur François Poisson (p.467 tome 2
Alcide Fleury)
François-Xavier Poisson, fils de Joseph et
d'Arline Pellerin, marié à Stanfold , le
29 janvier 1920, à Marie-Arline Morin, fille de François et de Desneiges
Gagnon.
Joseph Poisson, fils de Joseph et de Adélaide Leclerc, baptisé à
Saint-Norbert, le 20 décembre 1845, sépulture à Stanfold, le 28 janvier 1867;
marié à Stanfold le 24 février 1868, à Arline Pellerin, fille de Joseph et
d'Angélique e Houle, actuellement résidente à Stanfold, âgée de 71 ans. (1921)
Père et mère du Frère Désiré, des Frères du Sacré-Coeur d'Arthabaska, du frère
Joseph, dominicain, à Lewiston, de la soeur Sainte-Rita, du Bon Pasteur, à
Ottawa.
Joseph Poisson, fils de Joseph et de Louise Marchand, baptisé en 181 ;
sépulture à Sainte-Elisabeth-de-Warwick, le 26 juin 1895, âgé de 77 ans; marié
à Saint-Norbert, le 7 janvier 1845, à Adélaide Leclerc, fille d'Antoine et de
Marie Poirier-Doiron, baptisée en 1819 ; inhumée à
Sainte-Elisabeth-de-Warwick, le 27 décembre 1906, âgée de 87 ans.
Descendants du
Seigneur Joseph-Ignace Poisson (p.470 tome 2 Alcide Fleury)
Augustin Poisson,
fils d'Augustin et de Marguerite Michel, baptisé à Gentilly, en 1818,
décédé à Stanfold, le 11 mars 1899, âgé de 87 ans; marié à Gentilly (résidant à
Stanfold), le 22 juillet 1839, à Olive Tourigny, fille de François et de
Marie-Louise Deshayes, de Blandford, inhumée à Stanfold, le 15 avril 1895, âgée
de 77 ans.
Père et mère de Louis Poisson, huissier, marié à
Stanfold, le ler septembre 1868, à Louise Marchand, fille d'Amable et
d'Euphémie Lefebvre.
Clovis Poisson, baptisé à Somerset, le 12
novembre 1843, inhumé à Stanfold, le 10 mai 1873; marié à Stanfold, le 8
janvier 1866, à Marie-Adèle Darais, fille d'Elzéar et de Desneiges Verville.
Alphonse Poisson, baptisé à Stanfold, le 31 janvier
1852.
Ludger Poissan, baptisé à Stanfold, le 27 octobre
1856.
Joseph-Moïse-Médéric Poisson, tanneur, baptisé à
Stanfold, le ler novembre 1859;
marié à Stanfold, le 9 mai 1882, à Anny Fenton,
fille des John et de Marguerite Spellmen, de Montréal.
Augustin Poisson, fiorgeran, fils de
Joseph-Pierre et de Marguerite Normandeau-Deslauriers, baptisé à Gentilly, le
19 avril 1735; inhumé à Stanfold, le 18 mai 1871. âgé de 86 ans; marié en
premières noces à Gentilly, le 15 septembre 1812, à Marguerite Michel, veuve de
Pierre Pépin, décédée à Stanfold et inhumée à Somerset, le 20
URGEL MEDERIC POISSON,
(p.472 tome 2 Alcide Fleury)
PREMIER MEDECIN DE
STANFOLD, EN 1848
Urgel-Médéric Poisson, fils de Modeste et de
Marie-Madeleine Peltier, né à l'Assomption on en 1824; marié à
Saint-Grégoire-de-Nicolet, le 19 janvier 1852, à Marie-Anne Prince, baptisée à
Saint-Grégoire, le 26 mars 1831, fille de François et de Henriette Doucet. En
1859, le docteur Urgel-Médéric Poisson fut nommé coroner et vint demeurer à
Arthabaska, où il mourut en 1877, âgé de 53 ans. En secondes noces, la veuve Urgel-Médéric
Poisson, Marie-Anne Prince, épousa, le 24 septembre 1879, à
Saint-Maurice-de-Champlain, le docteur Henri Lemaire-Saint-Germain, de
Saint-Hyacinthe.
Dame veuve Henri Lemaire-Saint-Germain résidait à
l'Hôtel-Dieu de Nicolet, en 1921, et était âgée de 90 ans.
Descendants
du Seigneur Alexis Poisson (p.473 tome 2 Alcide Fleury)
Louis-René Poisson, menuisier, résidant à Warwick dès 1867, fils
d'Alexis et de Olive Mailhot, baptisé à Gentilly, le 25 juin 1839; Stanfold, le
3 juillet 1867, marié à 67, à Georgianna Richer, fille de Modeste et de
Mathilde Beaubien, de Stanfold.
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FAMILLE LECLERC (P.106)
La famille Leclerc est d'origine française.
Édouard Leclerc,
fondateur de Stanfold, où il arriva en 1832, âgé de 22 ans, et se fixa sur les
lots 5f et 6a du 12e rang, près de la rivière
Nicolet. II était accompagné de François Pellerin et de Narcisse Béliveau.
Édouard Leclerc, fils de Antoine et de Marie
Poirier-dit-Douairon, baptisé à Nicolet le 23 août 1810; sépulture à Stanfold,
le 28 mars 1878; marié en premières noces à Gentilly, le 8 avril 1839, -à
Marie-Zoé Landry-dit-Bercase, (fille de Joseph et de Madeleine Vigneault, de
Stanfold), baptisée à St-Grégoire le 8 mai 1817; sépulture à Saint-Norbert, le
27 juin 1847; en secondes noces, il épouse, à Saint-Norbert, le 6 mars 1848,
Olivine Poisson, fille de Joseph et de Louise Marchand.
Antoine Leclerc, fils de Antoine Leclerc (Clair)
et de Elisabeth Marguerite Noël, baptisé aux Trois-Rivières, le 20 septembre
1779; sépulture le 23 septembre 1853 à Stanfold, où il résidait dès 1838; marié
à Nicolet, le 11 janvier 1808, à Marie-Anne Poirier-dit-Douairon ( fille de
Pierre et de Marie-Rose Bergeron). Elle mourut avant le mariage de son fils Édouard.
Antoine Leclerc (Leclaire-Clair), "fils de
Michel et de Antoinette Sauvage, baptisé aux Trois-Rivières, le 5 juillet 1752;
sépulture à Nicolet le 20 janvier 1833; marié aux Trois-Rivières, le 10
novembre 1778, à Elisabeth Noël, domiciliée aux Trois-Rivières, (fille de
Joseph et de Madeleine Bilodeau, de l'Ile d'Orléans); baptisée à St-Pierre, lie
d'Orléans, le 24 février 1754; sépulture à Nicolet, le 27 décembre 1829.
Elisabeth Noël était la soeur de Madeleine Noël, seconde femme de Michel
Leclerc, père d'Antoine.
Michel Leclerc, fils de Jean-Baptiste et de
Marguerite Pépin, baptisé aux Trois-Rivières le 21 mars 1725; marié en
premières noces aux Trois-Rivières le 19 avril 1751, à Antoinette Sauvage
(fille de François et de Françoise Mouët), baptisée aux Trois-Rivières le 6
avril 1726; en secondes noces, Michel Leclerc épouse aux Trois-Rivières, le 5
février 1770, Madeleine Noël, (fille de Joseph et de Madeleine Bilodeau, de
Verchères) baptisée à St-Pierre, Ile d'Orléans, le 26 août 1752.
Jean-Baptiste Leclerc, fils de Robert et de Marie
Jallais, baptisé à Québec, le 23 août 1681; sépulture aux Trois-Rivières le 17
juin 17:39; marié aux Trois-Rivières, le tu novembre 1704 à Marguerite Pépin,
(fille dc Jacques et de Marie-Jeanne Caïet), baptisée aux Trois-Rivières, le 6 février 1678.
Robert Leclerc, bourgeois, fils de Jacques et de
Cécile Legrand, de St-Eloy (évêché de Rouen), baptisé en 1653, sépulture aux
Trois-Rivières, le 5 juillet 173l; marié à Québec, le 9 juillet 1680, à Marie
.Jallais, (veuve de Jean Lauzet), fille de Jean Jallais et de Barlhélémie
Bercendie, de St-Martin, Ile-dé-Rhé, évêché de La Rochelle, France.
FAMILLE PELLERIN (p.106)
François Pellerin, compagnon de Édouard Leclerc,
avait 16 ans quand il quitta St-Grégoire et vint s'établir sur lés lots 3-E et
4-B du 12e rang de Stanfold, en 1832.
François Pellerin, fils de Louis et de Théotiste
Bergeron, baptisé à St-Grégoire le 13 octobre 1815; sépulture à Stanfold, le 24
janvier 1895; marié en premières noces, à Somerset, le 12 janvier 1841, à Marie
Prince (fille de Louis et de
Marie Prince); marié en secondes noces, à Stanfold. le 12 janvier 1869, à
Vitaline L.adurantaye, (fille de Hilaire et de Marie Moreau) ; sépulture à
Stanfold, le 5 janvier 1875; marié en troisièmes noces, à Stanfold, le 4 mai
1875, à Odile Croteau (fille de Joseph et de Thérèse Rousseau); Odile Croteau
mourut à Stanfold le 7 décembre t915. Elle avait épousé en secondes noces,
Albert Poisson, de St-Paul-de-Chester.
Louis Pellerin, fils de Louis-Marie et de Marie St-Onge, baptisé en
1792; sépulture à St-Grégoire le :311 juin 1871; marié le 21 novembre 1814 à
Théotiste Bergeron, fille de Pierre et de Catherine Janvier de La Baie.
Louis-Marie Pellerin, fils de Pierre et de Françoise Morin, baptisé à
St-Pierre-du-Sud, 1e:31 mai 1752; sépulture à St-Grégoire-de-Nicolet, lé 23
février 18:32; marié à St-Grégoire vers 1790, à Marie Saint-Onge.
Pierre Pellerin, fils de Pierre et de Marie-Ange Bélanger, baptisé vers
1710; sépulture après 1767; marié en premières noces à Geneviève des
Troismaisons (fille dé Pierre et de Madeleine Blanchet) baptisée en 1716;
sépulture avant 1747; marié en secondes noces à St-Pierre-du-Sud, le 14 avril
1747, à Marie-Françoise Morin (fille de Denis et de Madeleine Boulet).
Pierre Pellerin, fils de François et de Andrée Martin, baptisé en 1679,
à Beaubassin (âgé de 6 ans au recensement de 1685-1686); marié au Cap
St-lgnace, vers 1710, à MarieAnne Bélanger, fille de.Jacques et de Elisabeth
Thibeau.
François Pellerin, résidant à Port-Royal (Acadie), au recensement de
1671; sépulture en 1678, à Beaubassin; marié à Andrée Martin; celle-ci convola
en secondes noces avec Pierre Mercier-dit-Caudelec, de la Normandie.
FAMILLE
BELIVEAU (P.106)
Jean-Baptiste-Narcisse Béliveau, fondateur de
St-Norbert, avait à peine 13 ans quand il laissa St-Grégoire, en compagnie
d'Édouard Leclerc et de François Pellerin, pour venir se fixer sur la partie
nord-ouest du 5e lot du 12e rang d'Arthabaska. II avait 13 acres de terre dans
le canton de Stanfold et 62 dans le canton d'Arthabaska. C'est par erreur que
Pierre Landry-dit-Bercasse, a été annoncé précédem- ment comme le fondateur de
St-Norbert d'Arthabaska.
Jean-Baptiste-Narcisse Béliveau, fils de
Jean-Baptiste et de Madeleine Poirier, baptisé à St-Grégoire, le 9 novembre
1818; sépulture à Holyoke, Mass., le 2 mars 1895; marié en premières noces à
Esther Billy (fille d'Antoine et d'Archange Auger, du canton d'Arthabaska),
baptisée à Gentilly, le 12 mars 1822; sépulture à St-Norbert le 25 juin 1854;
marié en secondes noces à St-Grégoire, le :3 juin 1857, à Louise Richard (fille
de François et de Angèle Bourk, de St-Grégoire).
Jean-Baptiste Béliveau, fils de Jean Béliveau et
de Geneviève Morin; baptisé le ter février 1788, à Nicolet; marié à St-Grégoire
le 26 janvier 1818, à Marie-Madeleine
Poirier, fille de Jean-Baptiste et d'Anastasie Caron.
Jean Béliveau, fils de Jean-Baptiste et de
Marguerite Melanson, baptisé vers 1755; sépulture à St-Grégoire le 5 juillet
1832, âgé d'environ 77 ans; marié à Bécancour le 7 février 1780, à Geneviève
Morin, fille d'Augustin et de Judith Talbot.
Jean-Baptiste Béliveau, fils d'Antoine et de
Marie 'Thériot, baptisé le 3 novembre 1713; sépulture à Nicolet le 6 juillet
1786; marié à Port-Royal, le 23 janvier 1741, à Marguerite Melanson (fille de
Jean Melanson et Madeleine St-Senne), baptisée en 1716; sépulture à St-Grégoire
le 12 octobre 1808.
Jean-Baptiste Béliveau et son épouse, Marguerite
Melanson, furent déportés au Massachusetts.
Antoine Béliveau, fils de Jean-Antoine et de
Jeanne Bourg, baptisé en 1679; marié en premières noces vers 1700, à la mère de
Joseph, un des Béliveau réfugiés à St-Grégoire; marié en secondes noces, en
1702, à Marie Thériault, fille de Claude et de Marie Gautrot.
Jean-Antoine Béliveau, fils d'Antoine et d'Andrée
Guyon, baptisé vers 1652; marié en premières noces, vers 1700, à Jeanne Bourg
fille d'Antoine Bourg et d'Antoinette Landry, baptisée en 1653; sépulture en
1700; marié en secondes noces, vers 1702, à Cécile Melanson, (fille de Charles
et de Marie Dugas, veuve d'Abraham Boudrot), baptisée vers 167 1. Jean-Antoine
Béliveau et son épouse Cécile Melanson, émigrèrent à l'Ile St-Jean, en 1728. Au
recensement de 1734, .lean-Antoine Béliveau est âgé de 83 ans et son épouse,
Cécile Melanson, de 63 ans.
Antoine Béliveau, né
en France vers 1621, émigré à l'Acadie, vers 1650; marié en France, vers 1650,
à Andrée Guyon. Au recensement de Port-Royal, en 1671, son fils Jean est âgé de
19 ans.
_________________________________________________________________________
Famille Pierre Richard (P.107)
Pierre-Antoine Richard, fils de Pierre et de
Marie Thibeaudeau, né à St-Grégoire et baptisé à Nicolet, le 2 septembre 1805;
sépulture à Stanfold, le 24 décembre 1895;
marié à
Gentilly, le 9 janvier 1832, à Julie Héon-dit-Raymond, fille de Raymond Héon et
de Marie-Soulanges Richard. Ils n'eurent pas d'enfant. Pierre-Antoine Richard
arriva à la rivière Bécancour, en 1827; en 1837 il s'établit sur une terre dans
le Ne rang de Stanfold.
Vers 1843, il abandonna la culture de la terre et
vint se fixer au village de Princeville. Il échangea avec M. Célestin Brunel sa propriété au dixième rang pour une
maison bâtie au coin du chemin provincial et de la rue St-Jacques.
C'est là que M. Pierre Richard tint maison de
pension pendant vingt-huit ans. Avant la construction du chemin de fer qui,
depuis 1861, relie Victoriaville à la Ville des Trois-Rivières, M. Pierre
Richard avait établi une communication au moyen d'une diligence qui faisait le
service entre Stanfold et les Trois-Rivières trois fois par semaine. Plus tard,
cette diligence devint quotidienne. M. Pierre Richard a eu, de plus, durant
plusieurs années, le contrat de la malle, qu'il faisait transporter trois fois
par semaine de Stanfold à Richmond.
Pierre Richard était un des descendants de ces
valeureux Acadiens qui furent chassés de leur patrie contre toutes les lois de l'honneur et de la justice et qui, en grande partie,
fondèrent là paroisse de St-Grégoire, comté de Nicolet. M. Pierre Richard a
amplement prouvé dans le canton de Stanfold qu'il n'avait pas dégénéré de sa
nationalité. Il était le demi-frère de Stanislas Richard (fils de Pierre
Richard et de Marie Jalbert) né à la rivière Bécancour le 6 novembre 1828 et
baptisé à St-Grégoire, le 1er janvier 1829; sépulture à St-Louis-de-Blandford,
le 11 mai 1901; marié à Stanfold, le 11 septembre 1854,- à Desanges Desrochers.
M. Stanislas Richard était le père de M. l'abbé Jules Richard, né à
St-Louis-de-Blandford, le 11 juillet 1870, ordonné prêtre à Nicolet; le 19 août
1900; tué accidentellement par les chars, le 22 juin 1919, à
St-Joseph-de-Blandford, où il était curé. Il fut inhumé à
St-Louis-de-Blandford.
Pierre Richard, fils de Joseph et de Madeleine Richard, baptisé à
Bécancour, le 26 avril 1782; sépulture à St-Louis-de-Blandford, le 23 janvier
1858, où il résidait depuis 1827; marié en premières noces, à St-Grégoire, le
21 septembre 1803, à Marie Thibeaudeau (fille de Joseph et d'Élisabeth Leblanc,
d'Yamachiche), baptisée en 1782; sépulture à St-Grégoire, le 18 novembre 1818.
Neuf enfants naquirent de ce mariage. Le 8 février 1820, Pierre Richard épousa,
en secondes noces, Marie Jalbert, native dès Trois-Rivières, fille de Charles
et de Marie Grondin. Douze enfants sont issus de ce mariage.
Joseph Richard, fils de Grégoire et de Hélène Hébert, né en Acadie, vers
1752; sépulture à St-Grégoire, le 16 novembre 1842, âgé de 90 ans. Devenu
orphelin à Québec, en 1757, il arriva aux Trois-Rivières, avec sa mère, en
1758. Plus tard, il s'établit à St-Grégoire, à l'endroit alors nommé le «Portage»
entre le rang du lac St-Paul et celui du village de Godefroy. Il se maria, en
premières noces, aux Trois-Rivières, lé 3 janvier 1774, à Marie Marguerite
Darois (fille de Simon et de Anne Thibeaudeau) décédée en 1780, dont il eut
cinq enfants; marié en secondes noces, à Bécancour, le 19 février 1781, à
Marie-Madeleine Richard (fille de Joseph et de Françoise Cormier), baptisée à
Bécancour, le 7 mars 1760; sépulture à St-Grégoire le 30 juin 1839. De ce
mariage naquirent douze enfants.
Grégoire Richard, fils de François et
d'Anne Comeau, né en Acadie en 1722, inhumé à Québec, le 24 décembre 1757, mort
de la petite vérole, à l'âge de 35 ans, marié à Hélène Hébert. Celle-ci s'est
réfugiée aux Trois-Rivières, en 1757, avec ses trois enfants, et le 9 juillet
1764, elle épousa, en secondes noces, François Doucet, veuf de Jeanne Lafond,
inhumée aux Trois-Rivières, le 26 novembre 1763.
François Richard, fils de Jean Richard, marchand, et de Anne Christin,
originaire de la ville d'Auray, en Bretagne. François Richard arriva en Acadie
vers 1710; marié en
premières noces à Port-Royal, le 29 octobre 1710, à Anne Comeau (fille
de Jean et de Françoise Hébert, et veuve de Louis d'Amour d'Echaufforer,
marchand), inhumée à.Port-Royal, le 7 août 1722; en, secondes noces,
François Richard épousa, le 26 octobre de la même année, Marie Martin (fille de
René et de Marie Menier), dont il eut trois enfants. Avec Anne Comeau il avait
eu au moins six enfants.
En septembre 1727, Lawrence Armstrong, lieutenant-gouverneur d'Annapolis,
notifia les habitants d'avoir à prêter le serment. Sur leur refus de le faire,
à moins qu'une clause n'y fût introduite pour les exempter de prendre les
armes, le gouverneur fit jeter dans les fers Charles Landry, Guillaume
Bourgois, et Francis Richard, à qui avait été confié le soin de négocier avec
le gouverneur pour leurs frères Acadiens. Landry était bien malade, sa femme
demanda avec instances sa mise en liberté provisoire, promettant sur l'honneur
de le ramener aussitôt qu'il serait rétabli. La supplique fut repoussée. (7) Ce
Francis serait-il l'ancêtre de Pierre?
(1) Voir: Acadie, par E. Richard. Traduction par
Henri D'Arles, vol. 1, page 259.
FAMILLE
LEPRINCE-PRINCE (P.109)
La famille Le prince, assez nombreuse à l'Acadie, lors de la dispersion,
semble s'être groupée particulièrement à St-Grégoire-de-Nicolet, après 1755.
Le premier Leprince qui est venu se fixer à Port-Royal nous est connu
par le recensement de 1686. Il se nommait Jacques ou Nicolas, était marié à
Marguerite Hébert, fille d'Étienne et de Marie Gaudet. Ils avaient alors quatre
filles. Plus tard, il leur est né trois garçons, qui sont devenus les ancêtres
des Leprince de Port-Royal et de ceux des Mines. Le recensement de 1714 ne fait
mention que de deux Leprince, établis à Pigiquid: François, né vers 1690, marié
à La Grand-Prée, le 23 mai 1712, à Catherine Benoit, fille de Martin et de
Marie Chaussegros; et Antoine, né vers 1691, marié au même lieu et le même jour
que son frère, François, à Anne Trahan, fille de Guillaume et de Jacqueline
Benoit. François aurait marié la tante et Antoine la nièce. Ils avaient une
soeur, Anne, mariée à Etienne Rivet, qui demeurait aussi à Pigiquid et, d'après
le témoignage d'une des filles d'Étienne Rivet, donné à Belle-Isle, en mer, en
1767, son grand-père, Jacques Leprince et sa grand-mère, Marguerite Hébert,
seraient allés mourir à Pigiquid.
Le recensement de 1714 ne donne, à Port-Royal, aucune famille Leprince.
Il est probable que le vieux Jacques Leprince avait conservé sa propriété et
qu'il la légua à son plus jeune fils qui s'appelait Jean, et qui a dû se marier
vers 1715, à Jeanne Blanchard, veuve d'Olivier Daigle et fille de Guillaume
Blanchard et de Huguette Gougeon. C'est cette dernière famille qui a fourni le
plus de victimes du grand dérangement.
PIERRE
PRINCE
Pierre Prince-Leprince, fils de Jean Leprince et de Rosalie Bourg, né à
Saint-Grégoire et baptisé à Nicolet, le 13 janvier 1797, décédé à Ham-Nord
(aujourd'hui Notre-Dame-de-Ham) le 22 février 1863 et inhumé à Stanfold, le 25
suivant. Etabli dans le canton de Stanfold, sur le territoire du village de
Princeville, en 1839. II fut le troisième marchand de Stanfold. Il résida à
Ham-Nord de 1855 à 1863. Marié à Bécancour, le 18 février 1822, à Marguerite
Pratte, fille de Pierre et de Euphrosine Hébert. C'est en sa mémoire que le
village de St-Eusèbe-de-Stanfold fut appelé, en 1856, «Village de Princeville».
En outre de Mgr Jean-Charles Prince, premier évêque de St-Hyacinthe,
Pierre Prince avait trois autres frères et deux soeurs dont l'une, Marie-Rose,
était la mère de Léon Thibeaudeau, de Stanfold.
Jean (le père de Jean Yany), marié à St-Grégoire, le 21 novembre 1808, à
Marie-Eugénie Bergeron.
Joseph, marié aux Trois-Rivières, le 17 octobre 1815, à Julie Doucet.
C'était le père de M. le Chanoine Zoël Prince, de son vivant professeur au
Séminaire de St-Hyacinthe; de Édouard (père de M. Basile Prince, curé de
St-Léonard, décédé le 22 janvier 1920, à Nicolet, où il fut inhumé); de
Hermine, épouse de l'honorable Louis Richard; et de Esther, épouse de Athanase
Beaudet.
François, marié aux Trois-Rivières, le 9 juin 1821, à Monique-Henriette
Doucet. C'était le père de M. le chanoine J. Octave Prince, décédé curé de
St-Maurice, le 7 janvier 1898, et de Cyrille Prince, de St-Grégoire, décédé à Woonsocket,
chez son fils, M. l'abbé Achille Prince, curé de St-Louis-de-Gonzague, le 13
février 1920, à l'âge de 84 ans.
Cyrille Prince appartenait à l'une de nos meilleures familles
acado-canadiennes. Avantageusement doué et possédant une solide instruction, le
défunt suivait avec intérêt les principaux événements de notre vie sociale et
politique. C'était un plaisir d'entendre cet aimable vieillard raconter, avec
l'entrain qui lui était particulier, les réminiscences de faits nombreux dont
il avait eu personnellement connaissance ou auxquels il avait participé. Il
était la probité même. Plein de foi et de coeur, il personnifiait à nos yeux
toutes les vertus de cette vieille gentilhommerie canadienne quia fait
l'honneur de notre race.
Il a passé toute sa vie dans cette paroisse de St-Grégoire où il va
dormir maintenant son dernier sommeil, près de ceux qu'il a tant aimés. Il
avait épousé, en premières noces, Mlle Rouleau, soeur de M. le Dr Rouleau, de
St-Grégoire, et en secondes noces, Dame Philomène Provost. De son premier
mariage il laisse pour le pleurer six enfants et de nombreux petits-enfants.
(1920) Il était le père de feu Antoine Prince, avocat et ancien député de
l'Ouest; du révérend Père Pierre Prince, jésuite; de François Prince, marchand
aux Etats-Unis; de Charles Prince, de Woonsocket, R.I.; de la révérende Soeur
St-Cyrille, des Soeurs de l'Assomption de Nicolet; du révérend Frère Palasis,
des Frères des Ecoles Chrétiennes; du Rév. Achille Prince, curé de
St-Louis-de-Gonzague, Woonsocket, R.I., et du Dr Jean-Baptiste Prince, de
Montréal.
Jean Leprince, fils de Jean et de Marie-Rose Ozitte-Leblanc, né en avril
1762, probablement à Boston; arrive à Bécancour, en 1767, âgé de cinq à six
ans, tué par la chute d'un arbre et inhumé à St-Grégoire, le 5 avril 1826;
marié à Bécancour, le 24 janvier 1785, à Rosalie Bourg, fille d'Antoine Bénoni
et de Félicité Bourgeois.
Rosalie Bourg fut enterrée à St-Grégoire, le 23 juillet 1845, deux jours
avant le sacre de son fils Jean-Charles.
Antoine-Benoni Bourg, fils de Michel et de Marie Cormier, et veuf de
Marie-Josette Hébert, décédée à Beaubassin, épousa à Bécancour, le 19 novembre
1760, Félicité Bourgeois, fille de Joseph et de Marie-Anne Leblanc, veuve de
Pierre LePrince, mort de la petite vérole et inhumé à Québec, le 4 janvier
1758.
Antoine-Benoni Bourg était le fils de Michel Bourg et de Marie Cormier;
fils de Michel Bourg et d'Élisabeth Melanson; fils de François Bourg et de
Madeleine Bondrot; fils d'Antoine Bourg et d'Antoinette Landry.
Benoni Bourg avait eu de son premier mariage avec Josette Hébert, un
garçon du nom de Joseph, lequel se maria à Bécancour, le 24 janvier 1785, à
Marie-Anne Désilets, fille d'Antoine et de Françoise Leblanc.
Félicité Bourgeois avait, elle aussi, une fille de son premier mariage
avec Pierre Leprince, du nom d'Anne, baptisée à Port-Royal le 18 décembre 1750,
laquelle épousa, à Bécancour, le 9 février 1769, Laurent Tourigny, fils de
Joseph et de Françoise Perrot-dit-Turbal. Elle périt dans un naufrage, le 16
juin 1795, et fut inhumée le 21 du même mois, à Bécancour.
Rosalie Bourg a dû être baptisée à Bécancour, vers 1761. On sait qu'à
cette époque; il y avait beaucoup de lacunes dans les registres de Bécancour.
Le 29 juillet 1765, Bénoni Bourg et Félicité Bourgeois font baptiser, à
Bécancour, une fille du nom de Josette; et le 4 août 1765, au même endroit, ils
font enterrer un garçon du nom de Bénoni, âgé de neuf mois.
Jean Leprince, fils d'Antoine et d'Anne Trahan, né vers 1725; sépulture
à Bécancour le 5 juillet 1781, âgé de 56 ans; marié en premières noces, en
Acadie, à Marie-Rose Ozitte-Leblanc, décédée probablement à Boston, vers 1762.
Vers 1763, Jean Leprince, encore en exil, épouse Marie Darois, parente
du 3 au 3. Ils font revalider leur mariage à Bécancour, le 3 mars 1767.
La tradition rapporte que, pendant l'hiver de 1767, Jean Leprince avec
son épouse, Marie Darois, et son fils, Jean, âgé de 5 à 6 ans, né de sa
première femme Ozitte-Leblanc, et quelques autres membres des familles Hébert
et Béliveau, firent le voyage dé' Boston à Bécancour, en raquettes, à travers
les forêts. (12)
(12) Notes de Mgr Ls Richard sur les
familles acadiennes.
Antoine Leprince, fils de Nicolas ou Jacques Leprince et de Marguerite
Hébert, né vers 1691, résidant à Pigiquid, en 1714; marié à La Grand'Prée, le
23 mai 1712, à Anne Trahan, fille de Guillaume et de Jacqueline Benoît.
Nicolas ou Jacques Leprince, présent à Port-Royal, en Acadie, au
recensement de 1686, époux de Marguerite Hébert, fille d'Étienne et de Marie
Gaudet. Tous deux probablement décédés à Pigiquid, en Acadie.
FAMILLE
LOUIS-EUSEBE RICHARD (P.109)
Louis-Eusèbe Richard, fils de Charles-Auguste et de Marie Hébebart,
baptisé à St-Grégoire le 1er mars 1817; sépulture à Stanfold, le 13 novembre
1876; marié à St-Grégoire le 15 janvier 1841, à Hermine Prince, fille de Joseph
et de Julie Doucet, décédée à l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska, le 12 décembre 1899;
sépulture à Victoriaville, le 14 suivant, âgée de 81 ans, 10 mois et 28 jours.
C'est en mémoire de Louis-Eusèbe Richard que saint Eusèbe fut donné pour
patron à la paroisse de Stanfold, en 1848.
Louis-Eusèbe Richard arriva garçon à Stanfold, en 1840; il s'établit
d'abord à la rivière Nicolet, sur le côté ouest du chemin qui conduit à
Saint-Norbert.
En 1841, il ouvrit un magasin dans le village. Il fut conseiller
législatif pour la division de Kennebec, de 1874 à 1876. Édouard Richard,
auteur de «Acadia-Histoire de l'Acadie» ; était le fils de l'honorable Louis-E.
Richard. Édouard Richard naquit à Stanfold le 14 mars 1849. Il fit ses études
classiques à Nicolet et son droit à l'Université Laval. Après son admission au
barreau, il a pratiqué en société avec Sir Wilfrid Laurier quelques années, à
Arthabaska; en 1872, il a été élu député à la Chambre des Communes pour le
comté de Mégantic et réélu en 1874.
En 1879, il était nommé shérif du Nord-Ouest, position qu'il a occupée
pendant quelques années; après avoir résigné, s'est présenté comme candidat à
la Chambre dès Communes, pour le comté de Provencher, Manitoba. Plus tard, il a
passé quelques années à Paris pour les Archives du Gouvernement Fédéral; à son
retour, il est allé résider à Battleford, Sask., où il est mort en 1903, à
l'âge de 54 ans. Édouard Richard était un écrivain de mérite et il a laissé un
ouvrage important, «Acadia», histoire de l'Acadie. C'était un littérateur, un
homme de talents et un charmant causeur.
Louis-Eusèbe Richard était aussi le
beau-père de M. J. Octave Bourbeau, négociant de Victoriaville, et aussi le
père de Philippe Richard, décédé à Battleford, et de Arthur Richard, décédé à
Stanfold, en 1887. L'hon. Louis-E. Richard était l'oncle du grand philantrope,
J.-Auguste Richard, L.L.D., de Montréal, et de l'hon. sénateur Benjamin Prince,
de Battleford, Sask., et l'aïeul de Louis-Arthur Richard, avocat, de Québec, et
secrétaire particulier de l'hon. Sir Lomer Gouin, Premier Ministre de Québec, à
l'époque.
Charles-Auguste Richard, capitaine de milice, fils de Michel et de
Madeleine Pellerin, baptisé aux Trois-Rivières, le 15 janvier 1782; sépulture à
St-Grégroire, le 8 mars 1854; marié à Nicolet le 8 octobre 1804, à Marie
Hébert, fille de Honoré et de Madeleine Prince.
Michel Richard, fils de Joseph et de Madeleine Leblanc, né en Acadie, en
1745, s'établit au village de Godfroy et eut le titre de concession de sa
terre, le 23 mai 1770; inhumé à Saint-Grégoire, le 2 février 1829, âgé de 84
ans; marié à Nicolet, le 17 février 1772, à Madeleine Pellerin, fille de Pierre
et de Marie-Josette Béliveau.
Joseph Richard, fils de René II et de Marguerite Thériault, né en Acadie,
en décembre 1718; exilé en 1755, il vint mourir à Québec, avec trois de ses
enfants; il fut inhumé le 17 décembre 1757; marié en; Acadie, le 22 juillet
1743, à Madeleine Leblanc, fille de Joseph et de Marguerite Bourgeois.
René II, fils de René I et- de Madeleine Landry, né en Acadie, vers
1688; sépulture à Bécancour, le 26 décembre 1776; marié vers 1710 à Marguerite
Thériault, inhumée à Bécancour, le 28
avril 1777.
René Richard I, fils de Michel et de Madeleine Blanchard. Au recensement
de 1671, à Port-Royal, René, fils de Michel, est âgé de 14 ans. Il est donc né
vers 1657; marié vers 1680, à Madeleine Landry, fille de René et de Perrine
Bourg. René Richard I demeura tantôt à Port-Royal, tantôt aux Mines.
Michel Richard, né en France, vers 1630, probablement dans la province
de Saintonge, arrivé en Acadie en 1654; en 1656, il épousa Madeleine Blanchard,
âgée de 12 ans, fille de Jean et de Radégonde Lambert, décédée vers 1679; vers
1683, Michel Richard, alors âgé de plus de 50 ans, épousa en secondes noces
Jeanne Barbin, à peine âgée de 15 ans, fille d'Antoine et de Marie Mercier. Il
ne faut pas oublier que l'histoire nous apprend qu'à cette époque, en Acadie,
les filles en âge de se marier étaient très rares.
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FAMILLE
LANDRY-dit-BERCASE (P.110)
Le grand-père de Pierre Landry-dit-Bercase, Joseph Landry, fils d'Alexis
et de Marguerite Aucoin, fut le premier Landry qui prit le surnom de Bercase.
En voici la raison: Jean-Baptiste Benoît-dit-Bercasse, époux de Isabelle
Leblanc, habitant du lac St-Paul, n'avait pas d'enfant; il adopta deux
orphelins: Marie Landry, fille de Paul et de Marie Bourg, et Joseph Landry,
fils d'Alexis et de Marguerite Aucoin, de Grand-Pré. Dès lors Joseph Landry ajouta
à son nom celui de Bercase. J.-Bte Benoît-dit-Bercase fut inhumé à Bécancour,
le 11 janvier 1777.
Pierre Landry-dit-Bercase, cordonnier, fils de Joseph et de Madeleine
Vigneault, baptisé à St-Grégoire-le-Grand, le 2 avril 1806; sépulture à
St-Norbert-d'Arthabaska, le 11 octobre 1892; marié à St-Grégoire, le 30 juin
1830, à Ovile Gaudet, fille de Michel et de François Lemay, baptisée à
Bécancour vers 1811; sépulture à St-Norbert-d'Arthabaska, le 20 avril 1891,
âgée de 80 ans. Pierre Landry-dit-Bercase monta dans les Bois-Francs vers 1837.
Etabli d'abord à Stanfold, vers 1840, il se fixa à St-Norbert.
A St-Grégoire, le 10 octobre 1836, il fait baptiser Joseph. A Stanfold,
le 16 janvier 1839, il fait suppléer aux cérémonies de baptême de Philomène,
née le 2 novembre 1838, laquelle devint l'épouse de Ambroise Luneau.
Joseph Landry-dit-Bercase, fils de Joseph et de Marie-Anne Arseneau,
baptisé à Bécancour, le 1er avril 1779; marié à Bécancour, le 16 février 1801,
à sa parente du 4 au 4, Madeleine Vigneault, fille d'Abraham et de Marie Bourg.
En 1839, ils résident à Stanfold.
Joseph Landry-dit-Bercase, (fils adoptif de J.-Bte Benoît-dit-Bercase),
fils d'Alexis Landry, acadien, et de Marguerite Aucoin, né en 1746 en Acadie;
sépulture à St-Grégoire, le 6 septembre 1831, âgé de 85 ans; marié à Bécancour
en janvier 1773, à Marie-Anne Arseneau, fille de Pierre et de Françoise
Poirier. Le premier Landry qui prit le surnom de Bercase.
Alexis Landry, acadien, fils d'Antoine et de Marie-Blanche Leblanc,
marié à Marguerite Aucoin, fille de René et de Madeleine Bourg, à Grand-Pré, le
27 novembre 1737. Elle décéda à Grand-Pré en 1746; second mariage d'Alexis
Landry à Beaubassin, le 15 janvier 1748, avec Madeleine Bergeron, fille de
Michel et de Marie Dugas.
Antoine Landry, né en 1684, fils d'Antoine Landry et de Marie Thibodeau,
se maria, en 1706, à Marie-Blanche Leblanc, fille de François et de Jeanne
Hébert.
Antoine Landry, né en 1660, fils de René Landry et de Perrine Bourg, se
maria en 1681 à Marie Thibodeau, fille de Pierre et de Jeanne Terriau.
René Landry né vers 1618, originaire de la Chaussée, dans la région de
Loudun, département de la Vienne, France, arrivé en Acadie entre 1632 et 1634
et se maria à la veuve Perrine Bourg, vers 1639.
FAMILLE
BETTEZ (P.111)
Joseph Bettez, fils de Jacques et de Geneviève Houle, baptisé à
Yamachiche, en octobre 1816; sépulture à Plessisville, 8 novembre 1907, âgé de
91 ans et 1 mois. Entra au Séminaire de Nicolet en 1829. II étudia la médecine
à Yamachiche, sous les docteurs Emmanuel Lord et W. Marsden. Il vint s'établir
à Plessisville en 1841; le 31 mars 1845, il épousa, à Gentilly, Julie Mailhot,
fille de Paul et de Marie Vien, baptisée à Gentilly le 14 janvier 1817; décédée
subitement à Plessisville; le 18 août 1884. Elle pesait près de 400 livres. Le
Docteur Bettez était le grand-père de M. l'abbé Pietro Gravel, de Gravelbourg,
Sask..
Jacques Bettez, fils de Jacob et de Geneviève Laparre, né à la Baie
St-Paul, le 14 mai 1790; sépulture à Stanfold, le 26 juin 1855, âgé de 66 ans;
marié à Berthier, vers 1816, à Geneviève Houle, née en 1795, décédée à
Plessisville, le il février 1875, âgée de 80 ans.
Jacques Bettez fut longtemps maître de poste à Yamachiche. En 1845, il
était aux Trois-Rivières et en 1850 à Stanfold, où il est décédé en 1855.
L'honorable Jacob Bettez, venu de la Suisse à la Baie St-Paul, en 1762.
Protestant à son arrivée en Canada, il se convertit bientôt au catholicisme.
Marié en premières noces, à Catherine Lambert, vers 1762. Celle-ci mourut à la
Baie St-Paul, où elle fut enterrée le 4 octobre 1766. Jacob Bettez se maria en
secondes noces, probablement à Québec, en 1768, à Marie-Geneviève Laparre,
fille de Elie Laparre, chirurgien de Québec, et de Marguerite Maillou; celle-ci
était veuve de Paul Lambert quand elle épousa Elie Laparre. Marie-Geneviève
Laparre fut baptisée à Québec le 7 avril 1754. Elle n'était donc âgée que de 14
ans quand elle épousa Jacob Bettez.
Famille GIROUARD (p.113)
Michel Girouard, né en Acadie vers 1723, probablement fils de François et d'Anne
Bourgeois, vint s'établir à Gentilly vers 1767. Il était marié à Marguerite Galant. Il mourut à
Gentilly le 24 mars 1797, âgé de 74 ans. Sa femme fut aussi inhumée à Gentilly, le 13 mai 1803, âgée de 84 ans.
Théophile Girouard, fils de Joseph et d'Emélie
Guillaume-dit-Descormier, baptisé à Gentilly, le 2 décembre 1826.
A l'âge de 23 ans, en 1849, comme beaucoup d'autres, il est allé en
Californie à la recherche de l'or, y est demeuré quatre ans, a été assez
chanceux pour réaliser une bonne somme. Revenu au Canada, il s'est mis dans le commerce de bois, à Stanfold, où il
a construit des moulins; son commerce a bien réussi. Pendant son séjour à
Stanfold, il s'est marié, le 6 octobre 1861, à Alexina Pacaud; fille de Charles-Adrien Pacaud,
de St-Norbert-d'Arthabaska. En janvier 1873; il est allé. résider à Ste-Catherine, Ont., où il
est mort en août 1897. Théo.
Girouard était le père de Raoul Girouard, de Smith's Falls, de Mme Sydney
Forest et Mlle M.-L. Girouard, autrefois d'Ottawa, de Mme T,-E. Griffith, d'Arthabaska,
et du L.-Col. René Girouard; aussi cousin du Shérif J.-E. Girouard,
d'Arthabaska; l'oncle de Mme Henri Pépin, ex-maire de la ville d'Arthabaska, et
l'aîeul de Madame Maurice Maheu, aujourd'hui de Montréal.
Joseph Girouard, fils de Joseph et de Marie Doucet, baptisé à Gentilly le 18 mars 1802;
sépulture â Stanfold, le 7 mars 1875-; marie en premières noces à Gentilly,
le 17 août 1824, à Émélie Guillaume-dit-Descormiers, fille de J.-Baptiste et de Marie
Montreuil baptisée en 1797; sépulture à Stanfold, le 29 juillet 1858, âgée de 61 ans.
Joseph Girouard, surnommé Dédé, fit le voyage de
la Californie. Il vint s'établir dans les Bois-Francs, dès les premiers temps
de 1a colonie. Il bâtit d'abord un moulin sur la rivière Blanche, entre
St-Louis-de-Blandford et Stanfold; et un second, vers 1838, aussi une perlasserie et un magasin, sur la
rivière Nicolet, entre Stanfold et St-Norbert, moulin qu'il légua à son fils
Théophile. C'est alors qu'il se fixa sur une terre, dans le 10e rang de
Stanfold, où il mourut en 1876. En secondes noces, Joseph Girouard avait épousé
Mathilde Beaubien.
Joseph Girouard, fils de Joseph et de
Marie-Josette Grandbois, baptisé à Bécancour, le 23 février 1778; marié à Gentilly, le 28 octobre 1799, à Marie Doucet, fille de François et de Geneviève
Beaudet, de Bécancour, née vers 1781; sépulture à Stanfold, le 5 mai 1863, âgée de 82 ans environ.
Joseph Girouard (Giroire), (19) fils de Michel et de Marguerite Galant, marié en
premières noces à Bécancour, le 10 février 1777, à Marie-Josette Grandbois, fille de François et
de Félicité Baillargeon, de Ste-Anne; marié en secondes noces, à Gentilly, le 2 février 1790, à Josette Normandeau-dit-Deslauriers, fille de
Jacques et de Marie-Catherine Tinon.
(19) Registres de Bécancour, année 1777.
Michel Girouard, Acadien, époux de Marguerite
Galant, Acadienne, établi à Gentilly, vers 1767, né en Acadie vers 1723; sépulture à Gentilly le 24 mars 1797. Marguerite Galant, née en Acadie, vers 1719; sépulture à Gentilly, le 13 mai 1903, âgée de 84 ans environ.
FAMILLE
HOULE-HOUDE (P.113)
En 1654, Louis Houle ou Houde,
originaire du Manou, en Perche, France, était à Québec. Fils de Noël Houle et
de Anne Lefebvre, il naquit vers 1617. Au
recensement de 1666, il est à l'Ile
d'Orléans, habitant, âgé de 49 ans,
avec sa femme Madeleine Boucher, âgée de 24 ans,
et trois enfants: Jean, 7 ans, Louis,
2 ans, Germain, 14 mois. En 1681, Louis Houle est encore à l'Ile
d'Orléans, avec sa famille, composée de neuf enfants. Joseph Houle, petits-fils
de Louis Houle, vint s'établir à St-Jean-Deschaillons, vers 1715 ou 1720. Il était le meunier du
seigneur de la Pérade.
Joseph Houle, fils de Charles et de Louise Deshayes, baptisé à
Bécancour, le 29 septembre 1819; sépulture à Stanfold le 27 mars 1906.
Il monta avec son père, à la rivière Bécancour, dans le 1er rang de Bulstrode,
vers 1832 et y demeura environ quatre ans. Vers 1836, la famille Charles Houle
vint s'établir sur le 9e lot du 9e rang de Stanfold. Joseph Houle se maria à
Plessisville, le 13 janvier 1846, à Marguerite Lallier-dit-Marcheterre, fille
de François et de Suzanne Paris, de Stanfold, baptisée à
St-Pierre-les-Becquets, le l l avril 1823; sépulture à Stanfold, le 19 juin
1892.
Charles Houle, fils de François et de Thérèse Nau, baptisé à
St-Pierre-les-Becquets, le 2-janvier 1785; sépulture à Stanfold le 10 juin
1861; marié à Bécancour, le 10 juillet 1812, à Louise Deshayes, fille d'Antoine
et de Françoise Moricet, baptisée à Bécancour, le 24 août 1781; sépulture à
Stanfold, le 30 avril 1868. Charles Houle était le frère de ma grand'mère
maternelle, Josette Houle, épouse de Joseph Bourbeau-dit-Beauchesne.
François Houle, fils de Joseph et de Marie-Josette Leboeuf, né vers
1734; sépulture à Bécancour le 6 février 1810, âgé de 76 ans; marié à
Si-Pierre-les-Becquets, le 7 janvier 1766, à Thérèse Nau, fille de Henri et de
Marie Rivard, baptisée à St-Pierre-les-Becquets, le 22 juin 1747.
Joseph Houle, fils de Louis II et de Marie-Madeleine Lemay, né en 1690;
sépulture à St-Jean-Deschaillons, le 15 novembre 1755; marié en -1724 à
Marie-Josette Leboeuf, décédée après 1739.
Mgr Tanguay dit que Joseph Houle était meunier du Sieur de la Pérade.
Louis Houde II, fils de Louis I et de Marie-Madeleine Boucher, baptisé à
Château-Richer, le 30 septembre 1662; marié vers 1687 à Marie-Madeleine Lemay.
Louis Houde I, fils de Noël et de Anne Lefebvre, de Mànou au Perche,
baptisé en 1617, établi à Ste-Famille, Ile d'Orléans, en 1657; sépulture après
1682, probablement à Ste-Famille, Ile d'Orléans; marié au Château-Richer, le 12
janvier 1655, à Madeleine Boucher, fille de Marin Boucher, menuisier, et dé
Perrine Malet, baptisée à Québec le 4 août 1641; décédée après 1682,
probablement à Ste-Famille, Ile d'Orléans.
Marin Boucher était le frère de Gaspard Boucher, père de Pierre Boucher,
gouverneur des Trois-Rivières, de 1653 à 1658 et de 1663 à 1668.
FAMILLE
THIBEAUDEAU (p.114)
Léon (Pantaléon) Thibeaudeau, (21) fils de
Jean et de Marie Prince, baptisé à St-Grégoire-de-Nicolet, le 21 février 1818,
établi au township de Stanfold en 1844, sur le 15e lot du 12e rang; sépulture à
Stanfold, le 10 janvier 1891; marié à St-Grégoire, le 21 janvier 1845, à Louise
Hébert (soeur de Noël Hébert, surnommé Jean Rivard), fille de Pierre et de
M.-Louise Manseau, baptisée à St-Grégoire, le 13 février 1821; sépulture à
Stanfold, le 7 novembre 1885.
(21) Voir registres de St-Grégoire, année 1818.
Jean Thibeaudeau, fils de Joseph et de Josette Rivard-dit-Lavigne,
baptisé à Bécancour, le 23 avril 1784; sépulture à St-Grégoire, le 1er mars
1856; marié à St-Grégoire, le 1er février 1813, à Marie Prince, (parente du 4
au 4), fille de Jean et de Rosalie Bourg, décédée à St-Grégoire le 27 août
1853, âgée de 61 ans. .
Joseph Thibeaudeau, fils d'Olivier et de Marie Bourg; marié à Bécancour,
le 30 août 1779, à Josette Rivard-dit-Lavigne, fille de Joseph et de Josette
Pré-dit-Richard.
Olivier Thibeaudeau, fils de Charles et de Marie-Anne Melanson, née vers
1733; sépulture à Bécancour, le 1er mai 1776, âgé de 43 ans; marié en premières
noces à Marie Bourg et en secondes noces à Marie Poirier; celle-ci, devenue
veuve, se remaria à Bécancour, le 4 février 1783, à Pépin Bourgeois.
Charles Thibeaudeau, fils de Jean et de Marguerite Hébert, né vers 1709;
sépulture à Bécancour, le 29 novembre 1779, âgé de 70 ans; marié en premières
noces à Marie-Anne Melanson, et en secondes noces à Madeleine Douairon.
Jean Thibeaudeau, deuxième garçon de Pierre Thibeaudeau et de Jeanne
Thériot, né vers 1673; marié à Annapolis, Acadie, le 7 février 1703, à
Marguerite Hébert, fille de Emmanuel et de Andrée Brun.
N.B.-D'après Mgr Tanguay, cette Marguerite Tanguay serait la femme de
Pierre Thibeaudeau, fils aîné de Pierre et de Jeanne Thériot. C'est une erreur,
comme on le constate dans les notes de Mgr Ls Richard sur les familles
acadiennes. En cela Mgr Richard est d'accord avec Rameau. Dans son ouvrage «Une
colonie féodale en Amérique» nous lisons: «En juin 1702, à Chipoudy, mariage de
Pierre Thibeaudeau, fils de Pierre, à Marie-Madeleine Brossard, fille de
Jean-François Brossard et de Catherine Richard. Ce mariage devra être bénit à
Port-Royal; ce qui eut lieu au mois d'août de la même année. En 1714, Jean
Thibeaudeau résidait à St-Charles de La Grand'Prée.
Pierre Thibeaudeau, meunier, né en France vers 1631, venu en Acadie vers
1654. Il se fixa au haut de la rivière de Port-Royal, à un endroit appelé «La
Pré Ronde», y fit ses premiers défrichements et y construisit un moulin.
Au commencement du 18e siècle, il tenta
de jouer le rôle de seigneur de Chipoudy, mais il ne put jamais obtenir une
concession seigneuriale telle qu'il l'aurait désirée. Un an après sa mort, le 2
juin 1705, le conseil d'État rendit un arrêt définitif, par lequel tout en
reconnaissant aux pionniers leur droit de premiers occupants et leurs
propriétés, il confirmait les titres seigneuriaux de M. de La Vallière.
Vers 1660, Pierre Thibeaudeau épousa Jeanne Thériot, fille de Jean et de
Perrine Brun, née vers 1643.
Au recensement de 1686, Pierre Thibeaudeau est à Port-Royal, âgé de 55
ans, sa femme, Jeanne Thériot, âgée de 43 ans. Ils ont quatorze enfants, dont
huit filles et six garçons.
Pierre Thibeaudeau mourut près de Port-Royal, à son moulin de la «Pré
Ronde», le 28 décembre 1704.
FAMILLE
BOURBEAU (p.114)
Désiré-Olivier Bourbeau, fils de Lazare et de Edesse Gauvreau, baptisé à
St-Pierre-les-Becquets, le 21 septembre 1834; sous lés noms de
«Zéphirin-Désiré»; sépulture à Victoriaville, le 21 décembre 1900; marié à
Victoriaville, le 12 février 1866, à Marie-Délina-Belzemire Bouchard, fille de
Narcisse et de Marie-Rosalie Hébert, née à Québec, le 6 mars 1847. Résidait à
Victoriaville, en 1920.
Il étudia chez les Frères des Écoles Chrétiennes, aux Trois-Rivières.
Après avoir été instituteur à St-Pierre, il fut commis à Québec, chez MM. Behan
Bros., de 1850 à 1856. En 1856,
il vint s'adjoindre à son frère Octave, à Stanfold, et y fit du commerce
jusqu'en 1860. A cette époque, il
retourna à St-Pierre pour s'occuper de la culture de la- terre
paternelle jusqu'en 1863.
Du printemps 1863 à l'année 1866, M.-0. Bourbeau tint, en société avec
son frère, Octave, un magasin à Victoriaville. En 1866, il ouvrit à Victoriaville, un magasin à son compte, magasin
qu'il administra jusqu'en décembre 1900. Il
fut membre du parlement fédéral de 1877 à
1886.
I. M.D.-0. Bourbeau était le père de M.
l'abbé Raoul Bourbeau, né en 1876, ordonné
prêtre le 14 juin 1902. En 1920,
il était curé à Fort-Kent, Maine. Il est décédé en Floride et inhumé le 13 octobre 1935,
à Victoriaville.
II.
Joseph-Octave Bourbeau, marchand, fils de Lazare et de Edesse Gauvreau,
baptisé à St-Pierre-les-Becquets; le 21 juillet
1836; -marchand à Stanfold en 1856. Après un voyage en Californie, il se
fixe à Victoriaville, en 1862; marié à
Stanfold, le 10 septembre 1867, à
Alphonsine Richard, fille de Louis-Eusèbe Richard, marchand, et de Hermine
LePrince, baptisée à Stanfold, le 25 juillet
1848.
J.-0. Bourbeau est
décédé à Victoriaville le 24 juin 1927.
Tous deux résidaient à Victoriaville, en 1920. Leur fils Gustave, né en 1870,
ordonné prêtre le 28 juillet 1895, dans l'église de Victoriaville, par S.
E. Mgr Gravel, évêque de Nicolet. Curé à différents endroits, notamment à
Tingwick, de 1913 à sa mort survenue
le 1ler décembre 1929. Inhumé dans le
cimetière de Tingwick.
Lazare Bourbeau, fils d'Augustin et de Thérèse Constantin, né à
St-Augustin, en 1800; sépulture à
St-Pierre-les-Becquets le 12 novembre 1858; marié à St-Pierre-les-Becquets, le ler
février 1831, à Edesse Gauvreau, fille
de Pierre, forgeron, et de Françoise Mailhot, baptisé à St-Pierre-les-Becquets,
le 25 mars 1816; sépulture à Victoriaville, le 2 janvier 1880; veuve de
Joseph Poulin (veuf de Marguerite Martineau, de Ste-Sophie-d'Halifax), qu'elle
avait épousé à St-Pierre-les-Becquets, le 11 septembre 1860. Joseph Poulin est décédé à Victoriaville, lé 29 mars 1879,
âgé de 54 ans.
Auguste Bourbeau, fils de Eustache et de Marie Cotin-Dugal, né à
St-Augustin, marié en premières noces à St-Augustin, le 12 janvier 1784, à
Marie-Gertrude Gagnon, fille de J.-Bte Gagnon et de Louise Dorval-dit-Bouchard,
née en 1763 et inhumée à St-Augustin,
le 30 avril 1788; marié en secondes noces, à St-Augustin, le 8 novembre 1790,
à Thérèse Constantin, fille de François-Augustin et de Marie Geneviève
Gingras, baptisée à St-Augustin, le 24 mars
1762.
Eustache Bourbeau I, fils de Eustache et de Madeleine Rasset, baptisé à
St-Augustin, le 18 décembre 1722; sépulture avant 1781; marié en 1753 à Marie-Joseph Cotin-Dugal, fille de Joseph et de
Marie-Charlotte Gaboury, baptisée à St-Augustin, le 11 juin 1725; sépulture à St-Augustin, le 22 mars 1781. 1781.
Eustache Bourbeau II, fils de Eustache et de Marguerite Brousseau,
baptisé en 1695; sépulture à
St-Augustin, le 3 janvier 1738; marié à St-Augustin, le 16 février 1722,
à Marie-Madeleine Rasset (veuve de J.-Bte Gaboury, fille de Jean Rasset et
de Jeanne Chapau), baptisée à Pointe-aux-Trembles, le 6 juin 1686. Veuve de
Eustache Bourbeau, elle se remaria, en troisièmes noces, à St-Augustin, le 6 octobre 1738,
à Charles Cotin.
Eustache Bourbeau III. fils de Simon Bourbeau et de Françoise Letarte,
baptisé à Québec, le 15 septembre 1668; sépulture à St-Augustin, le 29 janvier 1736;
marié à Beauport, le 12 octobre
1689, à Marguerite Brousseau, fille de
Julien et de Simone Chalifour, baptisée vers 1671;
décédée à Saint-Augustin, le 31 janvier 1736.
Simon Bourbeau, charpentier, fils d'Elie Bourbeau et de Marguerite
Renault, de la ville de La Rochelle, en France, baptisé en 1626, en France, où il se maria en 1656, à Françoise Letarte, baptisée en 1637.
Arrivé à Québec vers 1660, au
recensement de 1681, il est au village
de St-Joseph-de-Charlebourg. Inhumé à Charlebourg, le 12 mars 1692. Il était le
frère de Elie Bourbeau, notaire, sieur de la Bissonnière, du
Cap-de-la-Madeleine. Pierre Bourbeau-dit-Lacourse, de Bécancour, était aussi
son frère, et non son fils, comme le dit Mgr Tanguay.
FAMILLE PÉPIN (P.115)
Léon Pépin, fils de Joseph et de Angélique
Beaufort-Brunel, baptisé à Gentilly le 25 juin 1822; décédé à Princeville le 10
août 1989; marié à Gentilly, le 5 février 1850, à Julie Beaufort-Brunel (parents
du 3 ou 3), fille de Isaac et de Agathe Lacerte, baptisée à Gentilly le 25
avril 1826, décédée à Princeville le 1er novembre 1914.
Vers 1852, Léon Pépin et son épouse montèrent
dans les Bois-Francs et s'établirent dans le 10e rang du Canton de Stanfold.
Joseph Pépin, fils de Joseph et de Marguerite
Lamothe, né à Gentilly, baptisé à Bécancour le 23 mai 1793; sépulture à
Princeville le 25 avril 1874; marié à Gentilly le 25 janvier 1820, à Angélique
Beaufort-Brunel, fille de Antoine et de Marie Normandeau-Deslauriers, baptisée
à Gentilly, le 21 août 1801; sépulture à Princeville le 3 décembre 1870.
Joseph Pépin, fils de Joseph et de Geneviève
Baïlly-Carpentier, baptisé vers 1758, inhumé à Gentilly le 13 avril 1837, âgé
de 79 ans; marié à Champlain, le 7 novembre 1785, à Marguerite Lamothe, fille
de Alexis et de Marie-Anne Beaudoin, baptisée vers 1959, inhumée à Gentilly le
19 janvier 1837, âgée de 78 ans.
Joseph Pépin, fils de Joseph et de Angélique
Manseau, baptisé à Champlain le 9 novembre 1728, marié à Champlain, le 30
novembre, 1756, à Geneviève Baïlly, fille de Médard Carpentier dit Baïlly et de
Marie Jeanne Provencher, baptisée à Champlain le 6 octobre 1727.
Joseph Pépin, fils de Jacques et de Marie-Jeanne
Caiet, baptisé à Champlain le 3 janvier 1689; marié à Champlain le 12 janvier
1728 à Angélique Manseau, fille de François et de Marguerite Pouliot, de
St-Laurent, Ile d'Orléans.
Jacques Pépin, fils de Guillaume Pépin dit Tranchemontagne et de Jeanne
Mechin, baptisé aux Trois-Rivières le 14 avril 1646, sépulture à Champlain le
10 avril 1715, marié aux Trois-Rivières le 16 novembre 1671 à Marie Jeanne
Caiet, fille de Claude et de Anne Vallée, de St-Nicolas-des-Champs, évêché de
Paris.
Guillaume Pépin dit Tranchemontagne, de St-Laurent de la Bavière, évêché
de Xaintes, province de Saintonge, baptisé en France en 1607, sépulture aux
Trois-Rivières, le 12 août 1697, marié aux Trois-Rivières vers 1645 à Jeanne
Méchin, baptisée en France vers 1630.
Guillaume Pépin fut syndic des Trois-Rivières, puis juge de seigneurie
de Champlain. Il était déjà établi aux Trois-Rivières en 1634. Il était un des
ancêtres de Mgr I. Langevin et de Sir Hector Langevin.
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FAMILLE
NOEL-ATHANASE BEAUDET (P.116)
Noël-Athanase Beaudet, fils d'Isaîe et de Marguerite Mailhot, baptisé à
St-Jean-Deschaillons, en 1826; sépulture à Princeville, le 18 septembre 1886,
âgé de 59 ans; marié à St-Christophe (alors résidant à Princeville), le 15
octobre 1853, à Marie-Esther Le Prince, fille de Joseph et de Julie Doucet, de
St-Grégoire, baptisée à St-Grégoire, le 12 février 1830, inhumée à
Victoriaville, le 1er octobre 1918.
Père et mère de l'abbé Marie-Joseph-Henri-Athanase Beàudet, né à
Arthabaska, le 9 septembre 1870, ordonné prêtre à St-Hyacinthe, par Mgr
Decelles, le 25 mars 1895.
Noël-Athanase Beaudet était le frère de Marie-Aurélie Beaudet, épouse de
Jean Trottier, industriel d'Arthabaska. Marie Amélie Beaudet était la mère de
l'abbé Hercule Trottier.
L'abbé François-Hercule-Augustin Trottier, né aux Grondines, comté de
Portneuf, le 16 mai 1850, fils de Jean Trottier et de Marie-Aurélie Beaudet,
fit ses études à Nicolet et fut ordonné aux Trois-Rivières, le 15 décembre
1872. Vicaire à Arthabaska de 1872 à 1874; à Ste-Anne-de-la-Pérade de 1874 à
1876; aumônier des Frères du Sacré-Coeur de 1876 à 1883, où il est décédé le 13
mars 1883. M. l'abbé Hercule Trottier était le frère de Madame Adélard Picher,
protonotaire à Arthabaska. On peut voir sa photo en page 256 du premier volume.
Isaîe Beaudet, fils de Jacques et de Marie-Anne Trottier, de St-Jean;
marié à St-Pierre, le 7 avril 1812, à Marguerite Mailhot, fille d'Eustache,
capitaine de milice, et de Françoise Moras. Isaîe Beaudet fut inhumé à St-Jean,
au mois d'octobre 1851.
Jacques Beaudet, fils de Jacques et d'Élisabeth Brisson, baptisé à
St-Jean, le 22 juin 1765; marié à St-Pierre, le 18 août 1789, à Marie-Anne
Trottier, fille d'Augustin et de Madeleine Barolet, de St-Pierre.
Jacques Beaudet, fils de Jacques et de Marie Angélique Lemay, sépulture
à St-Jean, le 31 mai 1783; marié à St-Pierre, le 19 avril 1757, à
Marie-Elisabeth Brisson, fille de Pierre et de Marie-Catherine Courteau.
Marie-Elisabeth Brisson, baptisée le 27 avril 1727, à Ste-Anne-de-la-Pérade,
avait épousé, en premières noces, à St-Pierre-les-Becquets, le 15 juillet 1748,
Pierre Mailhot, fils de Louis et de Marie-Madeleine Hony.
Jacques Beaudet, fils de Jean et de Marie Grandin, sépulture à
Lotbinière, le 4 janvier 1750; marié à Ste-Anne, le 20 novembre 1720, à
Marie-Angélique Lemay, fille de Pierre et de Marie-Anne Germain, baptisée en
1700 et inhumée à Lotbinière, le 13 mars 1742.
Jean Beaudet, fils de Sébastien et de Marie Baudonnier, de Blanzais,
évêché de Poitiers, en France, baptisé vers 1650; marié à Québec, le 28
septembre 1670, à Marie Grandin, baptisée vers 1651, fille de Michel et de
Marie Lejeune, de St-Albert, évêché d'Orléans, en France. Jean Beaudet
s'établit à Lotbinière vers 1680.
En 1908, lors des fêtes du troisième centenaire de Québec, un des
descendants de Jean Beaudet, Eloi, époux de Emélie de Villers, était encore
possesseur du patrimoine ancestral.
__________________________________________________________________________
FAMILLE
LOUIS-ADOLPHE DE BILLY (P.117)
Vers 1672, Jean François de
Billy vint au Canada, avec sa femme, Catherine de la Marche et y fit souche.
«Au XVIe siècle une branche de la famille de Billy portait le nom de Courville,
d'après une terre probablement, puisque c'était la coutume de donner aux fils
cadets le nom d'une propriété dont ils se trouvaient possesseurs par droit
d'héritage ou autrement. Un texte de l'époque dit «Louis de Billy, baron de
Courville». (34)
(1) M. B. Sulte,
«Mélanges historiques», vol. 2, page 64 et ss.
(2)
(3) Jean-François de Billy, né vers 1649. (Le recensement de 1681 lui donne 32 ans). Probablement dans la paroisse de Sommereux, diocèse de
Beauvais, en France. Il était fils de François de Billy, écuyer, seigneur de
Béhéricourt, et de Hélène Guilbert. L'acte de fiançailles de François de Billy
avec Hélène Guilbert fut passé à Paris, le 3
février 1632.
(4)
(5) Jean-François
de Billy épousa à Sommereux, en France, vers 1671,
Catherine Marguerite de la Marche.
(6)
En 1679. Francois
de Billy. résidant dans la seigneurie de Gentilly, fait baptiser à Champlain,
un enfant sous le nom de François (35). Il est bon de faire remarquer qu'à
cette époque, la seigneurie de Gentilly faisait partie de la paroisse de
Champlain. L'érection de la paroisse de Saint-Édouard-de-Gentilly date du 24 juillet 1784.
Jean-François de Billy, décédé le 28 janvier 1716, fut inhumé à Champlain, le 1er février suivant. Catherine
Marguerite de la Marche, son épouse, vécut jusqu'à 80 ans et fut enterrée à Champlain, le 11 avril 1731.
(1) Registres de Champlain, octobre 1679
(2)
(3) Michel de Billy, fils de Jean-François
et de Catherine-Marguerite de la Marche, arriva au Canada âgé d'environ 5 ans. II épousa en premières noces, à
Champlain, le 27 avril 1705, Anne-Céleste Désy, veuve de François
Aubuchon. Elle fut inhumée à Champlain, le 17
mai 1718; en secondes noces,
marié à Sainte-Anne-de-la-Pérade, le 14 juillet
1719, à Marguerite-Renée Brillac,
inhumée à Champlain, le 25 septembre 1728, en troisièmes noces, marié à
Champlain, le 1er mars 1729, à
Marie-Jeanne Rouillard.
(4)
Le 15 juillet 1707,
Michel de Billy devint concessionnaire d'une terre de 6 arpents, avec droit de chasse et pêche,
de François Poisson, seigneur de Gentilly.
Michel Billy, fils de Michel de Billy et de Marguerite-Renée Breillac,
né dans la seigneurie de Gentilly, baptisé à Champlain, le 25 septembre 1726, inhumé à Gentilly le 30
mars 1814; marié (36) en 1747,
à Champlain, à Charlotte Perrot-Turbal, fille de Nicolas, capitaine dé
milice, et de Marguerite Bourbeau. En 1791, Michel
de Billy fut nommé lieutenant des milices de Gentilly, par Lord Dorchester,
gouverneur de la province de Québec.
(1) Contrat de mariage par le notaire Pollet, 19
avril 1747.
(2)
(3) Michel
Billy (surnommé Michel Tontaine), fils de Michel et de Charlotte Perrot-Turbal,
né à Gentilly, le 24 mars 1748, où il est décédé le 12 août 1820;
marié à St-Pierre-les-Becquets, le 9
février 1773, à Marie-Louise
Duclos-Carignan, fille de Pierre et de Marie-Anne Mongrain, inhumée à Gentilly,
le 23 novembre 1814, âgée de 63 ans.
Antoine de Billy (surnommé Antoine Michon Tontaine), fils de Michel et
de Marie-Louise Duclos-Carignan, né à Gentilly, le 5 septembre 1780, où il
est inhumé le 2 mai 1840; marié à Gentilly, le 15 janvier 1805, à Archange Auger, fils de Barthélemy
et de Françoise Tinon-Desroches, inhumée à St-Norbert-d'Arthabaska, le 24 mai 1854, âgée de 72 ans.
LES BILLY
(TONTAINES) DES BOIS-FRANCS
Le 9 août 1836, Léon Billy, fils de Michel et d'Archange Auger, se maria
à Gentilly à Marie Verret. II est à cette date résidant à Stanfold.
J.-Bte Billy (surnommé Babi Tontaine), frère le Léon, est dans les
Bois-Francs, en 1837: Le 21 avril 1843 il épousa, à Somerset, Julie
Roy-Mazeret. Il est alors résidant à St-Norbert.
Un autre frère de Léon, Antonin, marié à Gentilly, le 29 janvier 1828, à
Marie-Desanges Jeannot, fille de J.-Baptiste et de Marie Girouard, est à
St-Norbert dès 1840.
Deux filles d'Antoine Billy se marièrent dans les BoisFrancs; Esther à
Narcisse Béliveau, et Edith, à David Prince.
En 1839, Antoine Billy et sa femme, Archange Augé, sont dans le canton
d'Arthabaska. En 1846, ils sont à Gentilly. Archange Augé est résidante à
St-Norbert, lors de sa mort, en 1854.
Deux des fils d'Antoine Billy, Joseph et Salomon, vécurent à Gentilly.
Joseph Billy {José Tontaine), épousa à Gentilly, le 11 août 1835, Marcelline
Beaufort-Brunel, fille d'Antoine et de Marie Normandeau-Deslauriers.
Salomon Billy (surnommé le Fin
Tontaine), fils d'Antoine et d'Archange Augé, baptisé à Gentilly, le 16 février
1807, où il fut inhumé le 10 octobre 1879; marié à Gentilly, le 14 février
1831, à Théotiste Beaufort-Brunel, fille d'Antoine et de Marie
Normandeau-Deslauriers, baptisée à Gentilly, le 10 avril 1808, décédée à
Victoriaville, le 17 mai 1892.
Louis-Adolphe Billy, fils de Salomon et de Théotiste Beaufort-Brunel,
baptisé à Gentilly, le 13 octobre 1834; décédé à New-Carlisle le 20 mars 1907,
et inhumé dans la cathédrale de Rimouski, le 23 suivant; marié à Rimouski, le 4
juillet 1864, à Marie-Adèle Gauvreau, fille de Pierre Gauvreau, notaire, et
d'Élisabeth Duberger, décédée à New-Carlisle, le 30 janvier 1890, et inhumée
dans la cathédrale de Rimouski, le 4 février suivant.
Louis-Adolphe Billy fit ses études à Nicolet, étudia le droit et fut
admis au barreau en 1859. Magistrat stipendiaire à Rimouski, de 1873 à 1882,
député de Rimouski aux Communes de 1882 à 1887, nommé conseiller de la reine en
1887, et juge de la Cour Supérieure, pour le district de Gaspé, avec résidence
à New-Carlisle, le 25 février 1888. A sa mort, en 1907, il était à sa retraite
depuis quatre ans.
Le 27 février 1893, une loi du gouvernement de Québec autorisa
l'honorable Louis-Adolphe Billy et les membres de la famille à reprendre le nom
«De Billy» comme le portaient leurs ancêtres au Canada et en France.
Louis-Adolphe de Billy était le frère de François-Xavier de Billy, de
Victoriaville, et de Hilaire de Billy, de Stanfold, et le beau-frère d'Octave
Morel, de Victoriaville, et du notaire d'Argy, de Stanfold.
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Famille Lavergne
(P.119)
III-Joseph, 1696-1774. Joseph,
fils de Renaud, né à Montmagny, en 1696, épousa
vers 1721, Louise Pelletier, née en 1696. Ils eurent quatre enfants: Joseph, 1729; Madeleine, 1736, marié le 2 octobre 1752, avec
Joseph-Marie Bacon, à StPierre-de-la-Rivière-du-Sud; Marie-Josephte, mariée à
Louis Gagné, en 1722; Marie-Louise,
mariée à Auguste Gagné.
Joseph Lavergne épousa, en secondes noces, 1747, Madeleine Charron, née en 1714,
veuve de Jean Fleuret, en premières noces, et en secondes noces,
d'Étienne Samson.
De ce second mariage, naquirent quatre enfants: François, 1748; Madeleine, 1750; Joseph, 1753; Marie-Bonne,
1756. IV-Joseph-Marie. i757-1817. Joseph Lavergne, fils de Joseph
Lavergne, porta les prénoms de Joseph-Marie jusqu'à la mort de son frère, fils
de Louise Pelletier. Il épousa, en 1774, Angélique
Blanchet, qui descendait en ligne directe de Louis Hébert, apothicaire, chef de
la première famille française qui s'établit dans la Nouvelle-France, à Québec,
en 1617. Louis Hébert avait rencontré Champlain à Port-Royal, en 1606.
Il eut cinq enfants: Joseph, Augustin, Jean-Baptiste, Rosalie et Julie.
L'aîné, Joseph, épousa une demoiselle McLean. Ses enfants sont Noël,
Célestin, Georges, Ferdinand et Édouard. Le second, Augustin, est le grand-père
du sénateur Louis Lavergne, le troisième, Jean-Baptiste, hérita du bien
paternel, à la mort de Joseph-Marie, son père. Le bien des Lavergne s'était
fort agrandi depuis deux cents ans. Jean-Baptiste se trouva un homme riche et
considéré à la mort de son père. Seigneur de la Frenaye et célibataire, il prit
chez lui son neveu, Louis-David Lavergne, fils de son frère cadet, Augustin,
mort jeune encore. Vieux garçon, il épousa Mélanie-Antoinette DeLagrave, à qui
il laissa toute sa fortune en mourant. Cette dernière, sur son lit de mort, fit
perdre, d'un trait de plus, à la famille Lavergne, les fruits acquis par deux
cents ans de durs labeurs.
Elle donna la seigneurie de la Frenaye au diocèse de Québec; le
monastère du Précieux-Sang, de St-Hyacinthe, reçut en partage son coeur, avec
une somme considérable; et le curé Narcisse Beaubien, de St-Pierre, eut la
balance. Elle laissa dans la misère son vieux père, le notaire Louis Benjamin
DeLagrave, chargé d'une famille encore nombreuse.
A titre de legs particulier, son jeune frère, Pierre Théodule DeLagrave,
héritait d'un livre de prières, qui ne devait lui être remis que le jour de son
ordination à la prêtrise. Il fut prêtre un jour, mais grâce à un dévouement
filial digne d'être cité en exemple et d'être conservé dans la généalogie de la
famille Lavergne.
Sa soeur, Caroline DeLagrave, afin d'aider à faire vivre son père, et de
faire instruire son jeune frère, se fit modiste. En 1872, elle avait le bonheur de voir Pierre-Théodule DeLagrave
promu au sacerdoce; puis elle le vit plus tard curé de sa paroisse natale; où
elle vint demeurer avec lui et lui fermait les yeux, dans son presbytère de
St-Pierre, le 16 septembre 1920.
Madame veuve Zéphirin Lecomte, autrefois de Stanfold, est aujourd'hui (1921) octogénaire et habite St-Pierre,
entourée du respect de tous.
Elle possédait alors ce livre de prières qui
représente pour elle tant de mérites. On peut y lire sur la première page d'une
écriture serrée et pointue «Mélanie A. D. Blais». La seigneuresse Lavergne
avait épousé, en secondes noces Godfroy Blais, seigneur de St-Pierre. Par ce
mariage l'ancienne seigneurie de St-Pierre avait retrouvé ses borne; premières.
A sa mort, cette seigneurie fut de nouveau divisée, mais grâce à la sage prévoyance
du seigneur Blais sa femme ne put dépouiller les enfants de ce dernier de la
seigneurie de St-Pierre.
V-Augustin, 1787-1819. Augustin Lavergne, fils de
Joseph-Marie et frère aîné de Jean-Baptiste, seigneur de la Frenaye, se noya
jeune encore, laissant une épouse, Marie Geneviève Talbot, qui mourut en 1863,
à St-François, où elle avait épousé M. Boissonnault.
Elle avait eu quatre enfants avec Augustin
Lavergne Prudent, Louis-David, Colbert et Édouard.
VI-Louis-David, 1810-1875. Naquit à St-Pierre et
fu élevé au manoir de son oncle, Jean-Baptiste Lavergne seigneur de la Frenaye.
En 1844, il épousait, à Québec Marie-Geneviève DeLagrave, fille de François
DeLagrave e de Geneviève Amiot, et petite-fille de Louis DeLagrave, h premier
DeLagrave canadien, marchand, à Québec, natif de la paroisse de St-Sauveur, de
la ville d'Argenton en Berry fils de Gabriel DeLagrave et Jeanne Legrand.
Le notaire Charles DeLagrave, de Québec, et
Charles DeLagrave, le grand libraire parisien, descendent de a Gabriel DeLagrave.
Louis-David Lavergne laissa St-Pierre, pour
Ste-Anne de-la-Pocatière, afin de faire instruire ses deux fils, Louis e
Joseph. II mourut le 13 février 1875, chez son fils Louis, à Princeville.
Madame Lavergne décéda à Arthabaska, le 3 mai 1886.
De ce mariage naquirent deux enfants, Louis et
Joseph. VII-Louis 1845-1931. L'honorable Louis Lavergne, notaire et sénateur, naquit à St-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, le 1er
décembre 1845, du mariage de
Louis-David Lavergne et de Dame Geneviève Delagrave. II fit ses éléments études
classiques chez les Pères Jésuites, de Montréal, puis son cours au collège de
Ste-Anne-de-la-Pocatière. Après avoir fait sa cléricature chez son cousin, Édouard
Lavergne, notaire à St-François-de-Montmagny, plus tard régistrateur de Montmagny,
et chez le notaire F. DeGuise, à Ste-Anne, il fut admis à la pratique, le 5 octobre 1871.
Le 7 novembre 1871, il s'établissait dans les Bois-Francs,
à Princeville. Il épousait, à Bécancour, le 27
juillet 1878, Marie-Mélanie
Landry, fille du docteur Elzéar Landry et de Mélanie Quesnel. Le docteur Landry
fut, avec sir William Hington, le premier médecin canadien, depuis la Cession,
qui alla étudier la médecine à Paris, il refusa de se rendre aux sollicitations
pressantes de sir William, qui l'invitait à s'établir à Montréal, préférant
vivre à la campagne, pour y élever sa nombreuse famille. Madame Louis Lavergne
décéda à Princeville, le 18 mars 1887, et fut inhumée à Bécancour.
L'honorable Louis Lavergne épousa, en secondés noces,,
Marie-Aurélie-Alida Pacaud, en 1888, veuve
de Philippe-Benjamin Dumoulin, avocat et protonotaire du district d'Arthabaska;
en secondes noces, de William Duval,
c.r., avocat. Elle était la fille de Charlotte de La Bruère et de
Philippe-Napoléon Pacaud, notaire, patriote de 1837, qui fut condamné à mort par les Anglais. Il ne dut sa vie
qu'aux prêtres du séminaire de St-Hyacinthe, qui le cachèrent jusqu'à la fin
des troubles.
Madame Lavergne décéda à Arthabaska, le 11 mars 1917, et fut inhumée à Québec. Louis Lavergne est décédé le 15 février 1921,
à Arthabaska, à l'âge de 85 ans.
De 1871 à 1887, M. Lavergne exerça sa profession à
Princeville. Il fut maire de ce village durant quelques années. En 1887, il vint demeurer à Arthabaska; il fut
maire de la ville d'Arthabaska, de 1907 à
1909; président de la chambre des notaires de 1903 à 1906.
Il fut élu député de Drummond-Arthabaska à la Chambre des Communes, le 13 novembre 1897, et réélu en 1900, 1904 et
1908. Durant ce temps il fut nommé
«whip» du parti libéral.
Le 13 octobre 1910, le gouvernement Laurier nommait M.
Louis Lavergne, sénateur pour la division de Kennebec, en remplacement de
l'honorable sir George Drummond.
L'honorable Louis Lavergne eut deux enfants de son mariage avec Eugénie
Landry: Louis-Renaud, avocat, ancien rédacteur et propriétaire de «L'Union des
Cantons de l'Est», conseil du roi et ancien bâtonnier du Barreau d'Arthabaska;
il avait épousé, en 1918, Mademoiselle
Thérèse Prendergast, fille de Joseph-Marie-Alfred Prendergast, en son vivant
avocat et gérant-général de la Banque d'Hochelaga, et de feu Dame Louise
Brault. M. Prendergast naquit le 31 octobre
1847 et décéda le 27 mai 1912.
En 1872, M. Prendergast fut
créé, par le pape Léon XIII, Chevalier de l'Ordre de St-Grégoire le Grand, pour
les services rendus à l'église.
En effet, M. Alfred Prendergast s'enrôla à
Rome, le 12 janvier 1867, dans la première compagnie du premier
bataillon de zouaves; -en juin 1868, il
fut promu caporal de la troisième compagnie, puis Major. Il resta- en service
jusqu'en 1870, c'est-à-dire jusqu'au
moment où l'église licencia ses bataillons volontaires.
Le sénateur Louis Lavergne a eu aussi une fille, Marie-Louise, épouse de
l'honorable Albert Malouin, juge de la cour Supérieure à Québec; ancien député
de Québec aux Communes.
Madame Renaud Lavergne est décédée le 4 décembre 1963, à l'âge de 80 ans;
Renaud Lavergne est décédé, le 6 février
1955, à l'âge de 85 ans. Tous deux sont inhumés à Arthabaska.
Madame juge Albert Malouin est décédée et
inhumée à Québec au début de 1969. '
VII-Joseph Lavergne,
frère du précédent, naquit aussi à St-Pierre, le 28 octobre 1847, du mariage de
Louis-David Lavergne et de Dame Marie-Geneviève Delagrave. Il fit ses études au
collège de Ste-Anne-de-la-Pocatière; sa cléricature chez son oncle, Joseph
DeLagrave, avocat à St-Jean d'Iberville. Reçu à la pratique en janvier 1872, i1
s'établit à Princeville, où il pratiqua jusqu'en 1874. II vint à Arthabaska,
sur la demande de sir Wilfrid Laurier, qui le prit en société comme avocat. En
1876, il épousait Mademoiselle Emélie Barthe, fille de Louise Adélaide Pacaud
et de Joseph-Guillaume Barthe, avocat, patriote de 1837, et auteur de nombreux
livres dont le plus célèbre, «Le Canada reconquis par la France», l'obligea à
s'exiler en France, durant quelques années. M. Joseph Lavergne fut maire
d'Arthabaskaville et préfet du comté d'Arthabaska, en 1887, puis député
fédéral, de 1887 à 1897, alors qu'il fut nommé juge de la cour Supérieure, pour
le district d'Ottawa, puis juge de la Cour du Banc du Roi, à Montréal.
L'honorable juge
Lavergne a eu, de son mariage avec Dame Emélie Barthe, deux enfants: Gabrielle,
mariée en premières noces à Auguste' Noël, avocat, et en secondes noces, au
docteur Vittorio Restaldi, de Montréal.
Armand Lavergne,
avocat et conseil du roi, ancien député de Montmagny à la Chambre des Communes,
chef nationaliste et tribun remarquable, qui épousa Mademoiselle Georgette Roy,
fille de feu Philippe Roy, avocat, de Montréal.
Armand Lavergne est décédé le 6 mars 1935, à
l'âge de 55 ans, et inhumé au cimetière d'Arthabaska.
Voici la descendance
des autres fils d'Augustin:
1-Prudent, eut deux
fils: Édouard, en son vivant notaire et régistrateur de Montmagny; Elzéar,
arpenteur.
Les enfants d'Édouard
sont Daniel, d'Ottawa; Réal, avocat, de Montmagny; Talma, gérant de Banque à
Lévis; et l'abbé Édouard-Valmore Lavergne, journaliste et prédicateur.
Les enfants d'Elzéar
sont Joseph, négociant, de Québec, et Omer, curé du Lac-des-Ecorces, diocèse de
Mont-Laurier.
2- Colbert eut un fils : Auguste
3- Édouard n’eut qu’une fille.
_________________________________________________________________________________________________________________
Église de St-Eusèbe de Stanfold (Tome 4,
p.317)
DESCRIPTION DE LA DECORATION INTERIEURE DE
L'EGLISE DE SAINT-EUSEBE DE STANFOLD FAITE PAR M.
L'ABBE C. F. BAILLARGEON, EN 1888.
LA bénédiction de la pierre angulaire
de cette église avait été faite le 25 septembre 1860 par M. l'abbé joseph Auclair, curé de Notre-Dame de Québec.
Le 4 février 1863,
M, l'abbé Antoine Racine, desservant de l'église de Saint-Jean-Baptiste de
Québec, en fit la bénédiction solennelle. Elle fut restaurée en 1887. Le 3 mars
1911, elle devint la proie des flammes.
HONOR, CUI HONOR
J'ai fait, ces jours-ci, une étude spéciale des
travaux de décoration que l'on vient de faire subir à la modeste église de
Stanfold, construction en pierres de 60 pieds de longueur. Elle a deux jubés,
dont l'un se projette dans la nef principale, et deux rangées doubles de
galeries, ce qui fait que l'ensemble des travaux exécutés ne peut se laisser
voir dans son éclat. MM. Beaulieu et Rochon, artistes-décorateurs de Montréal,
ont su, malgré ces difficultés, tirer un excellent parti de la position et ont fait ici une oeuvre d'art.
Ces messieurs, dont le talent d'exécution est
justement et depuis longtemps apprécié du public, se sont montrés à la hauteur
de leur réputation.
En dedans de l'arc doubleau qui sépare la
coquille du Rond-Point de la voûte principale est une colombe sculptée, en or,
qui représente le Saint-Esprit dirigeant sa lumière et sa vue sur l'Eglise
entière.
Au fond de la coque et sur le versant du
Rond-Point, sont peintes une tiare et les armes du Pape. Cette peinture domine
tous les autres tableaux, comme pour nous indiquer que la Papauté est élevée
au-dessus de toutes les couronnes de la terre et les tient soumises à sa
juridiction spirituelle.
Quatre tableaux, de grandeur naturelle, dont deux
à droite et "deux à gauche de la tiare, représentent les quatre
Evangélistes, Saint Mathieu, Saint Luc, Saint Jean et Saint Marc. Ils sont
peints sur un fond mosaïque d'or, et leurs riches couleurs sont très vives et
très accentuées, comme pour nous rappeler l'empressement des apôtres à obéir à
la voix de leur maître : " Allez et enseignez toutes les nations." La
couche d'or est disposée de manière à surprendre l'oeil le plus exercé ; on
dirait qu'ils reçoivent la lumière par de petites fenêtres pratiquées dans la
voûte du Rond-Point. Il n'en est rien cependant ; ça été le secret des
artistes. Au-dessus du maître-autel et dans deux des grands panneaux des côtés,
on a placé les trois anciens tableaux, celui de Saint Eusèbe, patron de la
paroisse, celui du Sacré-Coeur de jésus et celui du Coeur immaculé de Marie.
Ces toiles sortent de l'atelier de M. Eugène Hamel, peintre en renommée de
Québec.
La voûte de la nef est ornée de six grands
tableaux aux moulures et ornements à fresque.
Le premier représente Moïse, sur le Mont Sinai, s'entretenant avec Dieu
et recevant ses ordres sur la manière de préparer son peuple à la promulgation
des dix commandements, le tout suivant le dix-neuvième chapitre de l'Exode.
" Et le Seigneur descendit sur le Sinaï au sommet de la montagne, et
appela Moïse au lieu le plus élevé."
Le second représente Joseph, en Egypte, recevant Jacob, son père et sa
famille. On sait que Joseph, vendu par ses frères, devint intendant de la cour
de Pharaon, qu'en prévision des sept années de famine qui devaient désoler
le pays, i1 fit remplir de grains les vastes greniers du Roi, due Jacob y
envoya ses enfants chercher des provisions et qu'en cette circonstance Joseph
se fit i connaître à ses frères. II les
pourvut abondamment et leur donna ordre, avec l'agrément du Roi, d'aller
chercher Jacob et sa famille pour demeurer près de lui. L'Ecriture Sainte, au
quarante-sixième chapitre de la Genèse, dit : "Jacob envoya Judas devant
lui vers Joseph pour l'avertir de sa venue, afin qu'il vînt au-devant de lui en
terre de Jessen. Quand Jacob y fut arrivé, Joseph fit mettre les chevaux à son
charriot, et vint au même lieu au-devant de lui ; et le voyant, i1 se jeta à
son cou et l'embrassa en pleurant."La scène que ce tableau nous met devant
les yeux est parfaite et saisissante.»
Le troisième représente l'Archange Gabriel, le Prince de la Cour
Céleste, apparaissant à l'humble Vierge de Nazareth et lui annonçant qu'elle
concevra un fils à qui elle donnera le nom de Jésus, qu'il sera grand, qu'il
sera appelé le Fils du Très-Haut et qu'il régnera éternellement sur la maison
de Jacob. Ce tableau est bien réussi et il semble
entendre l'humble Marie s'écrier : " Comment cela se fera-t-il ?" et
l'ange de lui répondre : " Ne craignez rien."
Le quatrième représente Marthe et Marie recevant
dans leur maison le Sauveur des hommes. On lit, au dixième chapitre de L'Évangile de Saint-Luc : " Jésus, étant en chemin avec ses disciples, entra dans
un bourg ; et une femme, nommée Marthe, le reçoit en sa maison. Elle avait une
soeur nommée Marie, qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa
parole. Mais Marthe était fort occupée â préparer tout ce qu'il fallait ; et
elle, s'arrêtant devant jésus, lui dit : Seigneur, ne considérez-vous point que
ma soeur me laisse servir toute seule ? Dites-lui donc qu'elle m'aide. Mais le Seigneur lui répondit :
" Marthe, Marthe, vous vous empressez et vous vous troublez dans le soin
de beaucoup de chose. Cependant une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part,
qui ne lui sera point ôtée."
Le cinquième met en scène la Samaritaine allant
puiser de l'eau au puits de Jacob et y rencontrant Jésus. Notre Sauveur avait
fait un long voyage, il s'était même fatigué pour ménager à cette pécheresse
une entrevue qui devait avoir pour elle les plus heureuses conséquences. C'est
dans cette maison que Jésus l'instruisit, lui déclara qu'il était le Messie, et
lui adressa ces paroles à jamais mémorables : " Quiconque boit de l'eau du
puits de Jacob aura encore soif : au lieu que celui qui boira de l'eau que je
lui donnerai, n'aura jamais soif. Mais l'eau que je lui donnerai deviendra pour
lui une fontaine d'eau qui rejaillira jusque dans la vie éternelle."
Le sixième tableau représente
David jouant de la harpe devant Saül, selon le premier livre des Rois ; le
lendemain il arriva que l'esprit malin, envoyé de Dieu, se saisit encore de
Saül, et il était agité, au milieu de sa maison, comme un homme qui a perdu le
sens. David jouait de la harpe devant lui, comme il avait coutume de faire, et
Saül, ayant la lance à la main, la poussa contre David, avec dessein de le
percer d'outre en outre, mais David se détourna et évita le coup par deux fois.
Les côtés de la voûte sont ornés
de panneaux en couleur, dont les cintres se rapprochent délicatement des
tableaux et dont les bases sont assises près de la corniche. Les panneaux sont
décorés de divers emblêmes. Ces emblêmes sont la croix et la sainte face de
Notre-Seigneur avec les instruments de sa passion, un agneau immolé, le saint
scapulaire et le saint rosaire, deux croix rustiques entrelacées de fleurs,
habilement peintes, un calice, un ostensoir, des instruments de musique et deux
glaives près du dernier tableau.
Les teintes locales sont en argent
et le fond des panneaux ont trois teintes, lilas avec des bandes vert olive.
Les doubleaux et les panneaux des colonnes sont ornés de riches dessins en or
et en couleur, ainsi que les façades des galeries et des corniches: Les
encadrements des tableaux. sont en peinture à fresque avec lumière d'or.
Les trois autels neufs sont d'une riche
architecture, avec dorures or, mattes et brunes ; les colonnes sont décorées en
or avec de forts jolis dessins dans les panneaux et les gradins.
Les voûtes latérales sont peintes en panneaux aux
couleurs éclatantes et des plus variées. Les galeries les plus élevées sont
éclairées par des ouvertures ogivales pratiquées dans la voûte, qui
transmettent la lumière au moyen des châssis de la couverture de l'église. Ces
différents travaux, exécutés avec goût et talent, nous donnent la mesure de
l'aptitude de Messieurs Beaulieu et Rochon comme artistes-décorateurs, les
recommandent hautement â l'attention du clergé et du public, et leur méritent
un encouragement libéral.
B............. DE STANFOLD.
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Le Monument Leclerc, Pellerin, Béliveau (tome 4 , p.339
à 342)
Le cinq octobre 1924, Monsieur le Chanoine Sévérin Poirier, curé de
St-Eusèbe de Stanfold, bénissait, en présence de plus de cinq cents personnes,
une très belle croix, plantée sur le Numéro 6 A du douzième rang du canton de
Stanfold par Monsieur François-Xavier Lacroix, le propriétaire actuel de la
terre de Édouard Leclerc, le fondateur du canton de Stanfold. A sa mort, Édouard
Leclerc était possesseur des numéros 6
A et 5 F du douzième rang du canton de Stanfold. Les personnes qui assistaient
à cette pieuse et patriotique cérémonie étaient loin de penser que, deux, ans
après, surgirait au même endroit un magnifique monument, dédié à la
mémoire des trois premiers colons du canton de Stanfold : Édouard Leclerc,
François Pellerin et Narcisse Béliveau. Dans le cours de l'été 1925, année du
premier centenaire de la fondation des Bois-Francs, M. l'abbé Alphée Joseph
Leclerc (1.), curé de Ste-Marie de Manchester, New-
(1) Monsieur l'abbé Alphée Joseph Leclerc est le petit-fils de Édouard Leclerc, le
fondateur du canton de Stanfold. L'ABBE ALPHEE JOSEPH LECLERC L'Abbé Alphée Joseph Leclerc, né à
Ste-Sophie de Mégantic, le 30 décembre 1876, d'Édouard Leclerc, cultivateur,
et de Léontine Robitaille fit ses
études à Nicolet et au grand séminaire de
Montréal ; fut ordonné Manchester Anna le
New-Hampshire, par Mgr Bradley, lu 29 juin 1902. Vicaire
à St-Georges de Manchester, 1902
à 1914 ; curé fondateur de la paroisse St-Jean-Baptiste
de Manchester. N. H., en 1914 ; curé de
SteMarie de Manchester depuis décembre
1921. ÉDOUARD LECLERC (fils) Édouard Leclerc, fils de. Édouard Leclerc. et de
Olive Poisson,
naquit A St-Eusèbe de Stanfold,
le 28 aout 1852, et fut baptisé à Saint-Norbert
d’Arthabaska, le 29 du même mois. Il
se maria à Ste-Sophie de. Mégantic,
le 22 février 1876, à Léontine Robitaille, fille de François Robitaille
et de Ozélie Moreau. Édouard Leclerc est décédé en juillet
1878, à Westbrook, Maine (Suite de la généalogie Leclerc. voir tome 2 page 266). |
Hampshire, fit préparer
un superbe bronze commémoratif, mesurant trente-trois pouces de largeur, sur quarante de hauteur ; sur ce bronze est gravé une
inscription vraiment idéale, parfaitement historique et très bien appropriée à l'événement qu'il s'agit de commémorer. Les haches que nous voyons au haut de l'inscription nous rappelant
les labeurs du bûcheron. La hache, c'est l'instrument absolument nécessaire au
défricheur : sans elle comment pourrait-il abattre les arbres géants qui se
dressent devant lui? comment les faire disparaître pour permettre à 1a charrue d'ouvrir les sillons dans lesquels le semeur jettera à pleines mains le blé destiné à nourrir la famille ?
Au bas de l'inscription figurent deux grosses gerbes de blé. C'est le signe de la récompense. La saison de la moisson, c'est, pour l'agriculteur,
le temps de l'allégresse.
A l'automne les gerbes de blé, nombreuses et pesantes, sont entassées dans la grange, en attendant le
battage, qui ne tardera pas. Un jour, le père de famille, joyeux et triomphant, porte au moulin une charge de son beau blé qu'il a semé et moissonné lui-même, Aussitôt la farine arrivée, la mère prépare la quantité de pâte nécessaire pour faire une bonne cuite dans le four bâti à quelques pas
de
la maison. On se
régalera en mangeant du bon pain de chez-nous.
Voilà bien les pensées
que nous inspirent les tout naturellement les haches et les gerbes qui ornent
le bronze Leclerc, Pellerin, Béliveau.
Soulignons que M.
l’abbé G.-A. De Jordy , auteur de l’inscription gravée sur ce bronze est un
connaisseur, un expert.
Ce bronze commémoratif
a couté 375 piastres. Le bloc de granit dans lequel sera enchassé ce bronze
mesure trois pieds et demi de largeur, vingt pouces d’épaisseur, et six pieds
quatre pouces de hauteur. Il
reposera sur une base
en pierre d’environ deux pieds de hauteur. M. Z. Ducharme, marbrier, de
Victoriaville, est l’entrepreneur de ce monument. Le coût des travaux sera
d’environ quatre cent piastres. M. François-Xavier Lacroix, propriétaire actuel
de la terre de Édouard Leclerc, a bien voulu donner gratuitement le terrain et
Messieurs les membres du Conseil du canton de Stanfold se sont chargé bien
volontiers de la garde et de l’entretien de ce monument (1). Remerciements et
féliciations à qui de droit. M.. l’abbé A.L. Leclerc aurait bien désiré faire
installer le monument des trois premiers colons de Stanfold
(1)
Province de Québec,
Municipalité du Canton de Stanfold. A une assemblée régulière du conseil municipal tenue
le 12 avril 1926, au lieu et heure ordinaires des sessions du conseil et à
laquelle étaient présents M. le maire Ludger Pellerin et Mm. les conseillers
Napoléon Boisvert, Zéphirin St-Cyr, Alfred Roux, Achille Carignan et Firmin
Lecomte formant un quorum, la résolution suivante a été adoptée : « Lue une lettre de M. l’abbé Charles-Édouard
Mailhot, auteur de |
à l’automne de 1925,
mais certaines circonstances l’en empêchèrent. Le dévoilement du bronze
commémoratif aura lieu en juin ou juillet 1926. A cette occasion, il y aura
sans aucun doute de grandes démonstrations religieuses et patriotiques. Toute
la population de Saint-Eusèbe de Stanfold est dans la jubilation et apprécie
bien hautement le magnifique don que M. l’abbé A.J. Leclerc vient de leur
faire.
Elle n’a qu’une voix
pour lui dire un cordial merci. En effet, le geste de piété filiale que M.
l’abbé A.j » Leclerc vient d’accomplir commande notre admiration et notre
plus sincère reconnaissance. En outre de sa grande générosité, il a fait preuve
d’un grand patriotisme, d’amour véritable et d’une admiration réelle pour la
classe agricole. Il m’est bien agréable, en finissant ce quatrième volume de
pouvoir annoncer deux nouvelle qui réjouiront certainement tous ceux qui
s’intéressent à l’honneur, à la gloire des Bois-Francs.
‘Histoire des
Bois-Francs’, au sujet d’un monument à Édouard Leclerc, premier colon et
fondateur de la paroisse de Stanfold, que projette d’ériger M. l’abbé
Leclerc, un de ses petits-fils, demeurant à Mahcnester, USA, sur la terre ou
ce colon est venu s’établir et qu’il a défrichée dans le 12e rang
de Stanfold. M. l’abbé Mailhot, se faisant l’interprète de ce M. Leclerc,
demande au conseil d’accepter la cession d’une partie de terrain de M.
François-Xavier Lacroix, le propriétaire actuel de cette terre, pour placer
ce monument et aussi de se charger de l’entretien de ce monument et de la
clôture. » Sur ce, il est proposé
par le conseiller Napoléon Boisvert, secondé par le conseiller Zéphirin
St-Cyr, que se conseil se rende avec plaisir à la demande de M. l’abbé
Mailhot, et en conséquence décide d’accepter la cession que lui fera M.
François-Xavier Lacroix, d’une partie de terrain d’environ 12 pieds carrés,
sur le lot no. 6a du 12e rang de Stanfold de cette paroisse,
offert par un de ses peits-fils, l’abbé Leclerc, curé à Manchester, et aussi s’engage à clore ce
terrain et toujours l’entretenir convenablement. Adopté. Vraie copie de la
résolution ci-dessus, extraite du livre des délibérations du canton de
Stanfold. Princeville, ce 14
avril 1926. B. Feeney, Sec.-Très. |